C’est un petit tremblement de terre qui a été officialisé ce mercredi: la RTS ne diffusera plus aucun match de National League en direct dès la saison prochaine. Comme annoncé par Blick, la chaîne genevoise Léman Bleu est entrée dans la danse et devient le nouveau partenaire de MySports pour la diffusion du hockey sur glace en Suisse romande. Tout comme Blick, qui pourra diffuser un match par semaine sur son site, tous les mardis.
Au sein de la rédaction de RTS Sport, l’ambiance est morose. «C’est une déception, surtout pour le grand public, souffle au bout du fil Massimo Lorenzi. Une bonne partie suivait le hockey grâce au service public.»
Ce que le rédacteur en chef de RTS Sport tient à dénoncer, c’est le «délire de la surenchère». Le hockey sur glace ne va pas disparaître des antennes de la RTS, puisque les highlights seront toujours retransmis. «Mais sa visibilité sera réduite», admet Massimo Lorenzi.
30 millions de francs suisses
Comment en est-on arrivé là? Les explications de Massimo Lorenzi sont limpides. «La SSR a fait une offre financièrement plus intéressante que l’actuelle à la Ligue, entame-t-il. Celle-ci l’a refusée et a préféré céder tous les droits à Sunrise UPC (ndlr: propriétaire de la chaîne MySports).» Ce montant pourrait même dépasser les 30 millions de francs suisses, «soit plus de deux tiers du budget de la SSR pour tous les sports durant une saison».
Sunrise UPC a alors décidé de sous-traiter une partie des droits au groupe alémanique CH Media, qui possède TV24. Avec cet accord, la chaîne alémanique SRF est donc mise de côté et ne peut diffuser aucun match de National League.
«Nous ne sommes pas trois entreprises, mais une seule»
Puis, pour la Suisse romande, le groupe de télécommunication a approché la RTS pour lui vendre certains matches. Une solution «éthiquement et helvétiquement inacceptable» pour Massimo Lorenzi. «La SSR négocie ses droits au niveau national. On se met en commun car tout seul, on n’y arrive pas. Si on était entrés en matière, on aurait monté les régions les unes contre les autres. Nous ne sommes pas trois entreprises, mais une seule.»
«Léman Bleu n’a pas participé aux négociations, précise-t-il encore. Il reçoit – et sans payer cher – les droits parce que nous avons refusé le deal qui nous a été proposé et qui discriminait nos amis de la SRF.» Fair play, Massimo Lorenzi se dit toutefois «très content» pour la chaîne régionale.
Finalement, pour le rédacteur en chef de RTS Sport, les clubs et la ligue ont une vision «court-termiste». Massimo Lorenzi affirme que «dès qu’un sport est privatisé, il perd en visibilité».
Léman Bleu remporte le jackpot
Au sein de la rédaction de Léman Bleu, l’effervescence est présente. «C’est un joli challenge à relever, sourit Laurent Keller, directeur de la chaîne genevoise. On pense que ça va accentuer la visibilité du hockey. C’est un projet qui fédère toute la Suisse romande et qui va nous amener plein de téléspectateurs.»
Car la chaîne est disponible gratuitement dans toute la Suisse pour les personnes disposant d'une box. Pour ceux qui utilisent encore la TNT, cela s'annonce plus compliqué. La limite de diffusion se situe au bout du Léman à l'ouest et au nord, vers Yverdon (VD).
Pour la chaîne, cela signifie concrètement qu'elle diffusera dès le prochain exercice un match chaque dimanche. Comment la rencontre sera-t-elle choisie? «Par une concertation entre MySports, la Ligue et les partenaires (ndlr: Léman Bleu, TV24 et Teleticino)», précise Laurent Keller. Mais la Ligue impose une condition dans le choix du match: «Une égalité de traitement et une forme d’équité pour chaque région.»
MySports aux commentaires
Outre le «match de la semaine», Léman Bleu et les autres partenaires pourront diffuser plusieurs rencontres des pré-playoff et des play-off (dont l’intégralité de la finale). Toutefois, les journalistes genevois ne vont pas commenter eux-mêmes les rencontres, rôle réservé à ceux de MySports.
À la place, les employés de Léman Bleu vont animer l’avant-match, les pauses et l’après-match le dimanche. «On a trois-quatre mois pour nous entourer des meilleurs spécialistes afin de livrer une copie propre et pertinente», affirme Laurent Keller, qui avoue que sa boîte mail chauffe depuis l’annonce du matin.
Que les supporters d’Ajoie, Bienne, Fribourg ou Lausanne se rassurent: Léman Bleu ne va pas se contenter de couvrir Genève-Servette. «On a une responsabilité romande, on n’est plus dans le chauvinisme, souligne le directeur de Léman Bleu. Tous les clubs suisses seront sur un pied d’égalité. On espère qu’il y aura le plus de matches du club basé sur notre territoire, mais ça s’arrête là.»