Celui qui fait la guerre ne peut pas jouer au football, disait-on lors du championnat d'Europe de football 1992. L'ex-Yougoslavie avait ainsi été exclue du tournoi. Le conseiller national libéral-radical bernois Christian Wasserfallen attire l'attention sur ce point. «Ce n'est toutefois pas à la politique de décider comment une guerre ou une guerre civile ouverte peut être comparée à la situation en Iran. Mais c'est à la FIFA, en tant qu'organisatrice de la Coupe du monde au Qatar, de prendre une décision à ce sujet», estime-t-il.
Christian Wasserfallen renvoie ainsi la balle à la Fédération internationale de football. Son ancien président Joseph Blatter a demandé, lors d'un entretien accordé à Blick, de contrer les derniers développements en Iran par une exclusion de leur équipe nationale. Une demande qui fait écho à l'exclusion de la Russie de la Coupe du monde depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine.
Même des écoliers arrêtés
Depuis la mort de Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour avoir mal porté son voile, la population est descendue dans la rue contre le régime des mollahs. Celui-ci gouverne avec violence, et fait régulièrement des victimes. Les organisateurs d'une manifestation iranienne de samedi dernier à Berne rapportent que même des écoliers sont arrêtés, violés et brutalement assassinés.
Tout comme Christian Wasserfallen, la conseillère nationale des Vert-e-s Natalie Imboden ne pense pas que la demande d'exclusion de Sepp Blatter soit complètement injustifiée. Elle déclare toutefois: «Ce qui est important, c'est que le Conseil fédéral agisse en Suisse vis-à-vis de l'Iran!» Elle comprend néanmoins cette requête. «Si, pour une fois, le sport a réagi plus rapidement que la politique, on peut espérer que cela aura un effet de signal sur le Conseil fédéral.»
Elle espère juste «que le régime d'injustice des mollahs sera rapidement stoppé et que l'agressivité contre sa propre population, notamment contre les femmes, prendra fin». La conseillère nationale socialiste Flavia Wasserfallen demande également que la Suisse reprenne les sanctions de l'Union européenne.
Où est la neutralité?
Roland Rino Büchel, spécialiste de la FIFA, défend en revanche un autre point de vue. Le conseiller national UDC déclare: «Lorsqu'il était président de la FIFA, Sepp Blatter a toujours défendu cette position: il y a beaucoup d'injustice dans le monde, mais le sport n'est pas le lieu où nous pouvons éliminer tout cela.» Si les sportifs se rencontraient sur le terrain et se mesuraient dans une compétition que l'on espère loyale, «cela pourrait peut-être contribuer à faire bouger les choses dans la bonne direction».
Il déplore: «Sepp Blatter s'engage même dans le comité de l'initiative pour la neutralité et demande en même temps l'exclusion. Il prend ainsi clairement parti, cela ne va pas vraiment ensemble.»
Et le président du centre Gerhard Pfister a même raillé sur Twitter: «Ce spécialiste reconnu de la FIFA en matière de bonne gouvernance se trompe.» Exclure des joueurs et des joueuses de tournois n'a pas de sens, «car ils ont fait quelque chose pour pouvoir participer».