L'analyse de Steve Dreyfus, ancien arbitre
«On connaît Wohlwend, ce coup de sang fait partie du personnage»

Dimanche, Christian Wohlwend, entraîneur de Davos, a disjoncté et a jeté des gourdes sur la glace après une décision arbitrale controversée. Une enquête a été ouverte. Steve Dreyfus, ancien arbitre de National League, décrypte cette séquence pour Blick.
Publié: 11.04.2022 à 15:53 heures
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Dernière mise à jour: 11.04.2022 à 15:54 heures
Le coach du HC Davos, Christian Wohlwend (à droite), a eu un sacré coup de chaud dimanche. L'ancien arbitre de National League Steve Dreyfus (petite photo) livre à Blick son avis d'expert.
Photo: DR
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Grégory BeaudJournaliste Blick

«Avant de parler de la réaction de Christian Wohlwend, j’aimerais m’arrêter sur la faute de Jesse Zgraggen. Le joueur de Davos sait exactement ce qu’il fait à cet instant et, justement, il pense que jamais les arbitres ne vont siffler. Pourquoi? Car il ne reste que deux minutes à jouer. Mais il sait très bien que cela peut envenimer la situation.

Procédure ouverte contre Christian Wohlwend

La Ligue a annoncé lundi matin avoir ouvert une procédure ordinaire contre l'entraîneur de Davos «pour une violation présumée des principes de comportement selon le règlement juridique».

La Ligue a annoncé lundi matin avoir ouvert une procédure ordinaire contre l'entraîneur de Davos «pour une violation présumée des principes de comportement selon le règlement juridique».

Est-ce que ce coup de sifflet est justifié? Pour moi, il suffit de regarder la réaction de Daniel Stricker: il est serein et sûr de lui. Et il a raison de l’être. Si tu ne siffles pas à cet instant, quand le fais-tu? Il y a une règle dans l’arbitrage qui s’appelle 'OBI'. Cela veut dire obvious, benefit & injury. La faute est-elle claire? Le joueur en tire-t-il un avantage? Y a-t-il une blessure? Sur cette base, cela peut donner une idée s’il faut siffler ou non. Cette action est claire. Obvious, donc.

La force d’un bon arbitre, c’est justement de prendre une décision en ne tenant pas compte du score, du timing de l’action ou de l’atmosphère. Il reste deux minutes à jouer à Davos et le score est de 1-1? Peu importe. S’il y a une faute flagrante (et elle est flagrante), il faut siffler, et il l’a fait. Dans le sens inverse, je suis sûr que Christian Wohlwend aurait explosé si son gardien avait été victime. La réciprocité est applicable et il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de le dire.

«L’interprétation ne peut pas aller à l’encontre des règles»

Depuis qu’il y a un nouveau management dans l’arbitrage, chaque décision ou chaque coup de sifflet est passé au peigne fin. Cette scène sera évidemment visionnée et discutée. Je n’étais pas au dernier cours avant les play-off et ne connais pas les toutes dernières consignes, mais l’interprétation ne peut pas aller à l’encontre des règles. C’est un principe de base. Et si l’action avait eu lieu à 3-0 au premier tiers-temps, on n’en parlerait pas. Le rôle d’un arbitre, c’est d’essayer de rétablir une équité permanente, peu importe les événements.

D’un point de vue humain, on connaît Christian Wohlwend. Cela fait partie du personnage. Voulait-il provoquer une réaction dans son équipe? Voulait-il montrer quelque chose ou mettre la pression pour la suite? Peu importe, rien ne justifie son comportement.

Son coup de sang n’aura pas de conséquence pour la suite de la série. Les arbitres connaissent bien les entraîneurs. Ce n’est pas rare de discuter dans les couloirs. De prendre des nouvelles de la famille, des enfants. Parler des vacances. Cela peut paraître anodin, mais cet entregent permet de désescalader les éventuels conflits futurs. Je ne crois pas qu’il existe un jeu de pouvoir qui durera jusqu’à mardi soir dans lequel Wohlwend ou les arbitres utiliseront cette scène lors du troisième match. Tout le monde sait ce qui est arrivé, mais cela n’aura pas d’influence.»

Steve Dreyfus a arbitré au plus haut niveau de 2018 à 2022. Aujourd’hui, il participe à l’expansion du Hockey 3x3, après une première expérience réussie lors des Jeux olympiques de la Jeunesse en 2020 à Lausanne.


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