Un plein soleil et aucun nuage à l'horizon, San Bernardino se montre sous son plus beau jour, et avec de la neige et un paysage à couper le souffle. Satisfait, Stefano Artioli se promène dans la rue principale du village. «Ciao Stefano», lance quelqu'un depuis un pick-up qui passe. Une dame lui fait signe. L'entrepreneur tessinois lui rend son salut amical. Une poignée de main par-ci, un bavardage par-là. Depuis quatre semaines, tout le monde dans cette localité du sud des Grisons connaît l'entrepreneur de Lugano.
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Le 25 novembre 2022, Stefano Artioli était l'hôte d'une soirée d'information dans la maison communale de Moesano pour présenter son ambitieux projet. «J'espérais qu'il y aurait quelques personnes. En fait, la salle était pleine.» Le Tessinois s'attendait à un certain scepticisme, mais sa vision a été globalement bien accueillie. Car depuis dix ans, les remontées mécaniques de San Bernardino sont à l'arrêt, et avec elles toute l'activité touristique.
Du grand hôtel au paradis des sports d'hiver
Il y a un an, Stefano Artioli avait acheté pour 21 millions de francs le Grand Hôtel de Locarno, chargé d'histoire. Le nouveau roi de l'immobilier du sud de la Suisse s'attaque aujourd'hui au prochain méga-projet. Au cours des trois prochaines années, il veut faire de la station de ski en difficulté, située sur l'A13, un paradis des sports d'hiver. Les hôtels historiques abandonnés doivent briller d'un nouvel éclat, de nouveaux hébergements doivent être construits, le téléphérique et les téléskis rénovés doivent à nouveau amener mille clients par jour sur les pistes. Stefano Artioli promet à San Bernardino 1500 lits chauds et 900 nouvelles places de parking dans trois parkings souterrains.
Samih Sawiris a montré l'exemple à Andermatt. En 15 ans, son entreprise «Andermatt Swiss Alps» a transformé ce coin gelé du Gothard, redouté par de nombreuses ex-recrues militaires suisses, en une station de sports d'hiver mondaine. Stefano Artioli appelle lui aussi sa nouvelle entreprise «San Bernardino Swiss Alps» dans un style très cérémonial. Mais lorsqu'on le compare au travail de pionnier du milliardaire égyptien, le Tessinois se montre modeste. «Notre projet est beaucoup plus petit. Il coûtera entre 200 et 300 millions de francs. Un milliard et demi a été injecté à Andermatt.»
Préserver le caractère montagnard et la tradition
En se promenant à San Bernardino, on se rend toutefois vite compte que Stefano Artioli n'est pas uniquement là pour l'argent. Il veut faire les choses bien. Il a acheté presque toutes les maisons historiques de la place. L'ancien hôtel Ravizza, le Brocco e Posta, l'hôtel Suisse, le Central et la Casa Montana. Il veut encore acquérir les autres villas et en faire des auberges de luxe de trois ou quatre étoiles. Le caractère montagnard doit être préservé et la tradition entretenue. «Oui à la qualité, non au chic», déclare le sexagénaire.
Il montre l'ancienne usine d'embouteillage d'eau minérale: «Nous allons y construire un centre de bien-être avec des bains thermaux sur un terrain de 18 000 mètres carrés», explique le nouveau roi de l'immobilier. Ce sera probablement l'un des plus grands hôtels de cure de Suisse. Puis il pointe du doigt le vallon à droite de la route. «Il y aura un centre sportif couvert, avec une piscine olympique, une patinoire et des courts de tennis.» Autre projet d'avenir: une centrale de chauffage à distance au bois pour toute la localité.
Recherche d'autres partenaires financiers
Des appartements en copropriété et des «Smart Alpine Apartments», gérés par une application smartphone, seront construits sur le versant. L'entrepreneur fait fortune depuis quelques années avec des «City-Pop-Apartments» numérisés dans toute l'Europe. Les nouveaux «Mountain-Pop-Apartments» de San Bernardino viennent élargir la gamme de produits.
Stefano Artioli a donc aussi racheté les installations de ski. Il veut les agrandir et rénover les cabines du téléphérique. Il prévoit de construire une route reliant le centre du village aux pistes situées en altitude. Il ne veut pas le faire tout seul. Le financement de base de ce grand projet est certes assuré, «mais il faut encore de l'argent de l'extérieur»: «Je cherche encore des partenaires et j'aimerais proposer des parts aux citoyens et aux communes de la vallée, explique Stefano Artioli. En échange de quoi ils obtiendront des rabais sur les remontées mécaniques et d'autres installations.»
Un projet qui crée 400 nouveaux emplois
Stefano Artioli trouve l'alliance financière appropriée. Car il prédit que «grâce à notre projet, les prix de l'immobilier vont augmenter d'au moins 3%. En outre, plus de 400 nouveaux emplois seront créés à San Bernardino. Cela apportera des recettes fiscales supplémentaire.» L'entrepreneur souhaite ouvrir les pistes et les premiers hôtels dès Noël 2023. D'ici 2025, le «Little Andermatt» de Stefano Artioli devrait être prêt, «du moins la majeure partie», dit le visionnaire de Lugano – si des oppositions ne bloquent pas les demandes de permis de construire à venir.
Le projet ne date toutefois pas d'hier. Lorsque les entreprises de ski ont fermé en 2012, la commune s'est mise à la recherche de nouveaux investisseurs. «Ils ont aussi frappé à ma porte, se souvient Stefano Artioli. Mais à l'époque, je trouvais que ce n'était pas pour nous.» La raison: pas de plan de zone clair. Celui-ci est arrivé en 2021, et c'est là que le roi de l'immobilier a sauté sur l'occasion. «San Bernardino a tout ce qu'il faut pour être une destination de ski de premier plan», dit-il en énumérant: la proximité du Tessin, de la Suisse centrale et de la Lombardie, le raccordement direct à l'A13, la garantie d'avoir de la neige, de superbes pistes, beaucoup de nature et un endroit magnifique. Il ne manquait qu'un investisseur et un projet de 360 degrés», ajoute-t-il.