Les supporters du Servette FC, encore plus que les joueurs, attendaient ce tirage au sort de l'Europa League avec une impatience aussi grande que l'euphorie européenne qui règne à La Praille depuis le début de la saison. L'enjeu était double pour les fans: savoir si Servette aurait une chance raisonnable de terminer dans les deux premiers, mais aussi, et peut-être surtout, pouvoir commencer à organiser les trois déplacements.
Le résultat? Doublement satisfaisant. D'une part, derrière le grand favori que sera l'AS Roma, la lutte sera ouverte pour la deuxième place et Servette, s'il possède moins d'expérience récente sur la scène européenne que le Slavia Prague et le Sheriff Tiraspol, peut espérer rivaliser avec ces deux formations. Et du point de vue des voyages, ce groupe concentre tout ce qui plaît à un supporter: un stade mythique (l'Olimpico), qui plus est situé à une distance raisonnable, une ville fort sympathique (Prague) et une bonne dose de découverte (Tiraspol).
Le Sheriff, moins fort qu'avant, mais...
Le déplacement en Transnistrie pour affronter le Sheriff ne sera pas simple à organiser au vu des conditions actuelles. Cette république pro-russe, coincée entre la Moldavie et l'Ukraine, fait partie administrativement de la Moldavie, et vit actuellement des temps incertains, pour rester mesuré.
Sur le terrain, le Sheriff apparaît bien moins redoutable qu'il y a deux ans, lorsqu'il avait battu successivement le Shakhtar Donetsk et le Real Madrid en phase de groupes de la Champions League. Le fait que l'un de ses héros des dernières semaines s'appelle Armel Zohouri, ce latéral ivoirien en grande difficulté au LS, devrait être en mesure de rassurer René Weiler et son staff.
Il n'en reste pas moins que le Sheriff, malgré toutes ses difficultés, a réussi à éliminer Farul Constanta, le champion de Roumanie, lors de la campagne qualificative pour la Champions League cette saison, ce qui n'est pas exactement un résultat anodin. Son parcours s'est poursuivi par une élimination de la compétition-reine face au Maccabi Haïfa, avant de remporter ses deux duels suivants face au BATE Borisov et au KI Klaksvik.
Le Slavia et son entraîneur savent reconstruire
Le Slavia Prague, quant à lui, a éliminé successivement deux équipes ukrainiennes, le Dnipro-1 et le Zorya Lougansk, ce qui ne dit pas grand chose de sa valeur réelle. La véritable star de cette équipe est son entraîneur Jindřich Trpišovský, lequel s'occupe des Stelliens depuis 2017 et y est devenu une véritable légende.
Technicien audacieux, charismatique, il arrive à chaque mercato à recomposer son effectif malgré les inévitables départs des joueurs vers de plus grandes ligues à l'image de Tomas Soucek et de Vladimir Coufal, deux joueurs qu'il a très largement fait progresser et permis d'être prêts pour le championnat anglais.
Il ne faut pas s'y tromper: quart de finaliste de l'Europa League en 2021, quart de finaliste de la Conference League en 2022, le Slavia est une équipe habituée aux joutes européennes, à leur exigence et à leur rythme, et Servette ne peut légitimement pas se présenter en favori face aux Tchèques, mais il ne faut pas en faire une montagne inaccessible non plus.
Avec le cœur présenté face à Genk et aux Rangers, en plus des évidentes qualités individuelles de ses joueurs, Servette ne part largement pas battu d'avance.
L'AS Rome attirera les «touristes»
Comme face à l'AS Roma, d'ailleurs, même si l'équipe de José Mourinho, autre entraîneur charismatique de cette poule G, apparaît comme la grande favorite de ce championnat à quatre. Nul besoin de présenter les joueurs de la Louve, qui feront le bonheur de ceux que les ultras servettiens appellent les «touristes». Il fait ainsi peu de doute que le match qui attirera le plus de monde à la Praille sera celui face à l'AS Rome, qu'il soit le premier, le deuxième ou le dernier des trois disputés à Genève.