Amoureux du Servette FC et entraîneur assistant depuis 2018, Bojan Dimic a vécu un dimanche après-midi fort en émotion. «J'ai personnellement pleuré», confie-t-il d'ailleurs quelques minutes après la remise de la Coupe de Suisse au Wankdorf suite à la victoire en finale face à Lugano.
Il faut dire que cette rencontre a été forte en émotions, tant pour les supporters grenat que luganais. Et elle a notamment été marquée par un changement de gardien à quelques secondes du terme de la prolongation, Joël Mall remplaçant Jérémy Frick. Mais qu'est-il donc passé à travers la tête du staff genevois? «Le coach aime ça, prendre l'adversaire par surprise, reconnaît Bojan Dimic, pas peu fier du coup réalisé. Nous en avions un peu parlé durant la semaine, sans rien dire à personne.»
Coup de poker réussi
Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, le numéro deux grenat s'en est allé à une autre confidence. «C'est quelque chose qu'il voulait faire à Plzen, mais on ne le sentait pas. Aujourd'hui, oui, et on l'a fait. Frick s'est comporté en très grand professionnel et c'est à saluer. C'est un coup de poker qui a fonctionné. Cela faisait 30 jours que je disais au staff et aux joueurs qu'on allait gagner la Coupe le 2 juin, mais je ne pensais pas la gagner de cette manière, avec ce suspense.»
Bojan Dimic et cette équipe du Servette FC ont ainsi pu remplir leur mission: faire rêver une nouvelle génération de supporters. «Nous avons gagné cette Coupe pour eux qui, pour qu'ils puissent le raconter à leurs enfants comme leurs parents l'ont fait avec eux. Ils le méritent. L'émotion était extraordinaire et j'ai rarement vu ça lors d'un match de foot me concernant. Cela restera gravé à jamais.»
«On ne pouvait pas perdre»
Chargé des coups de pieds arrêtés, le Serbe s'est employé à dresser, en concertation avec les joueurs, la liste des tireurs de la séance de tirs au but. «Quand j'ai demandé qui voulait tirer, tout le monde voulait prendre le cinquième tir, ce qui est normal, car il y a beaucoup de pression, explique le coach assistant. Mais je leur ai dit que ce n'était pas possible, qu'un seul pouvait tirer en cinquième. Micha (ndlr: Miroslav Stevanovic) s'est tout de suite lancé et j'ai tenté de mettre en confiance les autres.»
Ensuite, dès le 5e tireur, ce sont les joueurs qui ont pris leurs responsabilités. «Malheureusement, j'étais sûr que Théo (ndlr: Magnin) allait manquer, lance Bojan Dimic. C'était trop de pression pour lui, pour un jeune. Mais ensuite, Joël (ndlr: Mall) l'a arrêté et je savais que l'on allait gagner. On ne pouvait pas perdre.»
Bojan Dimic succèdera-t-il à René Weiler?
La fête a toutefois été quelque peu perturbée par l'annonce faite, dans la foulée, par René Weiler. Le Zurichois a en effet confié qu'il quittait son poste d'entraîneur des Grenat pour occuper un poste «encore à définir» au club. L'heure de Bojan Dimic aurait-elle donc sonné, lui qui a successivement été l'assistant à Servette de Meho Kodro, Alain Geiger et donc de René Weiler?
«Je fais mon travail dans mon club de cœur, j'ai des ambitions et je suis à disposition, quoi qu'il arrive, quelle que soit la demande. Je suis là si on a besoin de moi, mais je sais aussi où est ma place si quelqu'un d'autre arrivait», admet-il avant d'ajouter quelques arguments en sa faveur. «J'ai 50 ans cette année, j'ai vécu pas mal de chose et ce qui me manque est d'avoir eu un jour un club de Super League. Je ferai ce que le club me demandera de faire.» Nul doute que la réponse tombera bientôt. Parmi les candidats crédibles, figure également Adrian Ursea, récemment promu en Challenge League avec Etoile Carouge.