Jeudi 23h49, je suis plus torché que ma chronique du soir: il est temps que je m’y mette. Et je vous raconte pas la combine. Depuis que la team premier degré s’est donné rendez-vous dans les commentaires de mon post de mardi («nnnghééé si t’ème pa Paléo, fô just pa iallé») boostant au passage le nombre de vues, je vis un truc encore pire que ma page blanche: votre attente.
Les premières chroniques de Benjamin Décosterd
18h05, à peine arrivé dans l’espace presse que je me retrouve obligé de discuter avec des professionnels de la «cultûûre» à propos du concert de Rosalia de la veille. Ils ont lu mon article à ce sujet et ont le même avis que moi, mais doivent le redire avec des adverbes compliqués, sinon ça ne compte pas. Après 10 minutes de conversation, le compteur de: «Sociologiquement parlant…» était déjà à 2, c’est vous dire si j’avais besoin de boire des verres.
Heureusement, j’ai vite réussi à rejoindre le terrain du festival, un bar, une BINCHE et un POTE. Rapidement, le compteur de: «Non mais tu sais, toutes les Françaises avec qui j’ai couché étaient des cochonnes» est monté à 1. Moi qui n’ai pas fait l’université en «prof, journaliste ou chômeur», je me suis tout de suite senti dans mon élément.
Puisque nous sommes dans la plèbe, restons-y et parlons de vous, chères lectrices et chers lecteurs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: vous préférez la méchanceté du premier soir à l’analyse du deuxième. Alors au moment de prendre le clavier (pas Christian, pour la team premier degré), ai-je véritablement le choix de faire autre chose que de vous choquer?
Devrais-je caser une référence impertinente aux accusations d’agressions sexuelles faites à Lomepal mercredi? Quitte à la forcer un peu, comme Lomepal.
Ceux qui ne choqueront personne, ce sont les concerts de ce jeudi soir au Paléo. Après s’être fait démonter la tirelire par Rosalia, l’équipe de programmation a certainement dû ouvrir son répertoire à la recherche d’ex plus faciles à avoir: Placebo (1997, 2001, 2006, 2009, 2014); Shaka Ponk (2011, 2014, 2019 même si finalement annulé); Jain (2016, 2018).
Ce jeudi, il aura juste manqué un peu de pluie et un report du concert de Céline Dion pour qu’on vive une soirée typiquement Paléo. Ce sont les fans du festival qui doivent être contents. Il faut dire que ces derniers ne sont pas difficiles: peu importe le programme, ils et elles se pointent en débardeur et pantacourt, un tatouage tribal sur une épaule et un chapeau Cardinal sur la tête («BAAAAMBOUUUUUULÉÉÉ»). La Grande Scène est aux fans du Paléo ce que la liste socialiste est aux Lausannois: peu importe ce qu’il y a dessus, ils trouvent ça génial.
Et à propos de ce qu’il y avait sur les scènes, autant vous dire que je n’ai rien vu ni entendu. Déjà parce que j’étais trop short niveau timing: une fois passées les mondanités cultûûrelles, il a fallu que je décline poliment toutes les suggestions de punchlines du rédacteur en chef de Blick transmises via WhatsApp avec des emojis **boomer** (celui-ci, plein de fois: 😂).
Et surtout, je n’ai rien vu ni entendu de la programmation parce que j’avais pas envie. Et je le dis sans aucune culpabilité: quand les chroniques culturelles dissertent en long et en large sur la qualité d’un concert, je préfère me demander s’il fallait y aller tout court.
Ah moi, j’avais plus envie de consommer de la bouffe et de la boisson que de la culture. Et ce ne sont pas les organisateurs de Paléo qui vont me juger: c’est grâce à ça qu’ils paient leur festival.