Il ne reste plus que 3 minutes à jouer dans le dernier acte de la finale entre Zoug et Zurich, dimanche soir. Le club de Suisse centrale mène au score mais il faut encore tenir ce qui ressemble à une éternité. Blessé, Reto Suri préfère pourtant suivre cette fin de match depuis les vestiaires.
Pas à cause de la tension, mais parce que l’attaquant veut enfiler son équipement. Il compte bien fêter le futur titre des Zougois en tenue. Une fois que la sirène libératrice retentit, l’ancien Servettien se précipite sur la glace mais il doit faire attention. L'un de ses genoux est fichu.
Au milieu de ses coéquipiers, toutes les digues cèdent, l’émotion le submerge. C’est le premier titre de sa carrière, à 33 ans. Un sacre dont il a tellement rêvé: «C’était la dernière chose qu’il manquait à ma carrière!»
Un choc qui a tout changé
Un accomplissement qu’il a pourtant dû suivre depuis le banc, avec des béquilles. Reto Suri a manqué les deux derniers actes de cette finale mémorable. Qu’importe. «Bien sûr, ça aurait été difficile à vivre si nous avions perdu. Mais maintenant, j’essaie juste de profiter du moment. Je ne le réaliserai vraiment que dans quelques jours.»
Flash-back, environ 100 heures plus tôt. À la dernière minute du tiers initial du cinquième match, une violente collision avec le Zurichois Marco Pedretti met fin à sa saison. Le Zougois se tord de douleur sur la glace. Il est porté vers les vestiaires. Jeter l’éponge? C’est hors de question pour l’attaquant, qui veut retourner sur la glace. Malheureusement, les antidouleurs ne suffisent pas. Son articulation est hors-service.
Le premier à danser
Malgré cette grave blessure, Reto Suri veut rester au plus près de son équipe dans ce sprint final et vivre de l'intérieur l’incroyable retournement de situation qui a vu l'EVZ remporter quatre matches couperets de suite (Zurich menait la série 3-0!). «J’ai repoussé l’opération pour être avec mes coéquipiers, avoue-t-il. Pour les médecins, c’était ok.» Lors des sixième et septième actes, le joueur est à chaque fois présent à la bande avec ceux de ses coéquipiers qui sont touchés ou surnuméraires. Le groupe vibre ensemble. Reto Suri en est convaincu: «Il fallait cette unité pour provoquer le destin» et parvenir à défendre le titre de champion du club zougois.
Avant de fêter avec les 15'000 fans qui l’attendent, le numéro 26 a besoin d’un peu plus de temps pour monter sur scène. Mais une fois arrivé, l’attaquant donne tout et tente même une petite danse. Ses douleurs sont vite oubliées. Son opération sera programmée dans les jours qui suivent. Cette blessure l’éloignera des patinoires pour au moins trois mois. Mais Reto Suri n'en a cure: il est enfin champion!