Deux jours après la révélation de la maladie de Granit Xhaka, la polémique ne s'essouffle pas. Non vacciné, le capitaine de l'équipe de Suisse a contracté le Covid-19 comme neuf (!) de ses coéquipiers à Arsenal. Dimanche, la Nati devra composer sans son maître à jouer pour son choc au sommet contre l'Italie dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde 2022, comme elle l'a fait contre la Grèce mercredi dernier. De nombreuses critiques se sont élevées contre le fait que le milieu de terrain ne se soit pas soumis à la piqûre. Dominique Blanc, le président de l'Association suisse de football réagit.
Vous avez été hospitalisé à cause du coronavirus. Que pouvez-vous nous dire sur cette période?
Dominique Blanc: C'était une période très difficile. À cette époque (en avril 2020, ndlr.), on ne savait que très peu de choses du Covid. Aujourd'hui, je suis reconnaissant d'avoir survécu à la maladie sans aucune séquelle.
Comment avez-vous été physiquement pendant votre séjour à l'hôpital?
J'avais une mauvaise toux, des difficultés à respirer et j'étais extrêmement fatigué.
Pouvez-vous comprendre la décision du capitaine de l'équipe nationale Granit Xhaka de ne pas se faire vacciner?
C'est une décision très personnelle que de vouloir être vacciné ou non. En Suisse, chacun a le droit de décider pour lui-même. Cela vaut également pour le capitaine de notre équipe nationale.
Selon vous, a-t-il agi de manière négligente en tant que footballeur professionnel?
Notre capitaine a décidé de ne pas faire le vaccin. Nous respectons cette décision personnelle. Même si, en tant qu'association de football, nous recommandons la vaccination à tous nos membres. Chaque personne en Suisse a le droit de décider elle-même si elle veut se faire vacciner ou non. Granit est attaqué, accusé dans l'espace public et dans les médias, et est personnellement menacé et insulté. Nous ne l'acceptons pas et ne le tolérons pas. Nous défendons le respect et la tolérance, ce sont des valeurs essentielles de notre association. Nous appelons et demandons à tous de respecter et de tolérer cette décision personnelle de Granit Xhaka et de toute autre personne dans notre pays.
Vous étiez avec l'équipe nationale pendant l'Euro. Avez-vous parlé aux joueurs non vaccinés de votre propre expérience? Et cela a-t-il aidé à ce que la majorité de l'effectif soit vacciné?
La plupart des joueurs connaissent mon histoire, mais il n'a pas été nécessaire de les convaincre. Nous avons recommandé la vaccination, mais nous avons laissé à chacun le soin de décider de vacciner ou non. Aujourd'hui, 48 des 50 joueurs et membres du personnel de l'équipe nationale ont été vaccinés, ce qui correspond à un taux de 96 %. Nommez-moi une organisation ou une entreprise qui peut se vanter d'un tel taux. Ces chiffres montrent clairement que nous mettons également en œuvre ce que nous recommandons.
L'Association suisse de football a appelé ses 300'000 membres à se faire vacciner. Pourquoi et quelle a été la réaction?
Nous voulons contribuer à contenir le virus, à réduire le nombre de personnes qui tombent malades ou qui doivent être isolées ou mises en quarantaine. L'isolement et la quarantaine ont toujours un impact sur la vie privée et professionnelle des personnes concernées et, bien sûr, sur les matches et les entraînements. Nous voulons que le moins de personnes possible dans nos clubs entrent en contact avec le virus et se contaminent ou contaminent d'autres personnes. Cette recommandation a été approuvée par les associations régionales. Jusqu'à présent, la majorité des réactions ont été positives.
Le Covid vous a-t-il forcé à annuler des rencontres?
Pas jusqu'à présent, heureusement. Et notre recommandation devrait contribuer à ce que cela reste ainsi.
Pourquoi l'ASF et la Nati ont-elles refusé de collaborer avec l'OFSP dans le cadre d'une campagne?
Nous travaillons avec l'OFSP depuis le début, en proposant d'ouvrir les portes à nos joueurs de l'équipe nationale pour qu'ils puissent s'exprimer de manière personnelle. Nous avons envoyé une recommandation de vaccination à nos membres et avons ainsi adressé et sensibilisé plus d'un demi-million de personnes. Vous ne pouvez certainement pas parler de refus.