L'entraîneur d'YS se confie
Alessandro Mangiarratti: «Le foot, ce n'est pas un travail comme les autres»

Comment fonctionne un entraîneur de Super League? Peut-il déconnecter de temps en temps son cerveau du football? Pour Blick, Alessandro Mangiarratti dévoile le dessous du quotidien d'un coach de haut niveau.
Publié: 01.04.2024 à 08:48 heures
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Dernière mise à jour: 01.04.2024 à 10:18 heures
Alessandro Mangiarratti a-t-il changé de statut depuis son arrivée à ls tête d'Yverdon Sport et ses premières victoires en Super League? Il assure ne pas se poser la question.
Photo: freshfocus
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Yverdon Sport reçoit YB ce dimanche (14h15) en espérant, encore une fois, faire tomber un «gros» à domicile, dans ce Stade municipal où même l'invincible Servette FC est venu chuter en 2024. Le FC Zurich en est reparti deux fois vaincu, par exemple, et ces performances sont également à mettre au crédit d'Alessandro Mangiarratti, lequel a été appelé en cours de saison pour succéder à Marco Schällibaum, dont le départ avait été mal perçu par les supporters et plusieurs observateurs de la vie du club nord-vaudois.

Si Yverdon Sport doit toujours lutter pour sa place en Super League, et que les résultats à l'extérieur sont loin d'être brillants, Alessandro Mangiarratti a marqué des points sur le plan personnel et évacué une grande partie des doutes ayant escorté ses premiers pas en Super League. Mais il le sait: son adoubement complet dans le Nord vaudois passera par le maintien dans l'élite du football suisse.

En attendant, le technicien de 45 ans livre un aperçu de sa méthode et de sa personnalité, en huit points, lui qui a débuté au Team Ticino, avant de devenir sélectionneur adjoint de la Suisse M17, puis entraîneur principal du FC Chiasso, d'YB M21, de Vaduz et enfin d'Yverdon Sport le 31 octobre 2023.

A-t-il le sentiment d'être enfin devenu «Alessandro Mangiarratti, l'entraîneur d'YS» et plus «le successeur de Marco Schällibaum»?

Il n'y aura jamais seulement Alessandro Mangiarratti, je pense! Je dis ça, parce que j'ai désormais l'habitude de répondre à cette question depuis le début. Marco, ce qu'il a fait à Yverdon, c'est important. Je peux le dire autant de fois que nécessaire. Il a travaillé, je pense, 30 ans dans le football suisse. Il a entraîné beaucoup d'équipes en Suisse, c'est normal qu'il ait un poids spécifique plus grand que moi, peut-être. Moi, j'ai encore tout à prouver. Ce n'est pas un problème. Et aujourd'hui, je dois surtout remercier les joueurs qui ont cru à ce qu'on fait sur le terrain. Ils ont fait de belles performances. C'est un boulot d'équipe. Peut-être que mon nom est un peu plus haut grâce à ça, mais le plus important, c'est toujours l'équipe, toujours Yverdon, ce n'est pas que je gagne du crédit ou pas.

Entraîner en 1re ligue ou en Super League, est-ce le même métier?

Il y a des changements. Mais attention, en 1re ligue, tu peux bien travailler aussi! L'exigence change un peu, quand même. L'intensité, la qualité aussi. Donc oui, quelque part, c'est le même métier, mais je ne peux pas dire que c'est la même chose. Par rapport à celui que j'étais à Vaduz, j'ai déjà fait évoluer ma façon d'entraîner, j'essaie de m'améliorer, de me remettre en question. Disons que j'ai évolué dans la manière de transmettre mes idées à mes joueurs, j'essaie d'être plus efficace. Ensuite, je pense qu'il y a une mentalité de lieu. A Vaduz, on pense comme ça. A Yverdon, c'est autre chose. On peut s'adapter, mais il faut y mettre de l'énergie et là, pour revenir à la question, je peux répondre que c'est la même partout. C'est 100%. On peut dire qu'être entraîneur, c'est du 24h sur 24, je n'ai pas peur de le dire.

Est-il possible de déconnecter du football, même une heure?

Pour moi, c'est clair, ma limite, c'est la famille. Quand je rentre, que je suis avec eux, je déconnecte. Mais pour le reste, attention, quand je dis qu'être entraîneur c'est du 24/24, ce n'est pas quelque chose de négatif. J'ai du plaisir à le faire. La clé, je crois, c'est d'instaurer une bonne ambiance de travail. Il faut de l'énergie pour tenir.

Ivan Juric a dit un jour que même quand il parlait à sa femme, il pensait à Serge Gakpé, un de ses joueurs...

Non, pas moi (rires). Je préfère évoquer Sinisa Mihajlovic, lequel disait lui, je crois, que pour être entraîneur, il faut avoir un diplôme en préparation physique, en psychologie, en technique, en tactique... Il faut être capable de maîtriser chaque aspect qui peut survenir dans une équipe de football. C'est clair que c'est un travail difficile. Après, s'évader un peu, c'est important quand même. Sortir le soir, aller manger avec le staff, une pizza pour se lâcher un peu... Mais à la fin, le foot, c'est une passion. Ce n'est pas un travail comme les autres. Oui, il y a de la pression, oui on est tout le temps dedans, mais ce n'est pas grave.

Un entraîneur de Super League passe-t-il son temps à regarder des matches, s'intéresse-t-il à tout?

Avec mon staff ou tout seul, je regarde la Champions League le soir, puis les autres matches... Il y a déjà beaucoup de matches à regarder pour superviser les adversaires en Super League. Sincèrement, je regarde aussi parfois autre chose, des films, pour couper un peu... Mais la vérité, c'est qu'il y a quelques jours, j'étais tellement fatigué que j'ai regardé seulement la première mi-temps de la Champions League!

Est-il vrai qu'il a quitté Vaduz épuisé?

Ce n'est pas tout à fait ça. Il faut bien remettre la situation dans le contexte. On s'était qualifiés pour la phase de groupes de la Conference League, ce qui était un miracle sportif. Je poussais dans une direction, le club dans une autre... Et là, je me suis dit que je n'avais pas vraiment la possibilité d'avoir un impact. Je pensais avoir tout donné et je n'avais pas de retour. Je me suis dit que ça suffisait. Ce n'est pas que j'étais cassé ou fatigué. On peut dire que j'ai fait une erreur, mais on ne fait jamais des erreurs, on apprend. Là, j'ai appris (sourire). Je pensais que j'avais tout donné, simplement. C'était bien comme ça. Quelquefois, c'est mieux de partir que de se faire limoger, parce qu'à la fin, on ne pouvait pas avoir de succès.

Comment a-t-il géré la toute première conférence de presse?

C'est clair que ce n'était pas confortable. C'était compliqué pour l'environnement du club de voir partir Marco Schällibaum. J'étais un peu la cible ce jour-là, ou peut-être que le club était la cible, je ne sais pas. Mais c'est normal. Oui, je me suis bien préparé à cette présentation Pas de souci, ça fait partie du boulot. Les matches sont importants, mais bien gérer la presse, bien gérer la communication, c'est très important aussi.

A-t-il été nécessaire de changer le style de jeu au fil de la saison?

On essaie de jouer, mais chaque match est un peu différent. Les adversaires sont différents, la qualité des adversaires aussi, la qualité du terrain également. On essaie quand même de mettre des idées en place. Je pense qu'on n'est pas encore là où on veut aller, parce qu'on travaille beaucoup sur la maîtrise, mais sur le terrain, on n'y est pas encore tout le temps. Je trouve qu'on est plus compacts, qu'on travaille mieux ensemble en phase défensive. Avec la balle, on ne prend plus autant de risques. Mais on peut encore s'améliorer, c'est sûr, à tous les niveaux.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Zurich
FC Zurich
14
7
26
2
FC Bâle
FC Bâle
14
20
25
3
FC Lugano
FC Lugano
14
6
25
4
Servette FC
Servette FC
14
2
25
5
FC Lucerne
FC Lucerne
14
4
22
6
FC St-Gall
FC St-Gall
14
6
20
7
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
14
2
20
8
FC Sion
FC Sion
14
0
17
9
Young Boys
Young Boys
14
-5
16
10
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
14
-10
15
11
FC Winterthour
FC Winterthour
14
-21
11
12
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
14
-11
9
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