Après 15 matches et une moyenne de 1,2 point par match, la direction de Young Boys a montré la porte à son entraîneur Patrick Rahmen. La volonté du club bernois? «Donner à l’équipe plus de confiance en soi et de stabilité» en nommant un nouveau coach, communiquait le club de la capitale. Autrement dit, créer le fameux «choc psychologique» qui doit permettre à une formation en mal de confiance.
Un terme qu'il n'est de loin par rare d'entendre dans le monde du football. Relève-t-il toutefois du mythe? Ou est-ce une réalité? Blick a posé la question à deux anciens footballeurs professionnels et un encore en activité. «Je crois que la vérité se situe au milieu des deux», répond tout d'abord Jérémy Manière, ancien défenseur central passé par Yverdon, Bienne et Lausanne notamment et qui compte plus de 200 matches en professionnel.
«Cela rabat les cartes»
Comment aborder ce sujet sans questionner un ancien du FC Sion, club champion de Suisse en titre du changement d'entraîneur? «Je pense que ça peut être quitte ou double», répond Kevin Fickentscher, ancien portier sédunois, retraité depuis quelques mois. «Les joueurs qui étaient titulaires doivent redémontrer qu'ils sont vraiment meilleurs que les autres. De l'autre côté, cela redonne une lueur d'espoir à ceux qui sont un peu à la cave. Cela les pousse à se bouger pour obtenir leur chance d'intégrer le onze de base. Ça rabat les cartes.»
«Ça met un coup de pied au cul de tous les joueurs. Quand j'étais titulaire, je me sentais menacé, alors que quand j'étais remplaçant, je prenais cela comme une chance de montrer que je valais mieux», explique Jérémy Manière qui ajoute, point important, que ce boost mental de dure pas longtemps. «Cela peut se maintenir sur quelques matches, mais tu ne peux pas miser uniquement sur ça. Un nouvel entraîneur est choisi aussi pour une méthode, pour des principes, pour ses qualités. Tu ne peux pas seulement faire appel à la capacité de révolte mentale ou psychologique des joueurs. C'est pour ça qu'on en fait un petit peu trop des fois sur le choc psychologique.»
L'exemple du FC Sion
Les exemples d'échec dans ce genre d'entreprise ne manquent d'ailleurs pas. Et ce n'est pas Kevin Fickentscher, qui a connu 34 mandats en Super League à Sion en 169 matches, qui dira le contraire. «J'ai déjà eu jusqu'à 3-4 entraîneurs lors d'une même saison, ça veut bien dire que des fois ça ne marche pas forcément de changer de coach. Il y a des cas où c'est vite parti en feu de paille. Parfois le mal est tellement profond qu'on peut mettre n'importe qui, ça ne changera pas énormément la dynamique de l'équipe.»
Comment ne pas penser au printemps 2023, lorsque après le licenciement de Fabio Celestini (0,33 point) qui remplaçait Paolo Tramezzani (1,33), le président Christian Constantin (0,50), David Bettoni (0,80) et une nouvelle fois Paolo Tramezzani (0) s'étaient succédé sur le banc du FC Sion pour un résultat nul? Jérémy Manière a, lui aussi, connu quelques changements d'entraîneur peu concluants.
Deux fois relégués malgré le changement
En 2010, lorsque Stefano Maccoppi (0,68) avait dû quitter Yverdon après 18 rencontres de championnat. Son successeur, Vittorio Bevilacqua (0,77), qui était également son prédécesseur, n'avait toutefois pas pu empêcher la relégation du club en troisième division en fin de saison. Comme à Lausanne, en 2018, lorsque Ilija Borenovic (0,25) avait remplacé Fabio Celestini (1,03) à la tête du LS. «Nous avions également coulé», commente Jérémy Manière, aujourd'hui responsable de l'administration de la Première Ligue.
«L'important et le plus compliqué, c'est de faire perdurer cette nouvelle énergie», commente Loris Benito, défenseur de Young Boys, qui vit donc justement un changement d'entraîneur actuellement. Il n'est d'ailleurs pas étonnant qu'il juge que cela a toujours un effet positif, lui qui a sans doute pu décrocher un nouveau titre de champion de Suisse au printemps grâce à une révolution de la sorte.