Mieux vaut prévenir que guérir, s’est dit le Conseil national en juin en décidant de prolonger le programme d'aide aux entreprises en difficulté. Jusqu’à la fin de l’année, les PME particulièrement touchées par la pandémie pourront recevoir une aide financière destinée à compenser les pertes liées à la pandémie. Et ce malgré l’amélioration actuelle de la situation économique et l’assouplissement des mesures sanitaires. Une décision tout à faire conforme à celle du Conseil fédéral, qui a accordé aux cantons 300 millions de francs supplémentaires pour soutenir les entreprises gravement touchées.
Mais les cantons tiennent à garder leur autonomie dans la lutte pour la reprise économique. Une certaine cacophonie s'instaure, la même qui caractérisait déjà le programme d’aide lors de son introduction: des cantons maintiennent l'aide aux entreprises en difficulté alors que d’autres l'ont levée.
Des délais différents selon les cantons
Zurich, par exemple, continue d’aider les entreprises dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas cinq millions de francs, si celles-ci ont déjà présenté une demande par le passé. En Argovie, les autorités acceptent encore les demandes jusqu’à la fin du mois, alors qu'à Saint-Gall, le délai est fixé au 31 octobre.
Berne, en revanche, a déjà mis fin à son programme de rigueur. Le Conseil d’Etat bernois avait déclaré qu'il y mettrait fin au mois d’août, «étant donné que les principales restrictions liées à la pandémie ont été levées à la fin du mois de juin et que les entreprises pouvaient demander le montant maximal en vertu du droit fédéral jusqu’à la fin du mois d’août», explique la Direction bernoise de l’économie.
De nombreuses entreprises bernoises ont donc demandé une compensation. Au mois de juillet, 10 à 20 demandes étaient reçues chaque jour. Au mois d’août, ce nombre a considérablement augmenté, selon la Direction économique, sans que que le délai ne soit prolongé.
«Un manque de volonté dramatique»
La conseillère nationale verte Reguly Rytz critique vivement cette disparité entre les cantons. Selon elle, le Conseil fédéral leur avait justement donné de nouveaux instruments pour sauver ces entreprises de la faillite. «Un tel manque de volonté cantonal à l’égard des PME est dramatique, dit-elle. De nombreux cantons les laissent simplement en plan.»
Elle rajoute que «ni le Conseil fédéral, ni le Parlement n’ont contesté l’application du versement des aides par les cantons» et que «les fonds alloués sont pourtant loin d’être épuisés».
Les marchés de Noël en question
Les secteurs économiques tels que l’évènementiel et les forains sont toujours en difficulté et il y a peu de chances que cela change à court terme. Outre-Sarine, des évènements tels que la fête foraine «Kilbi» d’Olten ou la Foire d’automne de Lucerne ont été annulés.
«Cela ne s’annonce pas bien», déclare Peter Howald, président de l’Association suisse des forains. «Il n’y a pas que les fêtes foraines qui risquent d’être annulées. Plusieurs organisations de marchés de Noël sont déjà remises en question.»
Danger pour les forains
Les associations de forains, des marchés et des cirques ont déjà écrit au Conseil fédéral cette semaine. «Nous sommes confrontés à des annulations quotidiennes d’évènements jusqu’à fin 2021. Ce sont nos emplois. Nous ne pouvons pas survivre comme ça.»
Le Conseil fédéral doit œuvrer à l’élaboration de directives uniformes pour l’approbation des manifestations dans les cantons. En outre, les soutiens étatiques devraient être prolongé jusqu’à fin avril 2022.
L’extension de ces soutiens a été précisément décidée pour venir en aide aux forains, selon Regula Rytz. «Ils n’ont pas été en mesure de générer des revenus depuis mars 2020. De nombreuses entreprises familiales qui portent des traditions parfois séculaires sont en danger», continue-t-elle.
Elle soulèvera cette question lors de la prochaine réunion de la Commission économique du Conseil national. «Il est clair que sans soutien, de nombreuses exploitations familiales vont disparaître en 2022», affirme-t-elle.