Paul Flükiger, retraité depuis peu, a réalisé que sa maison de retraite dans la commune d'Emmen à Lucerne lui prélevait de l'argent pour tout et pour rien. C'est sa crème médicale pour la peau qui lui a permis de se rendre compte du problème. «La lotion m'a été facturée quatre fois par an, mais je n'ai reçu qu'un seul flacon.» Pendant longtemps, il n'a pas remarqué le souci. Mais c'est en examinant attentivement ses décomptes qu'il a constaté qu'il n'avait jamais reçu plusieurs médicaments qui lui avaient pourtant été facturés. Lorsque l'homme les a réclamés, la maison de retraite a dû lui rembourser 417,65 francs au total, comme a pu le constater le «Beobachter».
«Il ne s'agit pas seulement de moi», explique Paul Flükiger. Selon lui, tout le monde dans l'établissement utilise par exemple la même crème pour la peau. «Les personnes de 90 ans ne peuvent malheureusement plus se défendre. Personne ne contrôle probablement leur facture mensuelle.» L'homme n'a que 69 ans et a passé quatre ans dans une maison de retraite avec des soins renforcés en raison d'une maladie. Coût: 6054 francs par mois. A présent, il vit à nouveau de manière autonome dans un studio.
La maison de retraite affirme avoir «commis une erreur» lors de la facturation des médicaments de Paul Flükiger. Quand on demande à la directrice du home Nadja Rohrer si cela est également arrivé dans d'autres cas, elle répond: «Théoriquement, nous partons du principe que les facturations sont correctes.» Toutes les factures sont normalement vérifiées deux fois avant d'être envoyées.
7 francs par mois pour utiliser un frigo
Paul Flükiger critique également le règlement intérieur de la maison de retraite. C'est à cause de celui-ci qu'il s'est disputé avec la direction de l'établissement. Les règles stipulent que les machines à café et les réfrigérateurs doivent être «loués» auprès du home. Les appareils privés ne sont pas autorisés dans les chambres.
Une machine Nespresso Pixie doit ainsi être louée pour 5,50 francs par mois, nettoyage et entretien compris. Une personne qui reste trois ans dans le foyer paie donc 198 francs pour la machine à café. C'est presque le double du prix d'achat. Dans le commerce en ligne, cette marque coûte 102 francs.
La directrice de la maison de retraite, Nadja Rohrer, justifie cette mesure par la loi. Selon elle, la maison de retraite est «tenue d'entretenir régulièrement tous les appareils électroniques». L'Inspection fédérale des installations à courant fort écrit toutefois qu'elle ne «comprend pas, sur la base de la situation juridique connue, les raisons de l'interdiction des réfrigérateurs ou des machines à café privés».
Après de longues discussions, Paul Flükiger a été autorisé à avoir un réfrigérateur privé dans sa chambre. Toutefois, on lui a facturé à tort 7 francs pendant trois mois – avant de le rembourser.
750'000 francs de bénéfices distribués à la commune
Malgré l'opposition de l'Inspection fédérale, Nadja Rohrer maintient l'interdiction des appareils privés dans les chambres. Cela permettrait de minimiser les risques d'incendie. En outre, la location des appareils ne permettrait pas à la maison de retraite d'Emmen de réaliser un bénéfice «important». Cela ne serait d'ailleurs pas autorisé, car dans un régime de location forcée, c'est le Surveillant des prix qui est compétent, selon elle. Celui-ci peut empêcher des bénéfices monopolistiques excessifs, comme le confirme une porte-parole. Les personnes concernées pourraient donc se plaindre auprès du Surveillant des prix, mais elles devraient d'abord s'adresser à l'office de médiation compétent pour la vieillesse.
Les centres pour personnes âgées d'Emmen se portent bien financièrement. L'année dernière, ils ont réalisé un bénéfice de 1,1 million de francs. Ils en ont versé 750'000 francs à la commune sous forme de dividendes. Nadja Rohrer rejette le reproche selon lequel son home facturerait excessivement les personnes âgées. Les taxes de soins et de séjour seraient aussi élevées que la moyenne dans les communes d'agglomération du canton de Lucerne, selon elle. La comptabilité serait en outre contrôlée chaque année par le canton et l'organe de révision.
