«On vient de la Broye.» Fribourgeoise ou vaudoise? «Fribourgeoise. Mais on s’en fout, la Broye c’est un canton à elle toute seule!», se marre ce supporter fort élégamment habillé en vache noire et blanche, en cette fin de matinée en plein milieu de la forêt jouxtant le stade du FC Cologne. C’est là au milieu des sangliers et des faons (lesquels ont dû avoir leurs fragiles tympans déchirés) que la «Schweizer Fankurve» avait donné rendez-vous à ses fidèles afin d’entamer sa procession en direction du stade.
Comment trouver le lieu? En suivant le bruit des haut-parleurs, bien sûr! La scène avait quelque chose de surréaliste, d’ailleurs. Après avoir quitté le bouillonnement du centre-ville de Cologne et de son «Neumarkt» un samedi matin, avoir marché une petite demi-heure, se dresse la très tranquille (d’habitude) forêt appelée Stadtwald. 200 hectares de quiétude absolue, un joli petit lac tout tranquille, de paisibles cygnes et, donc, plus de 2000 (au début) supportrices et supporters de la Nati réunis au son de «Sierra Madre», «’s Berner Oberland isch schön» et autres joyeusetés traditionnels. Les décibels claquent, la bière vole et les files d’attente pour refaire le plein sont longues de plusieurs dizaines de mètres. Et il n’est pas encore midi! Beaucoup d’entre eux sont arrivés le soir d’avant, et ont suivi le match d’ouverture Allemagne-Ecosse sur l’écran géant de la fan zone de Cologne. D’autres supporters ont quitté la Suisse samedi matin, se levant donc très tôt pour arriver à l’heure. D’autant que la Deutsche Bahn n’est pas réputée pour sa fiabilité et qu’il valait donc mieux prendre beaucoup de marge afin d’être sûr d’arriver à l’heure.
Les drapeaux valaisans sont indiscutablement les plus nombreux dans cette Stadtwald en ce samedi, et, en se baladant au milieu de cette joyeuse foule, impossible de ne pas entendre les différents accents romands. Les Genevois sont là, les Vaudois et les Jurassiens aussi, tandis que le canton de Neuchâtel est représenté par ces trois amis dont l’un deux porte fièrement sur ses épaules le drapeau rouge à croix blanche avec écrit «La Brévine» à l’intérieur. L’ambiance est joyeuse, et la cinquantaine de policiers présents encadrent la foule, laquelle grandit sans cesse, avec un mélange de bienveillance et de fermeté assez subtil et difficile à décrire.
Nos compatriotes d'outre-Sarine chantent aussi en français
Peu après 12h, Jérôme Lambert, le «Supporter Liaison Officer» commence à organiser la marche en direction du stade, laquelle est longue d’un peu plus de deux kilomètres. Le cortège se forme, démarre gentiment et la police locale estime alors le nombre de supporters entre 10’000 et 12’000! La petite heure de marche se déroule parfaitement, avec une majorité de chants en «schwyzerdütsch», mais aussi, c’est à souligner, un «Tous ensemble» parfaitement exécuté et repris en choeur.
Il est 13h passé de quelques minutes lorsque la joyeuse troupe pénètre dans le stade, chaque participante et participant passant tour à tour le contrôle de sécurité et prenant possession de sa tribune. Dans le stade, les forces sont équitablement réparties entre Suisses et Hongrois. Chaque délégation a rempli son secteur, derrière chaque but, et les billet restants ont été vendus dans des proportions similaires. Le stade pouvant accueillir 41’000 personnes, les estimations les plus raisonnables font état de 17’000 fans de chaque camp, le reste de l’enceinte étant composé d’Allemands ou d’invités.
Reste la grande question ? Qui a gagné le match des tribunes ? Avant le match, l’égalité est parfaite. A chaque performance vocale des Hongrois, les Suisses répondent parfaitement. Et le scénario du match, bien sûr, fera basculer la victoire dans le camp helvète, y compris en tribunes. Après la rencontre, les joueurs n’oublient pas de communier avec leurs supporters, qui ne demandaient que ça, et la belle histoire se poursuit en conférence de presse où tant Murat Yakin que Granit Xhaka ont tenu à les féliciter pour leur soutien et leur support constant. Un après-midi de rêve, donc, du début à la fin, pour l’entier de la délégation rouge à croix blanche.