19h00. Le SportCafé de la BCF Arena a fait le plein, à une heure du coup d’envoi de l’acte II des demi-finales de play-off entre Fribourg Gottéron et Zurich. À une table avec quatre chaises, trois personnes discutent tranquillement. Je me présente et leur demande si je peux m’accaparer la chaise libre puisque j’ai quelques questions à leur poser. À leur réponse positive, je m’assieds.
«La patinoire est trop petite»
Mes désormais compagnons de table sont un couple, Pascal et Christine, et leur amie Nathalie. Cette dernière est une fan inconditionnelle des hommes de Christian Dubé. Casquette avec un dragon vissée sur la tête, maillot de Reto Berra autour des épaules, Nathalie explique fièrement être venue à tous les matches à domicile de la saison.
On pourrait presque se demander pourquoi elle ne s’est pas rendue au Hallenstadion pour encourager les Fribourgeois ce dimanche soir. «Demain je bosse», répond-elle, après nous avoir confié que, lors de l’interminable acte III contre Lausanne, elle était également rentrée avant la fin du match pour les mêmes raisons.
Pascal et Christine eux, viennent moins régulièrement à la patinoire. Même si le couple envisage de prendre un abonnement à Gottéron, «peut-être l’automne prochain». Ils ont tenté tant bien que mal d’obtenir des billets pour l’acte I et III à la BCF Arena, en vain. «La patinoire est trop petite», plaisante Pascal lorsqu’on mentionne l’engouement des fans fribourgeois cette saison.
La conversation continue lorsque j’apprends que Pascal est en fait… Biennois. «Ça fait bientôt 15 ans que je suis à Fribourg mais en tant que gamin, j’allais voir le HC Bienne avec ma sœur.» À la question fatidique de savoir quelle équipe il supporte lors des affrontements entre sa ville natale et celle d’adoption, Pascal répond du tac au tac: Fribourg. Et ce malgré les 47 ans passés dans le Jura bernois.
À la fin de notre discussion, de nouvelles personnes sont venues s’installer dans le SportCafé et j’en profite pour aller faire un tour dehors.
«Partager la joie de la victoire qui s’annonce»
Sur le parvis de la BCF Arena, je croise Marc et Corentin. Ce père et son fils n’avaient pas prévu de venir à la patinoire suivre la rencontre. «Le premier plan était de le regarder à la télévision, raconte Marc. Mais quand j’ai vu qu’on pouvait venir ici partager la joie de la victoire qui s’annonce, autant y assister.» Joie il y a eu par moments dans les gradins mais, pour ce qui est de la victoire, on repassera.
«C’était surtout pour l’ambiance, être avec d’autres fans», complète son fils, bien plus prudent (à raison).
Père et fils ont connu une réelle ferveur pour les Dragons lors de l’exercice 2021-22. «Cette saison, on a plus suivi que d’habitude, explique Marc. Ça fait une cinquantaine d’années que je viens régulièrement voir des matches, on n’a toujours pas réussi à décrocher ce titre de champion mais cette fois, on y croit un peu plus que lors des précédentes.»
Corentin était déjà à la patinoire vendredi soir, lors de l’acte I: «On s’est battus pour avoir des billets.» Un ami du jeune homme a été acheté les précieux sésames à un endroit peu conventionnel que j’ai malheureusement promis de ne pas dévoiler dans cet article.
Le début du match approche et, après une photo entre le père et son fils, l’heure est venue pour tout le monde de rejoindre les gradins.
«Surtout pour l’ambiance et la bière»
Lors du premier tiers, pas grand-chose à se mettre sous la dent pour les supporters présents dans les tribunes de la BCF Arena. La première pause me donne donc l’occasion d’aller m’asseoir à côté de Joseph et Minh-Luan. Ces deux Fribourgeois se sont rencontrés à l’armée.
À la désormais traditionnelle question de «pourquoi être ici et pas devant sa télé?», Joseph ne se cache pas: «Surtout pour l’ambiance et la bière. À la maison, il n’y en avait pas assez.» Minh-Luan précise toutefois que c’est surtout la première raison qui l’a poussé à venir à la patinoire.
Après vingt minutes de jeu, il se dit étonné de l’atmosphère. «Ça m’a surpris qu’il y ait des chants. Finalement, c’est comme si les joueurs étaient là.» Et tout ça alors que Gottéron n’avait pas encore inscrit le moindre but au Hallenstadion.
Minh-Luan est déjà venu quelques fois à la patinoire (pleine) cette saison tandis que Joseph a découvert la toute nouvelle BCF Arena. «Elle est jolie, même s’il manque un panneau publicitaire au nom de ma société.»
Le club est surpris en bien
Dans la période intermédiaire, les Dragons se réveillent et le public présent à la BCF Arena peut laisser exploser sa joie. De 2-0, les hommes de Christian Dubé passent à 2-2.
Lors de la deuxième pause, je m’en vais poser quelques questions à Stéphane Decorvet, responsable Communication & Merchandising de Fribourg Gottéron. L’engouement des supporters fribourgeois a encouragé le club à organiser cette diffusion à la patinoire. «On a essayé de réfléchir à plusieurs options. Finalement, c’était assez clair: on a un écran qui est assez grand, des gradins, des buvettes et donc voilà.»
Pour Gottéron, cet événement était un pari puisqu’on ne savait pas du tout combien de personnes allaient venir dans les gradins. Selon les estimations du club, entre 300 et 400 spectateurs ont pris place dans les tribunes. Est-ce qu’on s’attendait à voir autant de monde débarquer? «Honnêtement, non», sourit Stéphane Decorvet.
Cela s’est d’ailleurs quelque peu vu puisque, lors de la première pause, la queue à la seule buvette ouverte dans la patinoire s’allongeait. «Il y a des gens de l’interne et de l’administration du club qui sont venus donner un coup de main après cela.»
De quoi rééditer l’événement jeudi, lors de l’acte IV? «À mon avis, ça va se refaire, mais je pense qu’on va rouvrir plus de buvettes», rigole le responsable communication.
Finalement, le seul bémol de la soirée à la BCF Arena trouve son origine dans une autre patinoire, celle du Hallenstadion. Car lorsque Marcus Krüger a offert la victoire à Zurich en prolongation, les supporters de Gottéron étaient abattus. Mais nul doute qu’ils reviendront mardi et jeudi, pour soutenir leur équipe.