Vincent Cavin a eu un choc lors de sa première séance de travail avec le staff de l'équipe nationale des Etats-Unis. «Je pensais que je parlais bien anglais, mais en assistant à ce briefing, j'ai quand même compris que j'aurai besoin d'un petit temps d'adaptation», sourit le Nord-vaudois, qui s'est vite mis au niveau. «C'est une chose de faire des séances en anglais avec des gens pour lesquels c'est une seconde langue, et c'en est une autre de se retrouver immergé d'un coup dans un meeting de travail aussi pointu, avec des termes bien spécifiques, et en anglais des Etats-Unis, avec toutes ses particularités», explique le nouvel adjoint de Gregg Berhalter, tout juste de retour de son premier stage sur sol américain.
Même le chef des analyses anglais ne comprend pas tout...
«Notre chef des analyses est anglais et je lui ai demandé quelques conseils pour les termes spécifiques. Il a rigolé en me disant que lui non plus ne comprenait pas tout, mais en fait, tout est structuré, c'est très carré. J'ai noté à chaque fois dans un carnet les termes que je ne connaissais pas et maintenant c'est bon», enchaîne celui qui est passé d'un coup du football au soccer.
Après avoir quitté l'ASF en fin d'année 2023, après avoir passé les dix dernières auprès de l'équipe nationale A, Vincent Cavin a en effet très rapidement rebondi auprès de l'ambitieuse sélection américaine, laquelle a de magnifiques échéances devant elle, dont la Coupe du monde 2026 à domicile bien sûr. «Mais avant cela, nous avons de belles compétitions à jouer, dont le final four de la Nations League, puis la Copa America», détaille le technicien, qui s'est rapidement et très bien intégré.
«Pour être honnête, c'est très facile d'intégrer un staff aussi compétent et aussi professionnel. Ils ont tout fait pour que je me sente bien. Les tâches sont bien réparties, tout est clair et on bosse», détaille Vincent Cavin.
Une cinquantaine de joueurs US en Europe
Si son aventure a démarré avec un stage sur place tout début janvier, pour un rassemblement hors dates FIFA et donc composé uniquement de joueurs évoluant sur sol américain, il ne passera pas 365 jours par an aux Etats-Unis. «Là, je suis déjà de retour en Europe, où je fais les séances par visio avec le staff, depuis 17h jusqu'à minuit s'il le faut. C'est un rythme à prendre, mais c'est important que je sois là, car nous avons une cinquantaine de joueurs qui évoluent en Europe», explique celui qui est par exemple allé dimanche soir à Milan assister à Inter-Juventus, un match lors duquel il a pu observer les performances de Winston McKennie et de Timothy Weah. En a-t-il profité pour les rencontrer? «Non, pas encore. Le sélectionneur Gregg Berhalter va venir en Europe d'ici quelques semaines, on fera ça ensemble.»
Une vraie culture du partage
Après toutes ces années passées à l'ASF, il lui faut découvrir un nouvel environnement, forcément très différent, bien au-delà de la langue. «C'est sûr qu'en Suisse, à force, tu connais tout le monde, tous les joueurs, tous les gens de l'administration. Là, tu débarques dans quelque chose de nouveau et ce qui m'a frappé, c'est vraiment à quel point les gens sont ouverts et transparents dans leur travail.» En clair? «Ils partagent vraiment leur ressenti et même les données, d'un staff à l'autre, sans cacher aucune information. En Europe, j'ai l'impression qu'on est un peu plus méfiants. Je ne parle même pas spécifiquement de la Suisse, mais ayant fait ma formation en Italie, j'ai pu me rendre compte que le partage d'informations n'était pas naturel. Aux Etats-Unis, j'ai été étonné de voir à quel point ça l'était.»
Le staff US implique également beaucoup les joueurs dans les décisions. «Par exemple, à table, il est habituel que six joueurs mangent avec deux membres du staff. Il n'y a pas les joueurs à deux tables, le staff à une autre. Cela permet d'interagir, de demander aux joueurs ce qu'ils pensent, comment ils voient les choses. Evidemment, le sélectionneur est le patron, mais il est très proche des joueurs, il veut connaître leur opinion sur les méthodes d'entraînement, sur ce qui leur est proposé et il peut s'adapter en conséquence.»
Plus de feedbacks individuels qu'en Europe
Les joueurs américains sont également friands de feedbacks individuels, ce qui serait également une différence culturelle. «Je ne dis bien sûr pas que cela ne se fait pas en Europe, mais j'ai l'impression, après ce premier stage, que cette culture est bien implantée ici. Quand je parlais avec des joueurs de l'équipe de Suisse, ils me disaient que c'était assez rare que leur entraîneur leur parle de manière individuelle en club, sans généraliser bien sûr. Ici, j'ai déjà remarqué que l'échange était constant et continu. Même un 5 contre 2 au début de l'entraînement, qui est plutôt vu comme un échauffement ludique chez nous, est analysé ici, puis discuté avec les joueurs.»
Surtout, le staff des Etats-Unis est très travailleur. «La journée de travail démarre par une séance à 8h et se termine à 22h ou 23h, sans aucun temps mort. J'avoue que ça m'a surpris un peu au début, mais c'est leur manière de faire, je m'adapte avec plaisir. Et puis, ils sont très sportifs! Après l'entraînement, quand les joueurs sont aux soins, les membres du staff mettent les baskets et font leur propre séance. J'ai ainsi découvert le pickleball, une sorte de padel américain», explique le technicien, ravi de cette nouvelle expérience.
La Copa America cet été à domicile
La suite pour le Vaudois résidant au Tessin? Plusieurs semaines en Europe, donc, à sillonner le continent pour superviser les joueurs de la sélection, avant le retour aux Etats-Unis en mars. Les USA affronteront la Jamaïque en demi-finale de la Nations League, au Texas, avant une potentielle finale contre le Panama ou le Mexique. Puis aura lieu en juin la Copa America, à domicile, avec pour débuter une poule composée du Panama, de l'Uruguay et de la Bolivie. Alléchant programme pour une nouvelle expérience dans un nouveau monde.