«Dès que je l'ai vu en vidéo, je suis tombé amoureux! Je parle de football bien sûr!», s'esclaffe Filippo Giovagnoli au sujet de la dernière recrue en date d'Yverdon Sport, le meneur de jeu uruguayen Franco Gonzalez (20 ans). «Sérieusement, je n'ai pas eu besoin d'un temps de réflexion immense pour me dire que ce joueur était spécial. Je me suis dit qu'il fallait qu'on fasse tout ce qui était possible pour le recruter. Je vais être complètement honnête: au vu de son talent et de son profil, je ne pensais pas que ce serait faisable. Mais je ne voulais pas passer à côté», complète le directeur technique d'Yverdon Sport. Mission réussie: la semaine dernière, le club nord-vaudois annonçait l'arrivée en prêt pour une année de ce milieu offensif surnommé «El Cepillo», que l'on peut traduire par «Le Pinceau».
Numéro 10 de l'Uruguay champion du monde M20 en 2023, le meneur de jeu a battu lors de la finale l'Italie d'un certain Simone Pafundi. C'est peu dire qu'il était, et est toujours, suivi par beaucoup de formations européennes, tant son talent est évident. D'où la question, légitime, de savoir pourquoi il a choisi Yverdon comme première étape hors de son pays natal.
«Je comprends votre question, bien sûr, et je ne la prends pas mal. Déjà, il faut expliquer comment nous fonctionnons. Nous avons un réseau de scouts très important et très puissant, notamment grâce à l'impulsion de notre président Jeffrey Saunders. Ce réseau a un oeil partout et les bonnes connexions, sait à quelle porte toquer pour avancer. Nous avons identifié, ici à Yverdon, un besoin sur le poste de milieu offensif. Nous voulions un joueur créatif. Notre cellule de scouting a identifié Franco, son profil a été validé par tout le monde, et nous avons essayé d'avancer», détaille l'Italien. Encore fallait-il qu'El Cepillo et ses conseillers soient convaincus qu'Yverdon et la Suisse étaient la bonne étape pour continuer à progresser sur le chemin d'une carrière que tout le monde espère glorieuse.
«En une semaine, tout était bouclé»
«En fait, pour être transparent à 100%, le deal s'est fait très rapidement. Le joueur pensait que c'était le bon moment pour partir en Europe et nous sommes persuadés qu'il est parfait pour nous. En une semaine, tout était bouclé. Il y a tellement de talents en Amérique du Sud qui ne demandent qu'à venir en Europe... L'idée, c'est d'offrir les conditions idéales pour que Franco puisse s'épanouir chez nous. C'est cela qui a fait la différence, je pense. Nous avons un projet sérieux, qui a pu être démontré la saison dernière avec notre maintien et la façon dont nous travaillons. Nous avons prouvé être dignes de confiance et Franco et ses conseillers l'ont vu. La très bonne réputation de notre président dans le monde du football a aussi aidé», assure Filippo Giovagnoli.
N'est-il pas un peu déçu que l'arrivée du talent uruguayen n'ait été possible que sous forme de prêt? Igor Liziero, le milieu de terrain brésilien, était arrivé sous la même forme l'an dernier et, malgré des prestations solides, n'a pas pu être conservé. Où est l'avantage en matière de trading, le modèle économique qui doit permettre à Yverdon de grandir? «Tout simplement parce que nous avons une option d'achat. Ce n'est pas un prêt sec. C'était la même chose dans le cas d'Igor Liziero, d'ailleurs, mais nous n'avons pas voulu nous engager sur le montant du transfert. Par contre, nous l'avons fait dans le cadre de Mohamed Tijani et dans celui de Kevin Carlos. Dans ces deux cas, il s'agissait de prêts au départ, rappelez-vous. Pour Franco, nous aurons la possibilité de faire la même chose», enchaîne le directeur technique d'Yverdon Sport.
Quel est son réel potentiel?
«El Cepillo» n'a que 20 ans, mais déjà une belle expérience, que ce soit avec son mythique club de Penarol ou en équipe nationale juniors. Est-il proche de l'équipe A de Marcelo Bielsa? Quel est son potentiel réel? «Franco, c'est un jeune joueur. Oui, il a déjà un joli bagage, mais il est au début de sa carrière. Vous dire jusqu'où il va aller aujourd'hui, s'il va disputer une Coupe du monde avec l'Uruguay, s'il va être une star, personne ne peut le dire. Ce que nous espérons à Yverdon, c'est qu'il puisse avoir un impact sur notre championnat et sur notre saison, tout simplement. En Suisse, vous ne trouvez pas beaucoup de meneurs de jeu créatifs avec son gabarit, très fin, très technique. Il y a Simone Pafundi à Lausanne et nous avons vu qu'il pouvait être un joueur important, ce qui nous pousse à croire que Franco pourra aussi l'être. Mais attention, si Franco est technique et fin, il n'est pas fragile! Il a déjà plusieurs dizaines de matches à son actif en première division uruguayenne, une ligue dure. On a tous entendu parler de leurs défenseurs je crois (rires)... Il est solide sur ses appuis. Il n'avait pas le choix de toute façon!»
A peine arrivé en Suisse, l'Uruguayen a eu droit à une entrée en jeu face à Young Boys, lui qui a fait son apparition sur le terrain à la 67e. Et c'est peu dire que sa petite demi-heure de jeu a été convaincante. «Il a donné envie d'être revu, c'est sûr», admet Filippo Giovagnoli. Sera-t-il titulaire vendredi en Coupe de Suisse sur le terrain de Dardania Lausanne? Réponse imminente.
Une question se pose, à Yverdon plus qu'ailleurs. Le club nord-vaudois, qui continue de s'adapter à la Super League et cherche à faire évoluer ses structures, comme par exemple avec la construction d'une nouvelle tribune, doit également grandir en coulisses. Le personnel est réduit et l'accueil des nombreux joueurs étrangers, venus d'horizons fort différents en plus, n'est pas forcément évident.
L'intégration, un enjeu majeur
Comment éviter les coups de blues et aider un jeune joueur sud-américain à s'intégrer? «C'est un enjeu, acquiesce Filippo Giovagnoli. Nous sommes une petite structure, aucun doute. On peut le voir comme une faiblesse, mais aussi comme une force. Chez nous, tout le monde est disponible. Si un joueur a un souci, il peut appeler le team-manager, mais il peut aussi m'appeler moi. Tout le monde donne un coup de main, est disponible. Les joueurs sont bienveillants les uns envers les autres. Yverdon Sport, c'est une petite famille. C'est ainsi que je le vois. Vous voulez une preuve que les joueurs se sentent bien? Elle est sous vos yeux: ceux qui sont venus une fois ont envie de nous retrouver. Marley Aké et Dimitrije Kamenovic sont venus six mois en prêt depuis l'Italie. Ils n'étaient pas obligés de revenir. Mais ils sont de retour. Cela veut dire quelque chose de la manière dont nous travaillons.»
Sa fiancée est à Yverdon avec lui
Franco Gonzalez, lui, en est au début de son aventure yverdonnoise. Est-il seul ici? «Non, il est arrivé avec sa fiancée. Elle parle plusieurs langues, elle est là avec lui et tout le monde au club est prêt à les aider dans leur intégration. Nous nous occupons bien de lui, ne vous inquiétez pas (rires)!»
Plutôt Kevin Carlos ou Dominic Corness?
En sachant bien sûr que le jeu des transferts est par définition aléatoire et qu'Yverdon a frappé très fort l'an dernier en faisant exploser Kevin Carlos, sans doute le meilleur rapport qualité-prix de toute la Super League, mais aussi connu quelques déceptions, à l'image de Dominic Corness (20 ans, capitaine de la réserve de Liverpool), dont le passage aura été transparent. L'idée de départ est plutôt que Franco Gonzalez s'inscrive dans la première catégorie, mais, comme toujours, seul le terrain apportera la réponse. Yverdon, en tout cas, assure faire le maximum afin de créer des conditions idéales autour de lui.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Lugano | 18 | 6 | 31 | |
2 | FC Bâle | 18 | 21 | 30 | |
3 | FC Lausanne-Sport | 18 | 9 | 30 | |
4 | FC Lucerne | 18 | 3 | 29 | |
5 | Servette FC | 18 | 2 | 29 | |
6 | FC Zurich | 18 | -1 | 27 | |
7 | FC Sion | 18 | 4 | 26 | |
8 | FC St-Gall | 18 | 6 | 25 | |
9 | Young Boys | 18 | -4 | 23 | |
10 | Yverdon Sport FC | 18 | -12 | 17 | |
11 | Grasshopper Club Zurich | 18 | -10 | 15 | |
12 | FC Winterthour | 18 | -24 | 13 |