Le chiffre paraît irréel. Il est pourtant correct. Henrik Tömmernes a patiné durant... 55'38'' lors de la victoire de Genève-Servette face à Lugano, samedi. Certes, la rencontre a duré plus de 114 minutes, mais la présence près d'un shift sur deux du maître à jouer suédois peut inquiéter. «Surtout si la série vient à se prolonger en six ou sept matches. Cela peut avoir un impact», précise Serge Pelletier.
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L'ancien coach de Lugano est actuellement analyste pour Teleticino, diffuseur des matches de National League au Tessin. Ce mardi soir, il sera à nouveau sur le plateau pour l'acte IV de cette série. Il est donc un observateur plus qu'attentif de cette série de quart de finale. «Je crois que je n'avais jamais vu un joueur évoluer durant 55 minutes en Suisse», poursuit-il. En effeet, Henrik Tömmernes détient désormais le temps de glace le plus élevé, loin devant les 48 minutes de Johan Fransson contre Berne en 2019 lors du match le plus long de l'histoire. En NHL, le record du «marathonien» est détenu par Seth Jones avec 65 minutes de glace lors des play-off, en 2020.
«Tömmernes était lessivé»
Trop? C'est possible. Mais Geoffrey Vauclair, analyste pour «Les Puckalistes» et ancien joueur de Lugano, précise: «C'est monstrueux et à la fin, on voyait qu'il était lessivé. Par chance, c'est un joueur qui maîtrise parfaitement son effort. Ce qui m'inquiète le plus, c'est de voir que Lugano le cible beaucoup en jouant volontairement physique avec lui.»
Pour Serge Pelletier, Genève devrait justement diluer davantage son temps de glace: «Mais je comprends que Jan Cadieux s'appuie sur ce qui a fait son succès en saison régulière. Depuis le début des play-off, cela croche un peu pour Hartikainen et Omark. Lugano s'est bien ajusté après le premier match en étant plus passif en zone neutre. Je pense qu'ils se sont rendu compte que Genève avait trop de talent pour jouer de cette manière.»
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L'avantage de la profondeur de banc des Aigles pourrait ainsi être plus grand. «En général, tes lignes d'étrangers s'annulent et les joueurs de soutien font la différence.» Et ce n'est peut-être pas un hasard si samedi, la différence est venue de la canne de Marc-Antoine Pouliot. «Lorsque des gars comme Antonietti ou Pouliot entraient sur la glace, je trouve que cela donnait une énergie supplémentaire, appuie Geoffrey Vauclair. J'ai par exemple trouvé qu'un Daniel Winnik, pourtant si physique, avait l'air très fatigué et cela me fait un peu souci.»
Pour le Jurassien, cette surutilisation de certains joueurs trahit une forme d'insécurité dans le vestiaire grenat. «Pensaient-ils que ce serait plus facile? Mais c'est sûr que lorsque tu fais une telle saison régulière, tu dois disputer de bons play-off. Si les résultats ne suivent pas, cela met forcément de la pression derrière le banc.»
«Meilleur équilibre à Bienne ou Zoug»
Geoffrey Vauclair a fait ses devoirs avant cet entretien et analyse: «Je ne prends pas le match en triple prolongation en compte pour dire cela. Mais après deux rencontres, je trouve que des équipes comme Bienne, Zoug ou même Rapperswil ont un plus grand équilibre dans l'utilisation de leurs leaders. Du côté de Genève, il y a une certaine urgence actuellement.»
Mais nos deux interlocuteurs ne paniquent pas pour Genève. «Le GSHC mène dans cette série, précise Serge Pelletier. Mais si Lugano est passé tout proche samedi lors du match à rallonge, la pression est désormais au Tessin avant ce quatrième match.» Idem pour Geoffrey Vauclair: «L'intensité a monté d'un cran, mais Lugano va-t-il tenir le rythme sur la longueur? Si oui, Genève devra s'employer pour s'en sortir.»
À compter de ce mardi soir à 20h00 dans une Corner Arena qui s'annonce bouillante comme toujours.