Dans le domaine skiable de Sattel-Hochstuckli, les remontées mécaniques sont à l’arrêt. Situé à la frontière entre les cantons de Zoug et de Schwytz, il est le plus touché par le manque de neige, parmi ceux visités par Blick. Seule la télécabine tournante, qui relie la vallée à 1600 mètres d’altitude, tourne à plein régime. Sur la pente réservée aux enfants, une unique bande de neige blanche indique que nous sommes bien en hiver. Sinon, la région est verte.
Pourtant, cette station de ski de taille moyenne, avec vue sur le lac d’Aegeri et le Grand Mythen, bruisse d'une activité étonnante. Les restaurants sont pleins, de nombreuses personnes flânent sur les sentiers de randonnée. Comment la destination autour de la petite montagne a-t-elle réussi cela? N’y a-t-il plus besoin de neige en hiver?
Sur la saison hivernale
L’été est roi
«Nous avons beaucoup à offrir, mais nous ne pouvons pas encore totalement nous passer de la neige», déclare le vétéran du tourisme Pirmin Moser, présent depuis longtemps au sein de l’entreprise Sattel-Hochstuckli AG. Aujourd’hui, ce retraité a toujours une voix importante en tant que membre du conseil d’administration.
«Il y a 30 ans, après les années de faible enneigement de la fin des années 1980, nous avions déjà décidé de changer de cap et de passer à une exploitation à l’année, en mettant l’accent sur l’été. Depuis dix ans, nous faisons davantage de chiffre d’affaires pendant les périodes sans neige. Mais c’est toujours une bonne journée de ski qui apporte le plus de clients payants.»
Trop de pluie
Une montagne sans neige fait donc mal. «En décembre, nous avons réussi à créer de bonnes pistes dans le secteur de l’Engelstock ainsi que sur notre terre d’apprentissage et de divertissement de Rondo, importante pour les skieurs débutants. Cela nous a permis d’ouvrir la saison de ski de manière limitée. Mais entre-temps, il a trop plu. Et notre investissement a littéralement dévalé la montagne», déclare Simon Bissig, directeur de Sattel-Hochstuckli AG.
Même si le domaine dispose d’une installation d’enneigement moderne – quand il fait trop chaud et trop humide, il n’est pas possible de produire de neige artificielle. Résultat: au lieu d’assurer de belles pistes blanches, les employés travaillent désormais sur la piste de luge d’été. Avec des brosses et des chiffons, ils sèchent le canal en acier inoxydable pour que les freins fonctionnent en toute sécurité. Un point suspendu et des chemins de randonnée hivernaux font également partie des attractions.
«Ici, nous sommes le plus gros employeur, avec 80 personnes travaillant pour nous, souligne Pirmin Moser. La situation est similaire à celle d’il y a 30 ans: nous devons trouver, à nouveau, comment assurer notre existence en tant que station touristique.»
Ça va mieux à plus haute altitude
La station de sports d’hiver de Flumserberg, à Saint-Gall, a été moins durement touchée. Quelque 22 des 65 kilomètres de pistes sont actuellement ouverts.
La différence avec Sattel-Hochstuckli? Au lieu de 1600 mètres, son concurrent saint-gallois culmine à 2222 mètres d’altitude. «Les conditions sont très bonnes, affirme Katja Wildhaber, membre de la direction des remontées mécaniques. Nous verrons comment cela évolue.»
Sur les hauteurs du lac de Walenstadt, on a aussi déjà prévu des alternatives aux kilomètres de pistes inutilisables. «On peut y faire de l’escalade, du Pilates et du yoga à 2000 mètres. Il y a aussi un château gonflable. Et tout est compris dans le forfait journalier», explique Katja Wildhaber.
Ceux qui trouvent les pistes de neige artificielle trop cahoteuses peuvent profiter d’une offre supplémentaire: «jusqu’au 1er janvier, nous proposons notre trekking avec des alpagas et des chèvres», explique Sepp Beeler, paysan et spécialiste de l’enneigement.
Les restaurants bien fréquentés
Maik Kunz, responsable de la restauration dans la commune saint-galloise de Flums, garde lui aussi espoir, malgré la faible quantité de neige: «134 collaborateurs de quatorze pays ont fait le voyage. Les restaurants sont bien fréquentés. S’il fait beau maintenant, les affaires vont marcher.»
Pour ce commerçant, les températures douces peuvent aussi avoir un côté positif: «Si les gens skient moins, ils dépenseront peut-être plus d’argent dans les restaurants.» Les domaines skiables situés à haute altitude se montrent, quant à eux, presque insouciants. Ils peuvent presque profiter du manque de neige des régions de ski situées à plus basse altitude.
À Arosa, le manque de neige n'est «pas encore un problème»
Dans les Grisons, à Arosa, le plaisir commence à 1800 mètres. «Nous sommes encore un paradis hivernal. Tout est blanc, déclare le directeur du tourisme, Roland Schuler. Nous ressentons déjà le manque de neige, mais ce n’est pas encore un problème. Les chiffres des réservations sont très bons».
Stefan Reichmuth, des remontées mécaniques d’Arosa-Lenzerheide, souligne aussi la grande importance de l’enneigement artificiel: «On ne peut plus s’en passer. C’est le seul moyen pour nous d’avoir une planification sûre, d’ouvrir le domaine à temps et de faire durer la saison jusqu’à la mi-avril.»
Mais un petit nuage plane sur l’esprit de Stefan Reichmuth, lorsqu’il parle de la luge: «La piste est malheureusement encore fermée, il n’y a pas assez de neige.» Même en tant qu’habitant d’Arosa, il souhaite maintenant voir davantage de flocons.