Une riche histoire européenne

Les cinq fois où Servette a fait vibrer la Suisse

Servette a connu énormément de beaux moments sur la scène continentale depuis près de septante ans que les coupes européennes existent. Blick vous propose de vous replonger au cœur de cinq d'entre eux.

Deux défaites 2-0 et 5-0: ce n'est pas pour le résultat que le Servette FC peut être légitimement fier d'avoir affronté le Real Madrid en 1955, mais bien parce que cette double confrontation est la première de l'histoire des deux clubs sur la scène européenne, ce que le géant castillan ne manque pas de relever à chaque fin d'été.

Le nom de Servette revient ainsi sur le devant de la scène à chaque mois de septembre, tant le prestige du Real est grand. Seule légère déception, le match aller n'est pas le premier de l'histoire du football européen de clubs, vu que le Sporting Portugal et le Partizan Belgrade s'étaient affronté quelques jours auparavant.

Les vedettes de l'époque s'appelaient Paco Gento et Alfredo di Stefano côté madrilène, tandis que l'homme fort du Servette FC n'est autre que le légendaire entraîneur Karl Rappan, l'inventeur du verrou. Celui-ci a cependant cédé deux fois aux Charmilles devant 6500 spectateurs et cinq fois au retour à Madrid, où près de 80'000 spectateurs étaient venus assister à la première victoire à domicile du Real en C1. La première d'une très longue série…

Jacky Fatton, sans doute le joueur le plus légendaire de l'histoire du club grenat, a marqué trois fois, Giuliano Robbiani une fois et le Servette FC de Jean Snella, autre nom mythique d'entraîneur, a battu le Dukla Prague en ce huitième de finale aller de Coupe des clubs champions 1961, après avoir sorti Hibernians (Malte) au tour précédent Le football tchécoslovaque était extrêmement réputé à cette époque et le gouvernement redouté: Servette s'inclinera au retour sans Valer Nemeth, Didier Makay et Peter Pazmandy, ses trois cadors hongrois, qui n'avaient pas effectué le voyage à Prague, n'étant pas les bienvenus en raison de leur nationalité.

Servette a connu beaucoup de belles saisons au cours de sa riche histoire, mais 1978/79 restera la plus belle, probablement pour l'éternité. Il sera en effet impossible de faire mieux que cet incroyable quadruplé: championnat de LNA, Coupe de Suisse, Coupe de la Ligue et Coupe des Alpes! Aucun club suisse n'a réussi pareil exploit, lequel a été encore magnifié par un quart de finale de Coupe des Coupes.

Après avoir sorti le PAOK Salonique, pas une mince affaire, Servette s'est attaqué à Nancy, le club de Michel Platini. Le futur meneur de jeu de la Juventus n'était pas sur le terrain, blessé, et Servette en a profité pour s'imposer (2-1 et 2-2), affrontant ensuite le Fortuna Düsseldorf.

Le match aller s'est très bien déroulé (0-0 en Allemagne) et il ne restait donc «plus qu'à» finir le travail aux Charmilles où... 23'000 spectateurs s'étaient entassés! Düsseldorf ouvre la marque, Didi Andrey égalise et Servette pousse tant et plus pour se qualifier, avec une équipe légendaire. Tous les noms mériteraient d'être cités, du gardien Karl Engel à Marc Schnyder en passant par Piet Hamberg et Joko Pfister, sans oublier l'entraîneur Peter Pazmandy.

Près de cinquante ans plus tard, cette équipe fait encore la fierté du peuple grenat.

Le Slavia Prague (déjà!), Saragosse et le Hertha Berlin: le tableau de chasse du Servette FC a de l'allure lors de cette Coupe de l'UEFA 2001/2002. Les Servettiens ont enflammé les Charmilles et ont réalisé l'un des plus grands exploits européens de leur histoire en allant battre le Hertha 3-0 à Berlin, dans son mythique Olympiastadion.

Le 6 décembre, l'équipe de Lucien Favre choque toute l'Europe dans ce troisième tour après le 0-0 de l'aller. Hilton, Alexander Frei et Goran Obradovic marquent les trois buts de la nette victoire servettienne, laquelle est acquise avec un certain style.

L'équipe s'attire une sympathie dans tout le pays grâce à la qualité de jeu qu'elle proposait, ce qui est la marque de fabrique de Lucien Favre, mais aussi en raison de la personnalité de ses joueurs. En plus des trois buteurs du jour, qui appartenaient tous trois à l'élite des joueurs du championnat de Suisse, Servette s'alignait avec des figures romandes respectées et appréciées comme Eric Pédat, Oscar Londono, Sébastien Fournier, Johann Lonfat et Christophe Jaquet et rassemblait donc la Suisse francophone, du Valais à Fribourg en passant par le Canton de Vaud.

L'épopée s'arrêtera en huitièmes face à Valence, avec quelques regrets. Certes, Valence s'est imposé 3-0 dans son Mestalla avec sa multitude d'internationaux espagnols, mais Servette n'était pas si loin dans le jeu, comme l'a prouvé le 2-2 des Charmilles au retour. Il s'agit du dernier beau parcours servettien, voilà plus de vingt ans déjà.

L'expulsion d'Enzo Crivelli après quelques minutes aurait pu (dû?) être le tournant du match et enterrer tous les espoirs de qualification genevois lors de ce match retour à Genk, cet été. Après le match nul de l'aller, Servette se retrouve donc en difficulté, mais reste dans le match grâce à une force de caractère phénoménale. Deux fois, Genk prend l'avantage… et deux fois, Servette revient au score grâce à Timothé Cognat et Chris Bedia. Les Grenat s'imposent ensuite aux tirs au but, décrochant leur ticket pour affronter les Rangers. La défaite face au club écossais envoie tout de même les Grenat en phase de poules de l'Europa League, une juste récompense après leur belle saison 2022-23.