Marco Schällibaum l'a encore mauvaise, trente-cinq ans plus tard. Après avoir perdu 2-0 au match aller aux Pays-Bas, Servette reçoit Groningue le 9 novembre 1988 au deuxième tour de la Coupe de l'UEFA, devant 12'000 spectateurs surchauffés aux Charmilles. Et c'est lui, Marco Schällibaum, qui ouvre la marque au retour à la demi-heure de jeu.
«Mais ce que je n'ai pas oublié, c'est que j'ai marqué deux fois dans ce match et que l'arbitre a annulé mon deuxième but pour un hors-jeu inexistant. Il n'y avait pas la VAR...», grince encore aujourd'hui le Zurichois. Groningue égalisera à la 64e et éliminera donc une équipe de Servette impressionnante sur le papier.
Avec Lucien Favre, José Sinval, Christophe Bonvin, John Eriksen et Karl-Heinz Rummenigge, rien que ça, le SFC avait de quoi espérer un meilleur parcours européen.
Servette peut-il perdre contre Yverdon et battre la Roma la même saison?
Après avoir mis un terme à sa carrière de joueur, Marco Schällibaum a retrouvé Servette comme entraîneur, en 2003, et a ensuite affronté le club grenat à plusieurs reprises. La dernière en date est plutôt un bon souvenir pour lui, d'ailleurs, vu que son Yverdon Sport a laminé le SFC 4-1 en Super League voilà à peine plus d'un mois. Dès lors, la question se pose: l'équipe de René Weiler peut-elle perdre contre Yverdon et gagner un match de poules d'Europa League la même saison? L'interrogation fait sourire le technicien: «C'est à eux d'apporter la réponse, pas à moi. Ils ont la qualité dans l'effectif pour bien figurer en Europe, j'en suis persuadé. C'est dans leurs mains, c'est possible!»
La clé, pour l'ancien joueur et entraîneur du SFC, sera de croire en ses chances, d'oser. En une phrase, de faire preuve de courage, soit exactement ce qu'avait demandé Raphaël Wicky à ses joueurs d'YB mardi face à Leipzig. «Oui, c'est important, et ce n'est pas qu'une expression. Encore trop souvent aujourd'hui, on a cette mentalité en Suisse d'être petit, de ne pas exprimer ses qualités. Mais moi j'ai vu un très bon YB contre Leipzig mardi. J'ai eu un petit peu peur durant les dix premières minutes, mais ils ont bien réagi, ils sont revenus, ils ont regardé une des meilleures équipes d'Allemagne dans les yeux. J'espère voir la même chose de Servette ce jeudi et je suis sûr qu'ils n'ont pas à avoir peur du Slavia. Cette mentalité-là, il faut l'oublier.»
Servette peut-il sortir dans les deux ou trois premiers de cette poule à quatre avec l'AS Rome et le Sheriff Tiraspol? «Oui. Mais tout dépend comment ils commencent. On peut tout se dire, que la Roma a battu Empoli, que Servette a perdu contre Yverdon, mais tout ça, ça ne comptera pas dès le coup d'envoi. On a un bon championnat, avec de l'intensité, il ne faut pas sous-estimer la Super League. Il ne faut pas se cacher! Servette a failli aller en Champions League, il ne faut pas l'oublier et y aller à fond. Contre Glasgow, le stade était plein, et Dieu sait à quel point je suis conscient que c'est difficile de remplir un stade à Genève... C'était extraordinaire et c'est un privilège», rappelle l'ancien joueur du SFC.
La Coupe d'Europe, un moment toujours magique
«Quand je repense à ces matches de Coupe d'Europe, j'en ai des frissons, même 35 ans après! Quand tu peux jouer ces rencontres, voyager sur tout le continent, recevoir des grandes équipes... Même si ce n'est pas la Champions League, ses stars et ses millions, l'Europa League c'est formidable. Pour moi, c'était toujours magique... et ça l'est encore aujourd'hui», s'enthousiasme Marco Schällibaum, lequel compte plusieurs anciens joueurs du SFC dans son effectif.
Une délégation yverdonnoise attendue à Genève jeudi
Une partie d'entre eux vont d'ailleurs se rendre à Genève jeudi pour soutenir leurs anciens coéquipiers. «On va partir après l'entraînement avec Anthony Sauthier, Boris Cespedes... On va convaincre Varol Tasar de venir aussi!», dévoile William Le Pogam, qui a gardé d'excellentes relations avec plusieurs joueurs de l'effectif actuel.
«Je me rends compte que le coach était meilleur que moi!», sourit le latéral gauche, lequel n'a pas encore disputé de matches européens dans sa carrière. Pense-t-il Servette capable de gagner ce jeudi? «Je ne ne connais pas le Slavia Prague honnêtement, mais je suis sûr que Servette va faire un bon match! Ils ont des bonnes individualités et ils peuvent faire quelque chose. Je suis d'accord avec le coach, il ne faudra pas se cacher, il faudra oser!»