La phrase est tirée du communiqué officiel de la police cantonale et du ministère public zurichois concernant la mort tragique accidentelle de la cycliste Muriel Furrer lors des championnats du monde de Zurich: «Aucun témoin n'est connu.» Le communiqué, tout comme les articles d'autres médias, suggérait que Muriel Furrer était seule dans la course des juniors filles au moment de sa chute.
Des recherches montrent désormais ce que les informations de Blick laissaient déjà supposer depuis plusieurs jours: au moment de son accident dans la descente rapide dans la forêt au-dessus de Küsnacht (ZH), Muriel Furrer n'était pas seule, mais dans un groupe.
Blick a pu identifier clairement les deux cyclistes de moins de 19 ans qui, comme c'est souvent le cas dans les descentes, roulaient en file indienne derrière la Suissesse. Cette identification s'est basée sur la vidéo d'un lecteur-reporter qui a filmé le passage du groupe à 400 mètres du lieu présumé de l'accident.
Au moins un témoin
Blick a contacté les associations cyclistes nationales des deux coureuses. Toutes deux confirment, après des vérifications internes auprès des entraîneurs, qui étaient présents aux championnats du monde à Zurich, que les cyclistes concernées étaient effectivement dans le groupe avec Muriel Furrer. La fédération de la coureuse qui se trouvait en deuxième position derrière la Suissesse, et donc plus loin, fait savoir que celle-ci n'a rien remarqué de la chute.
Il en va autrement de la coureuse qui se trouvait directement derrière Muriel Furrer dans la forêt. Sa fédération confirme à Blick qu'elle a pu percevoir la sortie de route de la Suissesse: «Elle n'a pas pu voir l'accident lui-même, notamment en raison de la vitesse élevée et des conditions difficiles», comme le formule le porte-parole de la fédération. En d'autres termes: en raison de la vitesse élevée et de la pluie, plus les yeux tournés vers la gauche dans le virage à gauche, il n'était plus possible de voir l'endroit présumé de la chute, situé à droite, et encore moins de savoir si Muriel Furrer s'était blessée et dans quelle mesure.
Cinq jours après la tragédie dans la forêt de Küsnacht, il est donc clair qu'il existe au moins un témoin qui a pu au moins percevoir la chute qui se préparait. À la demande insistante de sa fédération nationale de cyclisme, Blick a renoncé à donner le nom de l'adolescente de 17 ans ainsi que celui de la deuxième coureuse. Les nations concernées ne sont pas non plus rendues publiques. Ce souhait s'explique d'une part par le respect dû à la famille de Muriel Furrer. Et d'autre part, il s'agit de protéger les jeunes femmes. De plus, les responsables craignent que leurs talents ne deviennent la cible de la haine publique.
«Nous aurions aimé avoir plus d'informations»
Au cours de l'entretien, il apparaît clairement que la famille cycliste est également extrêmement touchée par la mort de Muriel Furrer au niveau international. Le fait qu'une des leurs ait été portée disparue pendant énormément de temps et que, selon toute vraisemblance, elle se trouvait encore inconsciente dans la forêt lors du deuxième passage de la course, reste incompréhensible au vu des possibilités techniques. Le porte-parole de la fédération déclare: «Nous aurions aimé avoir plus d'informations pour comprendre ce qui s'est passé pendant cette malheureuse descente.»
Ce que l'association de la témoin souligne également, c'est que vis-à-vis des autorités zurichoises, l'anonymat serait bien entendu abandonné. «À notre connaissance, personne du groupe des poursuivants de Muriel Furrer n'a encore été contacté, avance le porte-parole. Dans le cas d'une enquête officielle, nous aiderons volontiers, car nous voulons tous éclaircir les circonstances.»
Une clarification complète n'atténuerait certes pas la souffrance de la famille Furrer, mais elle leur permettrait de savoir avec certitude ce qui s'est réellement passé en ce tragique 26 septembre 2024.