Avec 54,6% des votes, les citoyens suisses ont rejeté clairement l'aide aux médias. De quoi apporter de l'eau au moulin des détracteurs de la SSR. Dimanche, le conseiller national UDC Gregor Rutz a confirmé que les milieux proches de l'UDC élaboraient une initiative visant à réduire de moitié la redevance Serafe.
Les conséquences pour la SSR seraient dévastatrices. Les auteurs de l'initiative veulent lui arracher jusqu'à 500 millions de francs. Aujourd'hui, la SSR reçoit environ 1,2 milliard de la redevance - il ne lui resterait plus que 700 millions.
Préparatifs en coulisses
Le texte de l'initiative n'est pas encore disponible et l'initiative populaire ne devrait être lancée que cet été. Mais en coulisses, les initiateurs, autour du conseiller national UDC Thomas Matter et du directeur de l'Union suisse des arts et métiers Hans-Ulrich Bigler, rassemblent et planifient. L'objectif est un comité de soutien interpartis, raison pour laquelle ils s'adressent à de nombreuses politiciens PLR.
«La SSR est nécessaire. Mais elle fait trop de choses dans des domaines où des privés sont actifs», justifie Gregor Rutz. À quelles activités la SSR pourraient devoir renoncer à l'avenir? Les initiateurs ne tranchent pas.
Le initiants ne veulent pas nuire aux stations de radio et de télévision privées, qui reçoivent également 81 millions de francs de fonds Serafe, précisent-ils. Seule la SSR est dans leur viseur.
Scepticisme de tous bords
Dimanche, la ministre de la Communication Simonetta Sommaruga n'a pas souhaité s'exprimer sur cette prochaine attaque potentielle contre la SSR. L'initiative n'a de toute façon aucune chance auprès de la gauche et des verts.
Pour le président du PLR Thierry Burkart, ce n'est pas la bonne voie: «Nous devrions d'abord discuter de la mission de la SSR - et ensuite de l'argent nécessaire pour la remplir.» Au centre, Gerhard Pfister rejette cette «initiative radicale». «Elle ne servirait qu'à affaiblir la SSR. Les prestataires privés n'y gagneraient rien», estime.
Le soutien de l'Etat aux petites et moyens médias reste d'actualité, même après les votations de dimanche. «Ils n'ont aucun futur sinon, a averti la coprésidente du PS Mattea Meyer. Mais nous voulons que la diversité des médias soit maintenue.»
Qui passera à la caisse?
Dimanche, des voix se sont donc élevées pour appeler à aller de l'avant sur les points non contestés de la loi sur les médias. À l'instar du conseiller national du Centre Martin Candinas qui craint que si les discussions ne reprennent pas rapidement, «nous ne trouverons probablement pas de nouvelle solution de sitôt». Du côté des Vert'libéraux, on demande que la Confédération distribue des bons de 300 francs par adultes pour les abonnements aux médias, un projet qui pourrait coûter jusqu'à 1,5 milliard de francs.
Mais Simonetta Sommaruga ne veut actuellement rien savoir de tels projets. Il est trop tôt pour de nouvelles tentatives, estime-t-elle. La ministre PS miserait plutôt sur le projet de loi de sa collègue Karin Keller-Sutter qui pourrait obliger les entreprises comme Google et Facebook à dédommager les médias dont ils diffusent les articles. Mais le chemin est encore long prévoit Simonetta Sommaruga.
(Adaptation par Jessica Chautems)