La SSR dans le collimateur
L'initiative de l'UDC veut réduire de moitié les redevances radio et TV

L'UDC veut profiter de la dynamique créée par la lutte contre les mesures d'aides aux médias pour attaquer la SSR. Le Parlement pourrait contraindre cette dernière à se serrer la ceinture.
Publié: 13.02.2022 à 13:39 heures
|
Dernière mise à jour: 15.02.2022 à 17:25 heures
1/4
Le conseiller national PLR Christian Wasserfallen estime que la nouvelle initiative de l'UDC est timide par rapport à l'initiative No Bilag.
Photo: keystone-sda.ch
Simon Marti

Après la lutte contre le train de mesures en faveur des médias, l'UDC est dans les starting-blocks. Sa prochaine cible: la SSR, à qui elle souhaite couper les ailes. Le parti de droite conservatrice garde pour lui la date exacte du lancement de son initiative pour la réduction de moitié des redevances radio et télévision, mais il ne fait guère de doute qu'il commencera très prochainement à récolter des signatures.

L'initiative qui prévoit de couper en deux le montant versé par les citoyennes et les citoyens en faveur du service public a des chances d'aboutir. Ses perspectives sont en effet bien meilleures que celles du projet No Billag, beaucoup plus radical, que les électrices et électeurs avaient rejeté avec force il y a quatre ans.

L'UDC devrait par ailleurs recevoir le soutien de l'Union suisse des arts et métiers. Et elle profitera également du fait que de nombreux parlementaires du camp bourgeois seront enclins à la soutenir car ils sont en conflit ouvert avec la SSR, jugée trop à gauche.

La bonne volonté de certains partis pour la SSR est épuisée

Pour le président du parti PLR, Thierry Burkart, il est «indéniable que la SRF (ndlr. l'équivalent alémanique de la RTS) apporte le patrimoine culturel suisse dans nos salons». L'Argovien reconnaît également que les émissions d'information sont souvent de bonne qualité. «En revanche, poursuit le patron des libéraux-radicaux, il y a toujours des reportages qui ne sont pas équilibrés politiquement. La SRF se fait ainsi du tort»

Un service public trop à gauche? On n'a pas fini d'entendre cet argument dans les mois qui viennent. En effet, en Suisse romande également, les critiques pleuvent sur la RTS, constamment accusée de traitement partial par une grand partie des élus de droite.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Malgré ses critiques et celles de son camp, Thierry Burkart ne précise pas comment le PLR va se positionner. «L'initiative de l'UDC sera certainement discutée. A la fin, comme toujours, nos délégués décideront». Selon lui, la démarche de l'UDC revient à mettre la charrue avant les boeufs. «Le Parlement devrait d'abord définir le mandat de la SSR et ensuite les moyens financiers nécessaires à l'accomplissement de ce mandat».

«Timide et équilibrée comparée au projet No Billag»

«La SSR doit respecter son devoir de neutralité dans l’ensemble de son programme, fulmine Philippe Nantermod auprès de Blick. Pas uniquement dans l’actu pure. Or, on voit clairement que dans les émissions hors info («Forum», «19:30», «La Matinale»), il y a aucune tenue. Certaines émissions sont même carrément des émissions de pur militantisme, comme par exemple l’émission écologiste du samedi matin sur la Première. Sans parler des podcasts. Ça ne va pas. Pour l’initiative UDC, nous allons l’étudier en temps voulu, mais son existence montre que la question n’est en tout cas pas résolue.»

Aux côtés du conseiller national valaisan, inlassable critique du service public, le PLR bernois Christian Wasserfallen est l'un des détracteurs les plus virulents de la SSR au sein de la droite. Il qualifie l'initiative de réduction de moitié «d'indulgente et équilibrée par rapport au projet No Billag». Selon lui, elle jouit de la sympathie «des milieux industriels et certainement du PLR».

Le comportement du Parlement sera décisif, ajoute Christian Wasserfallen. Il insiste pour que les PME soient exemptées de la redevance radio et télévision. Une initiative parlementaire qui émane du président de l'Union suisse des arts et métiers, Fabio Regazzi (Le Centre) est d'ailleurs en suspens. Selon Christian Wasserfallen, si le Parlement ne la suit pas, «l'initiative de réduction de moitié restera le seul moyen d'initier de véritables changements».

La conseillère nationale PS met en garde

C'est précisément ce qui inquiète les opposants déclarés à l'initiative. La conseillère nationale socialiste zurichoise Min Li Marti met en garde contre le fait de décider des coupes «par obéissance anticipée». Et d'ajouter: «L'initiative de l'UDC va très loin. Je ne pense donc pas que cette attaque contre la SSR trouvera une majorité, même si les médias jouissent d'un moins grand prestige qu'auparavant».

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la