2 ans à la table des puissants
Quel est le bilan de la Suisse au Conseil de sécurité de l'ONU?

Elle a décidé avec les Etats-Unis et la Russie de la guerre et de la paix, du moins en théorie. La Suisse termine son mandat au Conseil de sécurité de l'ONU. Malgré ses succès, le «gendarme du monde» a montré les limites de son influence. Un bilan.
Publié: 06:51 heures
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Dernière mise à jour: 08:04 heures
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La diplomate de pointe Pascale Baeriswyl, ambassadrice de Suisse auprès de l'ONU à New York, a représenté le pays au Conseil de sécurité de l'ONU.
Photo: Keystone

Pendant deux ans, la Suisse a siégé à la table des États les plus puissants du monde. Son mandat de membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU à New York s'achève fin décembre. Quel est le bilan?

Une chose est sûre, la Suisse a fêté ses succès, mais elle a aussi été confrontée à la dure réalité. Avec les limites fixées par les grandes puissances.

La paix avant tout

Le Conseil de sécurité de l'ONU a une très grande responsabilité selon la Charte des Nations Unies: assurer la paix dans le monde. Ses décisions sont contraignantes pour tous les membres de l'ONU. Il dispose de moyens étendus, allant des sanctions économiques aux interventions militaires.

Le Conseil de sécurité décide de la guerre et de la paix, du moins en théorie. Cinq pays en sont membres permanents: la Chine, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et les Etats-Unis. Ils sont également appelés «puissances de veto», car chacun de ces pays peut bloquer une décision du Conseil de sécurité. S'y ajoutent dix membres non permanents.

L'adhésion de la Suisse à cet organe avait auparavant suscité un débat de plusieurs années au Parlement fédéral. L'Union démocratique du centre (UDC) a critiqué le fait que ce rôle n'était pas compatible avec la neutralité. Mais finalement, elle n'a pas réussi à faire basculer la candidature suisse.

Une année intense

L'ambassadrice suisse à l'ONU Pascale Baeriswyl s'est montrée satisfaite de la deuxième année de présidence suisse de l'organe le plus influent de l'ONU auprès de l'agence de presse de l'ATS.

2024 a été une année très intense, avec notamment les attaques israéliennes en Iran et au Liban, la guerre en Ukraine, le conflit dans la bande de Gaza et au Soudan, qui ont tenu – et tiennent toujours – le monde en haleine.

«Nous avons essayé de gérer tout cela et nous avons réussi à unir le Conseil à plusieurs reprises et j'en suis fière», déclare Pascale Baeriswyl. Elle cite en exemple une déclaration de soutien aux forces de maintien de la paix de l'ONU au Liban, qui avaient été la cible de tirs.

La Russie a critiqué la Suisse

L'ambassadrice estime que la Suisse a contribué à un travail pacifique. «Les membres élus et permanents ont apprécié le calme que la Suisse a apporté dans les débats», précise-t-elle.

Au cours des deux années passées au sein de l'organe, la Suisse aura participé à quelque 810 réunions. Elle a présenté quatre résolutions et a été coresponsable de trois autres. Parmi elles, deux textes sur l'aide humanitaire et un sur la protection du personnel humanitaire. La Suisse a aussi contribué au renouvellement des missions politiques.

Il n'y a eu que peu de critiques à l'encontre de la neutralité de la Suisse, à l'exception de celle de la Russie lors de la conférence de paix au Bürgenstock (NW). La Russie a également été le seul pays à refuser une invitation aux membres du Conseil à venir à Genève.

La Suisse a surtout été critiquée pour son attitude dans le conflit du Proche-Orient. Plusieurs ONG ont critiqué son abstention lors de la reconnaissance d'un Etat palestinien.

La Suisse peut-elle en tirer profit?

Interrogés à ce sujet, des experts concluent que la Suisse a obtenu des succès, avec certaines restrictions. La politique de paix de la Suisse a été renforcée. La Suisse a contribué à de nouvelles approches. Pour la première fois, une résolution sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza a été présentée conjointement par les dix membres non permanents. Berne y a apporté une contribution importante, selon ses défenseurs.

Les chercheuses Lucile Maertens du Graduate Institute de Genève et Sara Hellmüller de l'EPFZ estiment que les tensions politiques extrêmes autour de l'Ukraine ont empêché les membres non permanents d'exercer pleinement leur mandat. Leur influence a été remise en question, car la politique de puissance des grands États leur a montré leurs limites.

Mais le mandat montre aussi que les membres non permanents peuvent jouer des matches importants lorsqu'il s'agit de certains thèmes ou régions, écrivent les chercheuses dans une étude. L'avenir montrera si la Suisse peut tirer profit de son statut international.

L'évaluation des succès et des échecs aura une influence à long terme sur la volonté de la Suisse d'obtenir un deuxième mandat ou non, estiment les chercheuses. Un pays de la taille de la Suisse a droit à un siège au sein de l'organe de l'ONU tous les 20 ans environ.

Ignazio Cassis appelle au «devoir d'humanité»

Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis s'est adressé à plusieurs reprises à la conscience des superpuissances au Conseil de sécurité. Lors de ses interventions, il a insisté sur le respect du droit international humanitaire.

Il a même fait de ce thème le sujet de sa carte de vœux pour cette fin d'année. Aujourd'hui encore, «le droit international humanitaire sauve des millions de vies humaines dans le monde entier, a déclaré Ignazio Cassis à Blick. Le devoir d'humanité et notre quête de paix doivent nous guider en 2025.»

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