She's not a queen, she's a goddess
Avec le volcan rap Nathalie Froehlich, tout le monde détestera la police à Paléo

La Lausannoise Nathalie Froehlich déversera sa rage sur la scène Belleville de Paléo Festival, ce vendredi 21 juillet. Juste avant de cracher ses rafales de rap bien vénères, la figure montante de l'underground suisse s'arrête dans les locaux de Blick. Rencontre.
Publié: 21.07.2023 à 11:56 heures
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Dernière mise à jour: 21.07.2023 à 12:37 heures
La rappeuse lausannoise Nathalie Froehlich se produira ce vendredi à Paléo Festival.
Photo: Marius Mattioni
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Fière, vénère, pas prête à se taire. She's not a queen, she's a goddess. Sur scène ou dans les locaux de Blick, Nathalie Froehlich en impose. La porte du studio s’ouvre. La rappeuse lausannoise a terminé de cracher son flow enflammé sur la musique du Vaudois Uncle Maximilien. C’est bon, cette collab' inédite en marge de Paléo Festival est dans la boîte (voir vidéo ci-dessous). Elle transpire encore l’incandescent texte de Sean Paul. On respire, on s’assoit, on laisse redescendre la température. Malgré la chaleur infernale de ce début de juillet.

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La vingtenaire, lorsqu’elle performe, est un volcan punk en éruption. Quand elle débite ses combats aussi. «J’utilise mon privilège blanc pour dire et revendiquer des choses que les minorités ne pourraient pas verbaliser dans l’espace public», lance-t-elle. Par exemple? «Que la police a un problème structurel de violence». Du tac au tac. Sa réponse résonne avec le polémique slogan «tout le monde déteste la police», qu'elle martèle dans l'un de ses hymnes anti-système. Façon «Fuck Tha Police» de N.W.A. Elle précise: «Ça ne signifie pas que je fais du rap politique: je fais du rap tout court.»

Trolls d'extrême droite en sueur

Attention. Résumer sa voix puissante, parfois rauque, à une vision binaire — et donc forcément naïve — serait une erreur. «Comme tout le monde, je suis coincée entre des paradoxes.» Elle n'en dira pas davantage. «Je ne veux pas aller plus loin dans mes informations personnelles. Je prends régulièrement des vagues de haine sur les réseaux sociaux et je ne veux rien donner sur moi à ces gens.»

Dénoncer «des trucs de base», comme le racisme, le sexisme ou encore l’homophobie, rime malheureusement toujours avec trolls — souvent anonymes — d’extrême droite. «Il y a quelques mois, je me suis ramassé un raid, souffle-t-elle. Une interview que j’avais donnée à la RTS a été partagée dans un groupe Facebook 'contre la bien-pensance', qui réunit plusieurs milliers de personnes. J’ai ensuite reçu une quantité folle de commentaires et de messages insultants ou menaçants. C’est hyperviolent à vivre. Et ça recommence de façon cyclique.»

Esquintée sur la forme, cette grande gueule punchy, qui a d’abord répandu son magma verbeux aux sonorités techno dans les squats avant de faire sa place dans les salles mainstream, assure «n’avoir rien à foutre» de ces attaques sur le fond. «Pour ces individus, de toute manière, les gens comme moi sont des crasseux. Des punks à chien qui méritent tout juste de vivre. Mais moi, tout ce que je veux, c’est qu’on me foute la paix et qu’on me laisse tranquillement faire mes trucs. Qu’on aime ce que je fais ou non, pas de problème. Que chacun vive sa vie comme il l’entend!»

Comin' straight from the underground

La sienne, de vie, ressemble à celle d’une rebelle éprise de liberté. Elle aime tout autant laisser éclater sa rage dans le cadre très ronronnant — et institutionnel — du Festival de la Cité que dans une rave clandestine en forêt. Qu’importe l’écrin. Dans tous les cas, le bijou de collectif d’artistes lausannois «La Sacrée Déter», dont elle fait partie, n’est jamais loin.

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Parenthèse, on remonte à ses débuts. «J’ai commencé à rapper dans des soirées alternatives quand j’étais adolescente. Mes potes mixaient de l’électro et, moi, j'étais derrière le micro. Sincèrement, je n’aurais jamais pensé que ça pourrait prendre de l’ampleur, que je me produirais dans des clubs de renom ou dans des festivals comme Paléo ce vendredi.» Et pourtant… En 2022, Nathalie Froehlich, c'était deux EP et plus de 50 concerts, y compris lors des plus grands événements du pays.

Une statistique impressionnante, qui n’est cependant pas synonyme d’aisance financière. Elle rit jaune: «C’est tout le contraire! Pour les grandes dates, je suis même rarement en positif. Mes frais me coûtent plus cher que mon cachet.» Comment est-ce possible? «En Suisse, les artistes n’ont ni statut, ni rémunération adéquate. Je dois travailler à temps partiel à côté pour tourner. Heureusement, aussi, que j’ai un tout petit loyer…»

Nathalie Froehlich ne tient pas ce discours pour qu’on la plaigne. Ni pour se justifier de quoi que ce soit. Elle n'en a d'ailleurs pas besoin: fuck the police comin' straight from the underground. Et l'underground, ce vendredi 21 juillet, c'est sur la scène de Belleville, à Paléo. Avec en guest, vous l'aurez compris, sa déesse romande.

À voir: Nathalie Froehlich, Belleville, vendredi 21 juillet, 17h15

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