«Franchement, ce qui m'a fait le plus bizarre, c'est quand on a commencé à le voir dans des publicités! Il y a quelques années, avant les Coupes du monde ou les Euros, on voyait les spots à la TV avec Shaqiri et tous les autres. Mais là, voir Dan, ça m'a fait quelque chose», avoue Eva (18 ans), laquelle s'habitue gentiment à la célébrité croissante de son grand frère.
«Quand il jouait à Lausanne, au tout début de sa carrière, mes amis savaient que j'avais un frère qui jouait au foot, mais ça s'arrêtait là. Mais je suis allée étudier un moment à Bâle et c'est là que j'ai compris que ça devenait sérieux, quand les gens de ma classe ont commencé à me demander un autographe de Dan ou même un maillot», enchaîne Eva, dans cet hôtel du centre-ville de Cologne où sont réunies à l'initiative de l'ASF les familles des joueurs de la Nati durant la première semaine de compétition. Dimanche, à l'issue du match face à l'Allemagne, les familles et les 26 joueurs pourront se retrouver et passer du temps ensemble. Mais pour l'heure, il faut se contenter de quelques minutes au stade après les matches. Et du téléphone, bien sûr.
L'Euro, une dimension supplémentaire
Assis à côté de sa petite sœur Eva, Issa (21 ans), qui a joué au football en 2e ligue inter à Saint-Prex, est, lui aussi, heureux de l'ascension de Dan: «La montée a été progressive. Il a débuté à Lausanne, puis Nice, Bâle, l'équipe de Suisse... On a eu le temps de s'y habituer, ce n'est pas venu d'un coup. Mais là, avec l'Euro, ça prend encore une dimension supplémentaire. La Serie A ou la Super League, ce sont les connaisseurs qui suivent. Mais quand c'est une grande compétition comme ça, tout le pays est devant la télévision. Même des gens qui ne regardent pas le football d'habitude. C'est vraiment une dimension en plus.»
Comment leur grand frère, âgé de 23 ans, gère-t-il le stress, d'ailleurs? «Ça va, franchement. Il est serein. On en parle souvent, il dit qu'il a besoin de ressentir de la tension, c'est normal, mais c'est du bon stress, celui qui stimule, pas celui qui inhibe», enchaîne Issa.
Du foot, du foot et du foot
Même si elle devient une habituée des stades, Eva tremble toujours pour son grand frère pendant les matches. «Je n'aime pas le voir au sol, j'imagine toujours le pire», explique-t-elle, elle qui a essayé de jouer au football à l'école, mais n'a pas accroché: «Je me suis dirigée vers l'athlétisme à la place.» Issa précise: «Les trois, on aime la vitesse!» Et, surtout, ils ont «bouffé du foot» depuis leur plus tendre enfance. «Ah ça, oui! Il y a toujours du foot à la maison, parfois sur plusieurs écrans en même temps. Notre père est un vrai passionné», expliquent Issa et Eva en chœur. «Des fois, c'est même un peu trop», sourit Eva.
Dan Ndoye est ainsi soutenu de très près en Allemagne, comme c'est le cas en général dans sa carrière. «Ma famille est très importante pour moi. J'aime passer du temps avec eux, ressentir leur soutien est important», a-t-il expliqué jeudi, au lendemain du nul face à l'Écosse.
La famille Ndoye est en effet au complet en Allemagne cet été puisque les parents de Dan, Saliou et Virginie, sont accompagnés d'Eva et d'Issa, mais aussi d'Alpha, le compagnon à quatre pattes. «On a ramené tout le monde», sourit Eva. Et pour les matches, le groupe s'agrandit, des cousins et des amis faisant le déplacement. «Nous allons rester jusqu'au bout, sans faire les aller-retour en Suisse. L'ASF s'occupe bien de nous, l'ambiance est très chaleureuse entre les familles malgré la barrière de la langue. Des fois, c'est vrai qu'on ne comprend pas tout, mais c'est toujours sympa», explique Issa. La Nati est donc loin, très loin, des tensions et des jalousies qui accompagnent parfois les familles des joueurs de l'équipe de France, par exemple.
Les critiques, un aspect à gérer
Si Dan va à toute vitesse sur le terrain, le monde impitoyable des réseaux sociaux peut parfois se montrer cruel après une occasion ratée. Comment Eva et Issa gèrent-ils cet aspect de la notoriété, qui peut faire très mal parfois? «On est humains, bien sûr que des fois ça nous touche. Mais Dan n'y fait plus attention et on suit cette voie. En tout cas, on essaie. C'est inévitable, même les meilleurs joueurs du monde sont critiqués sur les réseaux sociaux, donc on est obligés de faire avec», explique Eva. Issa, lui, publie de temps en temps des photos de son grand frère sur le compte officiel de celui-ci et voit passer les commentaires. «On a beaucoup parlé avec Dan de santé mentale, y compris dans un documentaire. C'est un aspect à gérer», reconnaît celui qui s'apprête à effectuer un stage au sein du département communication du Servette FC.
Et eux, comment communiquent-ils avec leur grand frère? Se permettent-ils parfois une petite critique? «Notre père est le plus exigeant, c'est normal. Il veut le bien de Dan, c'est évident, et il parle avec lui pour améliorer des points précis. Moi, je suis toujours le plus bienveillant et le plus positif», explique Issa. La famille Ndoye est soudée, cela se voit, cela se ressent. «Ils ne me mettent jamais la pression. Je n'ai jamais peur de les décevoir, parce que ce n'est pas ainsi que cela fonctionne dans notre famille. Je suis fier d'eux et eux de moi», explique Dan en toute honnêteté.
Une belle surprise pour la finale?
Et puis, bien sûr, il y a la grand-mère Bineta, qui suit les exploits de son petit-fils depuis le Sénégal et qui a eu droit à un appel Facetime après le succès face à la Hongrie, depuis le stade de Cologne. «Je reçois même des photos du Sénégal, les gens suivent les matches de la Suisse», explique Dan, lequel aura droit à une surprise de taille si la Suisse allait jusqu'en finale, le 14 juillet à Berlin. «J'ai promis à Bineta que si cela arrivait, elle serait dans le stade», assure Saliou, lequel fera tout pour tenir sa parole. Reste maintenant à Dan et à ses coéquipiers de la Nati à faire le boulot sur le terrain! En tribunes, en tout cas, la famille sera là pour le soutenir quoi qu'il arrive.