Daniel Rupf (57 ans) a vécu de nombreuses expériences dans le monde du sport. Ancien footballeur professionnel entre la fin des années 80 et le milieu des années 90, il a fait partie de l’équipe du FC Aarau qui a remporté le championnat en 1993. Après sa carrière sur le terrain, il a travaillé pour la FIFA, où il a occupé le poste de «Head of World Cup Events». Il supervisait notamment la Coupe du monde des clubs en 2000, la Coupe du monde 2002, la Coupe du monde féminine 2003 et la Coupe du monde 2006.
Par la suite, il est devenu «Mister Euro» pour Zurich, ville hôte de l’Euro 2008, avant de revenir sur un autre grand projet sportif à Zurich en 2021, après un passage dans le privé et un retour à la FIFA. Il est aujourd’hui chef de projet pour les championnats du monde de cyclisme.
Cependant, la vie de Rupf a également été marquée par des épreuves difficiles. Durant toutes ces années dans le sport suisse et international, il a dû faire face à des moments sombres. Par exemple, être écarté de l’équipe championne d’Aarau par l’entraîneur Rolf Fringer n’est qu’une anecdote en comparaison avec la tragédie vécue lors des championnats du monde de cyclisme.
Daniel Rupf s’est confié à Blick sur ce qui s’est passé lors de ces championnats, après l’accident tragique de Muriel Furrer, une jeune cycliste prometteuse de moins de 19 ans: «C’est l’événement le plus difficile que j’ai vécu dans ma carrière.» Malgré cette tragédie, Rupf a dû poursuivre son rôle de chef d’organisation avec Olivier Senn, respectant le souhait de la famille de Muriel de terminer les courses. Mais il a été particulièrement bouleversé, car un drame similaire avait touché sa propre famille.
«Ma sœur a eu un accident similaire à 19 ans, elle a subi une hémorragie cérébrale grave. Elle est restée six mois dans le coma, puis un an et demi dans un coma artificiel», raconte Rupf. Lorsque l'accident de Muriel a été annoncé au comité d’organisation, cela a réveillé en lui des souvenirs douloureux. Il se souvient précisément du moment où, jeune footballeur, il rentre chez lui pour apprendre que sa sœur lutte pour sa vie.
Son fils fêtait ses 18 ans
Aujourd’hui âgée de 55 ans, sa sœur a survécu, mais souffre d’un handicap physique. C’est d’ailleurs l'une des raisons pour lesquelles intégrer les championnats du monde de paracyclisme à ceux de cyclisme classique, pour la première fois à Zurich, tenait particulièrement à cœur à Daniel Rupf, comme il l’a exprimé lors de la conférence de presse mercredi au Kongresshaus de Zurich.
Ce qui a rendu ces jours encore plus éprouvants pour lui, c’est le mélange entre deuil et célébration. Seulement un jour après la mort de Muriel, son fils fêtait ses 18 ans, soit l’âge exact de la jeune cycliste décédée. «Il connaît beaucoup de gens qui la connaissaient aussi. Certains étaient même à sa fête d’anniversaire.»
Qui était Muriel Furrer, cette jeune cycliste suisse décédée tragiquement?
Quelques heures seulement après la fête de son fils, tôt dimanche matin, Daniel Rupf participait en première ligne à la Memorial Ride, organisée en urgence, où près de 1500 personnes ont fait un tour du circuit urbain en hommage à Muriel. «C'était pour moi le moment le plus marquant de ces championnats», confie-t-il, pensif. Il ajoute que ses longues années dans le monde du sport lui ont permis de tenir le coup. «Dans le sport, il y a toujours des moments où on se dit: 'J'arrête tout'. Mais nous voulions aussi continuer pour Muriel.»