Les films dont on connaît l'issue avant d'entrer dans la salle ne sont que rarement des grands succès (à part Titanic, mais c'est une autre histoire). Alors oui, lorsque Dan Tangnes, entraîneur de Zoug, dit que cette finale entre son équipe, Zoug, et Zurich était une publicité extraordinaire pour le championnat de Suisse, il a 1000 fois raison. Comment lui donner tort, en même temps? Deux des plus gros budgets de la Ligue, les meilleurs joueurs du championnat et les meilleurs étrangers de la Ligue. Comment ne pas prendre du plaisir devant cette finale qui fera à n'en pas douter date avec ce retour zougois de nulle part?
Mais il y a un autre point un rien plus dérangeant à ce que dit Dan Tangnes. Oui, le championnat de Suisse a donné une superbe image. Mais en même temps, la grande majorité des pronostiqueurs avait parié sur un Zoug - Zurich en finale pour les raisons évoquées ci-dessus. Pourtant, cela fait plusieurs années que les clubs moins nantis croient en un avenir doré grâce à une nouvelle patinoire et des moyens plus grands.
Trio habituel
Malgré cela, la longue litanie des titres répartis entre quatre clubs se poursuit inexorablement. Depuis 1995, 25 titres ont été distribués. Et avant la récente montée en puissance zougoise, il n'y en avait guère que pour Zurich, Davos et Berne. Et Lugano lorsque les Tessinois n'alignaient pas les choix sportifs discutables.
Aujourd'hui, de nombreux clubs investissent massivement et rêvent de se mêler au gratin. Il y a même eu l'augmentation du nombre d'étrangers (de 4 à 6 la saison prochaine) qui est censée équilibrer les forces. Même si l'idée est forcément bonne, l'impact réel reste encore à prouver. Alors quelle est la solution? Le tabou du plafond salarial a enfin explosé avec le coronavirus et les millions perdus aux quatre coins de la Suisse. Mais entre oser enfin en parler sans se faire traiter de doux rêveur et une implantation, il y a plusieurs écueils qui paraissent encore bien loin d'être franchis.
Le bon timing?
Mais au moment où le hockey suisse tente de vendre son produit le plus efficacement possible, il devra encore travailler à le rendre plus attractif. Il faut éviter de sortir la «Carte NHL» à chaque fois. Mais depuis l'instauration d'un plafond salarial en 2006 au sortir d'une grève syndicale, le championnat nord-américain a vu sept équipes différentes gagner le titre en sept ans. Il y a même eu 10 champions différents en 16 années.
Cette parité n'a pu être atteinte que grâce à une limite salariale qui récompense les organisations ayant un management intelligent. Est-ce possible de mettre sur pied un tel système en Suisse? Techniquement, oui. Encore faut-il le vouloir. Lors de la prochaine saison, la National League sera totalement indépendante de la Fédération suisse de hockey et fera sa cuisine dans son coin. L'occasion de changer un peu de recette dans un futur pas si éloigné?
Car si la publicité était en effet extraordinaire, le public est volatil et pourrait avoir envie de se tourner vers un autre produit si celui-ci devient lassant.