Des riffs vaudois en ouverture
De Vevey à Paléo, le rock de Fomies surfe vers le large

Entre bourdonnement garage et surf psyché, les Veveysans de Fomies se laissent guider par un mot d'ordre pour percer: le travail. Ça tombe bien, ils sont les premiers Suisses à jouer à Paléo, cuvée 2023. Rencontre.
Publié: 18.07.2023 à 09:57 heures
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Dernière mise à jour: 18.07.2023 à 10:03 heures
De gauche à droite: Patrick (synthé), Laurent (batterie), Jacob (basse), Fadil (chant/guitare) et Arnaud (guitare). Le groupe veveysan Fomies sera sur la scène du Club Tent ce mardi à Paléo.
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Thibault GilgenJournaliste Blick

«Quand Paléo nous a contactés, on était un peu surpris parce qu’on se disait qu’on ne correspondait pas au public cible.» Et pourtant, ils seront bien sur la scène du Club Tent ce mardi, à 16h30. Les Vaudois de Fomies seront les premiers musiciens suisses à fouler une scène de la plaine de l’Asse en 2023. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y aura pas besoin de tendre l’oreille pour les entendre. Guitares, basse, batterie, synthé, c’est bel et bien un son rock (oui oui, ça existe encore) qui résonnera pour l’ouverture du festival nyonnais.

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«Dire que le rock est mort et que c’était mieux avant, c’est quand même vachement flemmard tant la qualité est là sur cette scène musicale. Il y a tellement de perles…», assure Arnaud, le guitariste. Il faut dire que le groupe ne fait pas dans la balade. D’un son purement garage rock, voir punk, sur leur premier album éponyme en 2019, à un rock surf psyché sur leur dernier en date en 2022, la formation de cinq membres aime évoluer dans un style qui allie bourdonnement des six cordes et aérodynamique des envolées. Imaginez Liam Gallagher participer à une jam des Dead Kennedys et vous avez une certaine idée de l’essence de la musique de Fomies. Blick est-il dans le juste? «Ça me va très bien», sourit le chanteur Fadil, visiblement sensible au timbre de l’ex-Oasis.

La Suisse s’exporte bien

Fort de quatre albums excellemment bien produits sur le label Bleu Lagon Records, chacun teinté d’une identité qui leur est propre, Fomies n’est de loin pas un débutant. Le groupe a déjà connu le prestige du Montreux Jazz en 2022, l’effervescence de Nox Orae l’année d’avant, passant même par les planches des pays voisins.

France, Allemagne, voir Royaume-Uni, l’objectif est-il à l’exportation? «Clairement, clament-ils en chœur. Nous avons déjà pu jouer en Suisse allemande grâce à notre bookeuse et désormais, nous regardons naturellement vers les pays voisins», explique Fadil. D’autant que la Suisse, ce petit pays renommé si rigide, s’exporte de mieux en mieux, estime le batteur Laurent: «J’entends de plus en plus dire que la Suisse regorge de pépites et que la scène y est vraiment foisonnante.» À en croire le succès cosmique de leurs camarades genevois de l’Eclair, qu’ils admirent, le rêve est plus que permis.

Du travail et encore du travail

Surtout qu’une valeur commune semble rendre leurs aspirations accessibles: le travail. Pragmatiques, ces cinq potes, qui se voient régulièrement en dehors du local de répétition, savent qu’il n’y a que l’amitié de vrai. Pour le reste, seul le travail compte pour faire de Fomies une entité qui voyage bien.

«Le statut de musicien n’existe pas en Suisse. Il est impossible par exemple de donner des horaires fixes pour nos activités ou alors de faire comprendre aux gens qu’une tournée, ce ne sont pas des vacances!», soupire Laurent. Pourtant, à l’image du rythme soutenu qu’il tape sur sa batterie, un investissement à 100% est nécessaire. «En plus de l’aspect purement musical, ce sont des heures de recherches de fonds, d’envois de dossiers et de création de réseaux qui sont nécessaires pour que le projet tourne convenablement», énumère Patrick, qui passe autant de temps derrière son clavier d’ordinateur que celui de son synthé.

Tous actifs dans la musique en dehors du groupe, les cinq amis savent ce qu’investissement signifie. Dans le milieu culturel, bien sûr, mais aussi dans une tout autre sphère. Les regards rieurs se tournent alors vers Arnaud. La journée, l’homme est en effet… comptable. Une fois le boulot terminé, il s’enfilera ainsi sur l’autoroute ce mardi pour jouer un petit coup à Paléo. C’est peut-être ça, être une rock star suisse.

Vevey, la fourmilière

Mais Fomies, c’est surtout l’histoire de potes réunis par une ville: Vevey. Point déconcertant pour le petit journaliste sorti de la rédaction de Blick, les membres n’hésitent pas à parler de «scène musicale veveysanne». Avec près de 20’000 âmes, la petite ville fourmille-t-elle vraiment de créations, à l’image de Londres, Berlin ou New York? Proportionnellement, oui, ou du moins Vevey fait tout pour. Car comme d’autres groupes issus de la région, Fomies bénéficie du soutien de la ville et de la Fondation CMA, qui développe les musiques actuelles en Suisse romande. Un coup de pouce bienvenu, mais qui nécessite d’autant plus de travail et d’investissement: des résultats concrets sont ainsi attendus.

A Vevey, la mythique salle du RKC (Rocking Chair), joue un rôle de véritable QG pour les groupes locaux. C’est d’ailleurs dans cet antre que le groupe nous reçoit, puisque c’est ici que se situe son local de répétition. La scène du RKC, Fomies l’a foulée des dizaines de fois, comme d’autres groupes veveysans et comme chacun des membres avec d’autres projets. «Cette salle est vraiment le haut lieu de la culture à Vevey et elle constitue quelque part le sommet pour les groupes issus de la ville, explique Fadil. Tout est fait pour que nous puissions jouer dans de bonnes conditions, en commençant par des lieux plus petits, ailleurs en ville, comme Le Bout Du Monde», détaille-t-il.

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Une possibilité de progresser, d’échelonner les avancées pas à pas, qui existe aussi à Fribourg par exemple, mais qui manque cruellement à Lausanne. Dans la capitale vaudoise, c’est «soit Les Docks, soit rien du tout», tranche Jacob, le bassiste. La région réserve toutefois de moins en moins de secret pour les Veveysans, qui s’en vont donc à la conquête de Nyon ce mardi.

Prochaine étape, la sortie d’un nouvel album fin novembre sur le label zurichois Taxi Gauche Records puis, à coup sûr, d’autres excursions à l’étranger. En attendant peut-être les honneurs d’une scène plus vaste dans le plus grand open air de Suisse romande.

A voir: Fomies, Paléo Festival, ce mardi 18 juillet à 16h30 au Club Tent.

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