Les Aigles favoris des play-off
Jan Cadieux: «Genève n'est pas qu'une équipe d'artistes»

Ce mardi soir, Genève-Servette entamera les play-off de National League dans le costume du favori. Son entraîneur, Jan Cadieux, revient sur cette saison hors du commun pour un GSHC ultra-dominateur. Interview.
Publié: 14.03.2023 à 17:27 heures
Jan Cadieux va vivre ses premiers play-off comme entraîneur principal
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Cette interview est tirée du podcast Cold Facts, qui avait reçu Jan Cadieux à quelques jours de la fin de la saison régulière. L'épisode est à retrouver ici.

Jan Cadieux, comment tu as vécu toute cette saison aux avant-postes avec ton équipe de Genève?
J'ai l'impression qu'elle a commencé hier. Tout s'est passé très vite. Il y a eu trois parties distinctes: nous avons commencé les entraînements d'été au lendemain du premier match de la finale entre Zoug et Zurich. Puis il y a eu le camp d'entraînement, et enfin cette saison. Il y a eu beaucoup de hauts et de choses positives. Cela s'est peut-être même mieux passé que nous pouvions l'espérer, même si nous possédons une très bonne équipe.

Depuis ton arrivée à la barre en novembre 2021, il y a eu énormément de bonnes choses… et une élimination en pré-playoff. Mais ton passage se passe globalement bien, non?
Oui, en termes de statistiques, elles sont positives malgré ce couac en fin de saison dernière. Je dirais que c'est le seul bémol, mais il me reste en travers de la gorge et est bien ancré dans ma tête. Pour le reste, je suis très satisfait. Mais c'est une chance de coacher une telle équipe.

Comment as-tu vécu cet échec?
Hormis ces deux matches contre Lugano, je voyais que le processus était bon. Lorsqu'il y a des échecs, c'est logique de se remettre en question et d'analyser tout ce qui a été réalisé. Mais sur les 29 derniers matches, nous avions une moyenne de points de 2,2 par match. C'était excellent et c'était finalement une preuve que nous étions sur le bon chemin, même si la gestion de la fin de saison n'a pas été optimale. Nous ne nous étions pas qualifiés pour les play-off après avoir lutté jusqu'au bout et je pense que mentalement, nous y avons laissé des plumes.

Cette saison, c'est tout l'inverse qui s'est produit avec une qualification acquise très tôt. Comment as-tu géré cela?
Il y a deux choses à gérer. La semaine de pré-playoff qui est forcément différente, ça nous ne jouons pas. Cela signifie qu'il y a huit jours à gérer. Mais c'est vrai que les six ou sept derniers matches de la saison régulière ne sont pas simples. Tout le mérite revient aux joueurs de s'être qualifiés si rapidement pour les play-off. De mon côté, je n'ai rien changé à ma manière de faire. On continue de parler du processus et des bonnes habitudes à appliquer. Le job du coaching staff est de maintenir les joueurs sous pression.

Mais il est parfois humain que la pression retombe, non?
Oui, et cela fait partie de mon développement et de mon apprentissage de ce rôle d'entraîneur. Comment gérer lorsque c'est une journée difficile? Tu peux préparer ton équipe du mieux que tu veux, il peut y avoir des journées sans. À ce moment, je sais que je dois être capable de prendre du recul et apprendre à relativiser.

Avant les play-off, la pression est-elle différente lorsque tu es coach par rapport à quand tu étais joueur?
Oui, c'est totalement différent. Quand tu joues, tu tombes dans une certaine routine et tu suis un plan. Le coach, c'est le capitaine du bateau et il a beaucoup plus de responsabilités. Quand je dis «le coach», je parle de tout le coaching staff, car nous sommes tous ensemble. Dans une série, tu joues tous les deux soirs et il y a beaucoup d'adaptations à faire. Comme joueur, tu es là pour exécuter. La pression est plus facile à gérer. Et pour l'entraîneur, il y a aussi parfois une certaine frustration de ne pas tout pouvoir contrôler. Tu peux faire tous les changements que tu veux, au bout d'un moment, il n'est pas possible de tout maîtriser ce qui va se passer sur la glace.

Tu es quel genre de coach?
Au début, je criais beaucoup plus et j'étais plus dur. Mais j'essaie, là aussi, de prendre du recul et d'apporter davantage de calme et de sérénité sur le banc. S'il faut élever la voix durant une pause ou même pendant le match, ce n'est pas un souci. Mais j'essaie de mieux canaliser mes énergies.

Est-ce compliqué de gérer une telle équipe?
Il me semble que c'est toi qui m'avais posé cette question en conférence de presse d'avant-saison, non?

Oui, exactement.
Mais je comprends ce point d'interrogation qui peut exister sur un jeune entraîneur qui a peu d'expérience. Va-t-il être capable de gérer toutes ces stars et tous ces bons joueurs? J'ai appris que le plus important, c'était d'être soi-même et de ne pas toujours vouloir aller dans leur sens. Techniquement, tu n'as rien à apprendre à des joueurs comme Teemu Hartikainen, Linus Omark ou autre. Par contre, il faut leur faire accepter un certain rôle ou un certain concept d'équipe. Et du coup, c'est davantage une gestion des égos, qui est plus compliquée. Mais si nous sommes à cette première position, c'est parce que j'ai la chance de gérer une très, très bonne équipe. Cela ne veut pas dire que la tâche est facile pour autant, car il ne peut y avoir que cinq joueurs à la fois sur la glace. Oui, notre saison a été très bonne, mais derrière, ce n'est pas aussi facile qu'on peut le penser.

Tu as bien dormi lorsque tu as décidé de séparer Omark et Hartikainen en début de saison?
(Rires) Je m'en souviens très bien. C'était après un match face à Davos et nous avions perdu bêtement. J'étais tellement fâché que lorsque je suis entré dans mon bureau, je les ai immédiatement séparés sur mon tableau. Vu comment cela se passait, je ne voulais plus les voir ensemble. J'ai pris cette décision sous le coup de l'émotion, mais le lendemain matin, j'étais toujours convaincu que c'était la bonne chose à faire. J'ai demandé à mes assistants de me faire des propositions d'alignement et on a argumenté chacun pour son option. C'est ce qui me plaît le plus dans ce rôle. Quand je cherche un adjoint, je ne veux pas qu'il me dise oui à tout. J'ai besoin d'être challengé.

Tu arrives parfois à apprécier pendant un match ce que fait ton équipe, les soirs où elle déroule son jeu?
C'est une chose que je dois encore améliorer. À certains moments, je sais que je suis trop exigeant. On dit que le perfectionnisme est une maladie, et je pense que j'en souffre. Je voudrais toujours que tout soit parfait. Avec du recul, je devrais être capable de me dire qu'on est en train de faire un super match lorsque c'est le cas, comme récemment à Lausanne. Ce soir-là, nous étions dominants dans tous les compartiments. Genève n'est pas qu'une équipe d'artistes, mais aussi de vrais compétiteurs. Il suffit de les voir se challenger à la fin des entraînements. C'est ce qui est le plus beau avec ce groupe.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
ZSC Lions
ZSC Lions
19
19
40
2
HC Davos
HC Davos
20
22
40
3
Lausanne HC
Lausanne HC
21
8
40
4
SC Berne
SC Berne
21
14
34
5
EHC Bienne
EHC Bienne
20
1
32
6
EV Zoug
EV Zoug
20
15
32
7
EHC Kloten
EHC Kloten
20
1
31
8
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
20
-7
28
9
HC Lugano
HC Lugano
18
-10
25
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
18
-10
24
11
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
20
-10
24
12
SCL Tigers
SCL Tigers
18
-4
22
13
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
16
-2
21
14
HC Ajoie
HC Ajoie
19
-37
12
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