Cet homme-là aime la vitesse et la verticalité. Ce dirigeant-là aime le sprint. Ce président n’a jamais été un coureur de fond. En choisissant d’engager la France dans un marathon politique qui pourrait durer jusqu’à la rentrée, Emmanuel Macron a donc joué, mardi 23 juillet, contre son tempérament et sa nature.
Les Jeux olympiques, il est vrai, lui donnent un parfait argument pour attendre. Mais au-delà, rien ne démontre que le chef de l’Etat saura tenir le temps qu’il faudra, et conserver de l’avance sur ses opposants. Passer du sprint au marathon, en maintenant le gouvernement de Gabriel Attal en «affaires courantes» pour la durée des Jeux, présente néanmoins de sérieux risques, et pas seulement parce que les forces politiques françaises seraient rétives au «compromis» à l’œuvre dans les pays voisins de l’hexagone.
Direction à prendre
Le premier risque porte sur la direction à prendre. Qu’il le veuille ou non, le président français doit constater que son diagnostic des réformes d’inspiration libérales à entreprendre pour le pays reste seulement partagé par minorité. Au-delà du besoin de sécurité, et de la demande d’une lutte plus forte contre l’immigration, la demande exprimée à travers le vote pour le Rassemblement national et pour la gauche est d’abord sociale. Ne pas le voir et ne pas l’entendre, c’est transformer d’emblée ce marathon politique en impasse.
Le second risque porte sur le manque de respect. Refuser d’accorder la moindre importance à la candidate Première ministre désignée par la gauche, bref la balayer ainsi devant les caméras à l’orée des JO présentés comme la vitrine de la France, n’est pas se montrer respectueux des électeurs. Emmanuel Macron confirme ainsi qu’il gère le pays plus qu’il ne cherche à le comprendre ou à l’écouter. Ce qui, à la veille d’un événement supposé rassembler, est de nature à nourrir encore plus les colères et le ressentiment.
Coureur de fond
Le sprinteur Macron n’est en réalité guère taillé pour le rôle de coureur de fond qu’il vient de s’assigner. Il n’a pas compris, à l’évidence, que toutes les initiatives en provenance du Parlement méritent d’être entendues. Il ne semble pas prêt, non plus, à réunir une équipe gouvernementale dont le leadership (même par défaut) lui échapperait.
Le marathon politique qui commence avec les Jeux olympiques de Paris s’annonce donc, pour la France, comme une épreuve bien plus risquée et heurtée que son président l’affirme. D’autant que personne, aujourd’hui, n’est capable d’indiquer où se trouvera la ligne d’arrivée. Et quelle sera la distance à parcourir pour cette épreuve.