Accusé de gonfler les prix des offres
Le fondateur de Comparis risque d'aller en prison

Les autorités veulent réguler le comparateur en ligne le plus consulté de Suisse: Comparis. Son fondateur, Richard Eisler, estime désormais que l'œuvre de sa vie est en danger. Si nécessaire, il ira jusqu'au Tribunal administratif fédéral.
Publié: 18.07.2022 à 18:22 heures
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Richard Eisler a fondé le service de comparaison d'offres Comparis il y a un quart de siècle.
Photo: Blick
Peter Aeschlimann

C’est le site de référence depuis 20 ans pour comparer les offres d’assurance. La plateforme Comparis permet de comparer en ligne les prix des assurances maladie, mais aussi automobiles par exemple. Le site enregistre aujourd’hui 80 millions de visites annuelles et fait partie des pages web les plus populaires en Suisse.

Cet automne, le nombre d’utilisateurs devrait à nouveau grimper en flèche, car les primes d’assurance maladie risquent encore d’augmenter. Or l’avenir ne s’annonce pas tout rose pour Comparis: un conflit sur plusieurs fronts menace même la plateforme. Son issue semble incertaine.

Litige sur le modèle économique

Le fondateur, Richard Eisler, affirme qu’il y a une attaque gratuite contre son modèle commercial éprouvé et entièrement transparent: «C’est vraiment très frustrant.» Que s’est-il passé?

Il y a d’abord le conflit avec l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), qui couve depuis plus d’un an. Au cœur du problème: les comparaisons d’assurance, très populaires. Chaque fois que les utilisateurs demandent une offre, la plateforme gagne de l’argent. Le fondateur de Comparis appelle cela une «indemnisation pour la transmission d’une adresse». La Finma y voit une commission d’intermédiation, comme celle que perçoivent les courtiers.

L’autorité exige maintenant que Comparis s’enregistre comme intermédiaire d’assurance car le service de comparaison exercerait actuellement son activité sans autorisation. Pour Richard Eisler, il n’en est pas question. Il veut se battre pour l’œuvre de sa vie et est prêt à en assumer les éventuelles conséquences négatives, se défend-il dans le SonntagsBlick. Selon lui, il risquerait des amendes allant jusqu’à un demi-million de francs, voire une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans.

Seul dans la bataille

Pour protéger ses collègues des foudres de la justice en cas de défaite, Richard Eisler leur a demandé cet été de se retirer du conseil d’administration. Le capitaine part donc seul au front. S’il le faut, assure-t-il, il portera l’affaire devant le Tribunal administratif fédéral.

La Finma reste silencieuse sur l’affaire. «Comme d’habitude, nous ne nous exprimons pas sur les détails de notre activité de surveillance», déclare son porte-parole, Vinzenz Mathys.

En principe, les intermédiaires d’assurance qui ne sont pas liés juridiquement ou économiquement à une entreprise d’assurance ne peuvent commencer leur activité qu’après avoir été enregistrés avec succès. La manière dont les intermédiaires d’assurance fournissent leurs services à la clientèle n’a aucune importance. Vinzenz Mathys poursuit: «Ce qui est déterminant, c’est le modèle commercial poursuivi.»

Bas prix grâce à la comparaison

Richard Eisler s’oppose à cette réglementation supplémentaire. Il s’appuie sur un avis de droit qui a conclu que Comparis n’était pas un intermédiaire d’assurance. Le fondateur est convaincu que les consommateurs économisent chaque année plusieurs milliards de francs grâce à son site: «Lorsque les gens comparent les primes, cela maintient les prix bas, car les prestataires sont contraints de faire des calculs pointus.» S’il s’obstinait maintenant, il y aurait un réel danger que la Finma intervienne activement dans la présentation des comparaisons. Richard Eisler est inquiet: «Cela mettrait en danger l’existence de Comparis.»

La querelle avec la Finma n’est toutefois qu’une des raisons de la colère d’Eisler. Il existe aussi un deuxième litige. L’adversaire dans cette affaire est Stefan Meierhans, Surveillant officiel des prix de la Confédération. Il soupçonne Comparis d’avoir augmenté de manière abusive les prix des demandes d’offres pour les assurances auto et ménage.

Les assureurs font appel au Surveillant des prix

Le 23 juin, une décision est arrivée au siège de Comparis. Dans celle-ci, le Surveillant des prix demande les rapports de gestion ainsi que l’ensemble des informations sur le chiffre d’affaires, les coûts et les marges. «Comparis peut soit fournir les données et documents demandés, soit contester la décision auprès du Tribunal administratif fédéral», explique Beat Niederhauser, l’adjoint de Stefan Meierhans.

Richard Eisler veut transmettre à ce dernier les données demandées, «dans la mesure où nous les avons». Mais il ne comprend pas «l’excitation suscitée par les adaptations de prix». Après tout, c’est la première fois depuis dix ans que les prix sont adaptés à cause de l’augmentation des coûts. «Que le Surveillant des prix me montre une entreprise de la branche financière ou des assurances qui n’a jamais adapté ses prix au cours des dix dernières années», soupire Richard Eisler.

De toute façon, rien ne change pour les clients, affirme-t-il encore. Les personnes à la recherche de renseignements reçoivent toujours les offres gratuitement.

Selon le fondateur de Comparis, les plaintes concernant les hausses de prix proviennent des assureurs: «En fait, j’ai toujours pensé que le Surveillant des prix protégeait les consommatrices et les consommateurs contre les prix excessifs – et non pas les assurances, qui pèsent des milliards, contre un service de comparaison.»

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