Après le décès de Muriel Furrer
Comment rendre le cyclisme professionnel plus sûr?

Quatre décès en un peu plus d'un an, dont celui de Muriel Furrer très récemment, auxquels s'ajoute une augmentation statistiquement prouvée des chutes graves. Pour les initiés du vélo, il est clair que le cyclisme doit devenir plus sûr. Voici leurs pistes de réflexion.
Publié: 08.10.2024 à 08:43 heures
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Dernière mise à jour: 08.10.2024 à 09:02 heures
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Muriel Furrer n'avait que 18 ans. Son tragique accident n'est toutefois pas le seul de ces dernières années.
Photo: Imago
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Mathias Germann

De nombreuses questions restent encore sans réponse en ce qui concerne l'accident et le décès de Muriel Furrer, disparue à 18 ans lors d'une chute lors des championnats du monde à Zurich. La police et le ministère public enquêtent. Pour le président du comité d'organisation Olivier Senn, il est toutefois clair que «de tels cas ne doivent plus se reproduire».

C'est précisément pour cette raison qu'il va lui aussi s'engager pour que la pression sur l'Union cycliste internationale soit renforcée. Mais quelles sont les améliorations en matière de sécurité qui sont en ligne de mire?

C'est justement lorsqu'il s'agit de l'accident de Muriel Furrer que des voix s'élèvent pour réclamer le suivi par GPS. Cela aurait permis de retrouver beaucoup plus rapidement la junior zurichoise qui, selon les informations de Blick, est restée au moins 75 minutes dans la forêt sans être découverte.

L'ex-professionnel Martin Elmiger en est convaincu: «Mon ancien collègue cycliste Steven de Jong a fait une sortie d'entraînement il y a quelques années. Il a fait une lourde chute et est resté inconscient derrière un mur. Comme il avait installé le suivi GPS sur son vélo, quelqu'un de sa famille a remarqué à la maison que le point ne bougeait plus. Ils se sont alors rendus vers lui - au point près. Heureusement, il va bien aujourd'hui».

L'explication de l'UCI étonne Martin Elmiger

Muriel Furrer n'a pas eu cette chance. Un tracker GPS, dont les données auraient également été vérifiées en direct, lui aurait-il sauvé la vie? On ne le saura sans doute jamais. Mais il est certain qu'elle aurait été découverte plus tôt.

«Le plus simple serait de donner à chaque coureur avant la course un bracelet qu'il devrait porter. On pourrait y intégrer, outre le tracker GPS, le transpondeur utilisé aujourd'hui pour mesurer les temps», estime Martin Elmiger. Une personne pourrait ainsi surveiller sur l'écran si tous les coureurs sont en mouvement. «Et si ce n'est pas le cas, prendre directement contact avec les directeurs sportifs dans les véhicules. Ceux-ci demanderaient par radio si tout est en ordre. Et en cas d'éventuel accident, ils pourraient s'y rendre eux-mêmes ou alerter les secours».

Martin Elmiger estime que l'investissement financier pour un tel système n'est pas particulièrement élevé - même pour les petites compétitions. Et d'ajouter: «Si cela nous permet de sauver ne serait-ce qu'une seule vie humaine, nous devons nous en donner les moyens». L'Union cycliste internationale (UCI) a récemment déclaré à la SRF qu'un suivi GPS n'était actuellement pas en mesure de localiser à tout moment tous les coureurs d'une course - en raison d'interruptions du signal. Ce n'est donc pas une solution de sécurité appropriée.

«Cette explication m'a beaucoup étonné», a déclaré Martin Elmiger. «Bien sûr, il peut arriver qu'il y ait des coupures radio. Mais ce n'est pas une raison pour renoncer complètement à cette technologie».

Les coureurs ne maîtrisent pas assez bien leur vélo

Lors de sa course aux championnats du monde, Muriel Furrer n'avait même pas de liaison radio avec la voiture de Swiss Cycling - ce qui est prévu lors des championnats du monde afin d'augmenter le suspense dans les courses. «Malheureusement, beaucoup de coureurs, surtout les jeunes, sont devenus des robots ces dernières années. Ils ne regardent plus que leur ordinateur de vélo et écoutent les instructions qu'ils reçoivent par radio», explique Bruno Diethelm. L'ancien entraîneur de l'équipe nationale de VTT ne demande pas seulement un système de suivi GPS, mais aussi une plus grande autonomie des coureurs. Celle-ci rendrait également le cyclisme plus sûr.

«Pour cela, il faut un changement de mentalité dans les équipes. Souvent, on ne regarde que la quantité de watts qu'un coureur peut pédaler en montagne. Si les valeurs sont bonnes, il obtient un contrat. Mais comment se déplace-t-il dans le peloton, comment aborde-t-il les virages, comment réagit-il dans les situations délicates? Il faut aussi tenir compte de ces choses». Comme Bruno Diethelm a identifié des déficits chez les coureurs sur route il y a des années déjà, il organise toujours des entraînements de cyclo-cross le mercredi soir dans la forêt et dans les prés - souvent sur un sol boueux. «C'est la meilleure façon d'apprendre à maîtriser son vélo», dit-il.

«Le trafic ralentit, mais nous allons de plus en plus vite»

Silvan Dillier en a longtemps fait usage - même lorsqu'il était déjà professionnel depuis longtemps. Il sait à quel point le maniement du vélo est important pour la sécurité. L'Argovien souligne que beaucoup de choses ont été faites récemment pour la sécurité - également lors des championnats du monde. «Le parcours était délimité par des grilles à de nombreux endroits, il y avait de grandes indications pour les virages, des tapis à presque tous les coins. De même, des îlots de circulation entiers ont été gommés pour les championnats du monde et les ralentisseurs ont été aplatis». Il voit une problématique fondamentale: «On essaie de ralentir le trafic automobile dans la vie quotidienne, mais nous, dans le cyclisme, nous allons toujours plus vite».

Cela peut être prouvé dans les faits: Les vitesses moyennes des coureurs sont de plus en plus élevées d'année en année. Matériel, entraînement, alimentation, récupération: tout devient de plus en plus professionnel. Comme dans le ski, il faudrait donc s'efforcer de rendre le sport plus lent. «On pourrait par exemple fixer des rapports de vitesse maximaux pour les courses. Il serait ainsi difficile, par exemple dans les descentes, d'accélérer encore plus», explique Fabian Cancellara, chef de l'équipe suisse Tudor Pro Cycling. Il faudrait également discuter des guidons devenus plus étroits au cours des dernières années - ce qui rend les vélos plus aérodynamiques, mais moins faciles à manœuvrer.

Des airbags? Des vêtements plus épais? Difficile...

Les idées d'utilisation d'airbags, de protections dorsales ou de vêtements plus épais ne rencontrent en revanche que peu d'écho. «Ce n'est pas comme une course de ski où les athlètes sont en route pendant deux minutes ou deux minutes et demie. Sur le vélo, ils courent parfois pendant six heures par 35 degrés», explique Thorsten Hammer. L'Allemand a été médecin de course pendant douze ans sur le Tour de Suisse et plaide par exemple pour l'utilisation d'un capteur de collision qui pourrait être allumé sur le casque. Celui-ci déclencherait automatiquement un signal d'appel d'urgence en cas de choc.

Thorsten Hammer trouve passionnants les airbags de tête qui existent déjà et qui s'enroulent immédiatement autour de la tête après un choc pour la protéger. «Mais on ne porte pas de casque, ce que je n'apprécie pas. On pourrait peut-être inventer un système dans lequel cet airbag serait intégré au casque et se gonflerait ensuite».

De meilleurs casques et un retour aux anciens pneus?

Les blessures à la tête de plus en plus fréquentes font également réfléchir Fabian Lienhard. «Je suis étonné par la fréquence des blessures à la tête». Le Zurichois est professionnel depuis dix ans et a également participé aux championnats du monde à Zurich. «Si je compare mon casque d'aujourd'hui à celui que je portais au début de ma carrière, il n'est pas très différent. Bien sûr, l'aérodynamisme est meilleur, il est aussi plus léger. Mais le cœur du système est toujours du polystyrène rigide». Les courses de plus en plus rapides grâce à un matériel toujours plus performant lui donnent aussi à réfléchir. A tel point qu'il pense: «Il faut y mettre un terme un jour».

Fabian Lienhard ne sait pas non plus comment exactement. Il voit un autre aspect dans le thème de la sécurité: «Les pneus tubeless que nous avons aujourd'hui sont agréables à conduire. Mais si on crève ou s'ils explosent, ils sont difficilement contrôlables. J'ai déjà vu des chutes violentes à cause d'eux. C'était bien mieux avec les anciens pneus à chambre à air».

Contrôle médical en direct avec une possible pause forcée

L'ex-Ironman Jan van Berkel souhaiterait également une meilleure protection de la tête. Il plaide pour que l'on autorise davantage l'utilisation de la technologie et a une idée particulière: «Je pourrais imaginer un contrôle médical qui se ferait en direct sur la base de données biométriques et qui donnerait à certains coureurs une courte pause obligatoire avant une descente dangereuse, à l'instar de ce que font les médecins sur le parcours des ultramarathons. Pour cela, il faudrait mesurer et analyser les données biométriques et développer un algorithme qui évalue les coureurs et leur détecte un déficit d'attention dû à un surmenage».

Les idées, les propositions et les revendications sont nombreuses. Elles ne feront pas revenir Muriel Furrer, mais pourraient éventuellement sauver des vies à l'avenir. Tous sont d'accord sur un point: il faut que quelque chose se passe dans le cyclisme - pas un jour lointain, mais rapidement.

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