L'amertume de la défaite a rapidement fait place à celle de la bière. Plusieurs minutes après l'élimination de son équipe, Natan Jurkovitz répondait à nos questions, une mousse à la main. Mais elle était amplement méritée pour le joueur du 3x3 Fribourg qui, en plus d'avoir atteint les demi-finales avec ses coéquipiers, a activement participé à la mise en place du tournoi.
«Le sentiment qui prédomine maintenant, c'est que l'on a fait un truc énorme, s'exclame Natan Jurkovitz. Mais j'avoue qu'il y a dix minutes, j'étais dans mon coin. La défaite a fait vraiment mal. Je suis persuadé que l'on avait tout pour gagner.» Pour le Fribourgeois, le manque d'expérience a fait la différence lors de la demie contre les Japonais d'Utsunomiya.
Sur le plan sportif, l'aventure de l'équipe locale est donc mitigée. Mais sur le plan organisationnel, tout va pour le mieux pour Natan Jurkovitz et ses coéquipiers. «C'était complet lors des trois jours et c'est quelque chose d'incroyable, souffle le joueur d'Olympic. Quand j'ai vu les images de vendredi soir… Ouah, je n'ai pas encore les mots pour décrire tout ça.»
Un grand succès populaire
Du côté des organisateurs, on tire le même bilan que le joueur-président du 3x3 Fribourg. «Le bilan est extrêmement positif, souligne Zeki Ayan, président du comité d'organisation. Le public a répondu présent et c'était l'objectif No 1. Même si le sport est traître et que l'on aurait souhaité plus, le succès de l'équipe locale a contribué énormément à celui de l'événement. On ne peut que se satisfaire de leur très grand parcours et de ce succès populaire.» Car chaque jour, plus de 1000 personnes se sont rendues sur l'esplanade de Saint-Léonard pour encourager leurs protégés.
Même la météo a joué en faveur des organisateurs, sans aucune pluie de tout le week-end. Et le soleil de plomb de samedi a sans doute été apprécié par les gérants des buvettes. «Du moment que l'on avait la météo de notre côté, on ne pouvait que faire juste.»
Le Challenger de Fribourg a été un grand succès. On ne peut donc qu'imaginer que l'expérience sera renouvelée. Mais lorsque la question lui est posée, Zeki Ayan botte en touche ou, plutôt, à son voisin Romain Collaud. «Actuellement, on est dans l'émotion, temporise le conseiller d'État fribourgeois. Tous les voyants sont au vert pour repartir pour un tour, voire deux. Mais on doit faire le bilan ces prochains jours. Aujourd'hui, on est extrêmement motivés et j'aurais donc tendance à répondre plutôt oui. Mais attendons de voir.»
Saint-Léonard, le lieu idéal
De son côté, Natan Jurkovitz prend moins de pincettes que le conseiller d'État. «On a réalisé un truc incroyable et l'on va le refaire l'année prochaine, c'est sûr à 99,99%.» Si l'on part du principe que l'expérience sera renouvelée, sait-on déjà sous quelle forme? «Notre rêve avec Zeki, c'est de le faire sur le pont de Zaehringen», rigole Romain Collaud.
Sur une note un peu plus sérieuse, l'homme politique fribourgeois ne voit pas d'inconvénient à ce que l'événement soit délocalisé en ville, mais «à l'avenir». La place Georges Python n'est pas une option, car trop petite. «A Saint-Léonard, on a une place qui se prête très bien à cela avec les vestiaires ou le restaurant, soulève-t-il. On doit aussi créer un événement à côté, ne pas faire que du basket. Et le but est aussi de faire vivre cette partie de Fribourg qui est vouée au sport.»
Adieu au 5 contre 5?
Avant l'événement, Natan Jurkovitz nous confiait que son souhait était que cela devienne une tradition pour la population. Avec cette belle première pierre, l'édifice prend gentiment forme. Mais le Fribourgeois sait aussi qu'il y a encore du travail sur le terrain.
«On a beau être une équipe suisse, on n'en a pas la mentalité, précise-t-il. On veut être No 1 mondial et l'on va tout faire pour que, dans quelques années, on puisse se consacrer à 100% à ça. Pour le moment, notre gagne-pain est le 5 contre 5 mais il faudra faire un choix et l'on verra quand.» Ces envies d'abandonner le basket «classique» sont-elles propres à Natan Jurkovitz ou en a-t-il discuté avec ses coéquipiers? «Joker», répond habilement le joueur d'Olympic, ne voulant sans doute pas mettre ses amis dans l'embarras.