Si la Suisse a réalisé un parcours historique à l’Euro, elle le doit en grande partie à Granit Xhaka. Le Bâlois a été admirable par ses prestations sur le terrain mais aussi sa capacité à mobiliser ses troupes, à les transcender pour réussir l’impossible et éliminer la France. Le capitaine exemplaire de la Nati avait fini de convaincre les derniers indécis.
«Un capitaine n’est qu’un être humain»
Pourtant, mercredi, l’armure du chevalier sans peur ni reproche s’est fissurée. Granit Xhaka a vraisemblablement contracté le Covid-19. Il a ressenti des symptômes au réveil, le matin du match amical contre la Grèce qui a marqué les débuts de Murat Yakin avec la Nati. Son test PCR s’est en tout cas avéré positif (malgré un premier test rapide négatif).
Le milieu de terrain est le seul joueur de l’équipe nationale qui n’est ni vacciné, ni immunisé après avoir contracté la maladie. «Nous ne pouvons que donner des recommandations et respecter les choix de chacun», a résumé son sélectionneur Murat Yakin qui a refusé d’accabler son capitaine. Un rôle de leader qui implique de montrer l’exemple, non? «Oui mais un capitaine reste un être humain», a conclu le successeur de Vladimir Petkovic.
Un timing catastrophique
Si l’erreur est humaine, la décision de Granit Xhaka est un choix. Avec le vaccin, le Rhénan aurait réduit ses risques de tomber malade et de transmettre le virus à ses coéquipiers. Cette regrettable infection aurait pu surgir en plein Euro, alors que la Nati a voyagé aux quatre coins du Continent. La belle épopée sportive et l’euphorie populaire qui avait suivi n’auraient alors jamais existé.
La vaccination est un sujet épidermique qui divise jusque dans les familles du pays. Le faible taux de Suisses complètement vaccinés (52%) incarne cette méfiance. Mais l’Association suisse de football a choisi son «camp». Elle a envoyé ce mercredi matin, au moment même où son capitaine constatait ses symptômes, une lettre à ses 300’000 membres et 1400 clubs. Le message était clair: «vaccinez-vous!» Le timing est donc catastrophique et l’infection d’un Granit Xhaka réfractaire implique des dégâts d’image importants.
Granit Xhaka a encore un dernier espoir. Si son deuxième test PCR s’avère négatif jeudi, alors il pourrait prendre part au match importantissime contre les champions d’Europe italiens dimanche à Bâle. Un choc dans ces qualifications pour la Coupe du monde 2022 qui s’annoncent déjà compliquées avec l’absence de nombreux cadres (Freuler, Shaqiri, Embolo, etc.).
Que Xhaka joue ou reste confiné dans sa chambre d’hôtel, la question du vaccin demeure. Le joueur d’Arsenal a fait passer ses convictions personnelles avant l’équipe de Suisse. Une décision égoïste qui serait difficilement acceptable pour n’importe quel joueur, mais qui devient incompréhensible pour le capitaine. Ce dernier avait déjà fauté juste avant le départ à l’Euro en allant se faire tatouer sans masque alors que le groupe devait s’isoler socialement.
Une piqûre plutôt qu’un coup de ciseaux
Il sera désormais intéressant de voir comment l’ASF et le capitaine vont gérer la polémique qui va enfler ces prochaines heures. Le joueur va-t-il prendre la parole? Si oui, pour s’excuser ou au contraire pour défendre sa position? «L’affaire Xhaka» n’est qu’à ses débuts. On en vient déjà à regretter le temps où c’était sa coupe de cheveux qui faisait grincer des dents.