Un commentaire de Richard Werly
Avis aux angoissés: le bulldozer Trump va accélérer

Ceux qui espèrent une pause dans la révolution Trump feraient bien d'écouter son discours sur «l'état de l'Union». Devant le Congrès, Donald Trump n'a employé qu'un verbe: accélérer. Le commentaire de notre journaliste Richard Werly.
Publié: 05.03.2025 à 10:27 heures
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Dernière mise à jour: 05.03.2025 à 11:08 heures
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Donald Trump a lu pendant près de deux heures son discours du «l'état de l'Union» devant le Congrès.
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ne comptez pas sur Donald Trump pour faire une pause. Ou encore moins faire marche arrière. C’est au contraire un éloge de la méthode bulldozer que le président américain a dressé, mardi soir, durant les deux heures de son discours sur l'«l’état de l’Union» prononcé devant les élus du Congrès.

Trump n’en démord pas. Il compte bien déblayer tout ce qui entrave la voie MAGA (Make America Great Again). «Les Etats-Unis sont sur le point de connaître un retour en force comme le monde n’en a jamais connu et n’en connaîtra peut-être jamais plus», a-t-il asséné d’emblée. Et d'ajouter: «Nous allons forger la civilisation la plus libre, la plus avancée, la plus dynamique et la plus dominante qui ait jamais existé sur la surface». Retenez bien le mot «dominante». Aucun espoir d’accalmie à l’horizon.

Guerre commerciale réaffirmée

Ne comptez pas non plus sur ce président venu du monde de l’immobilier et des affaires pour changer de méthode économique. Les experts ont beau prédire que la guerre commerciale peut se retourner contre la première puissance mondiale, lui y croit dur comme fer. «Les droits de douane vont rendre les États-Unis de nouveau riches et grands. Cela va se produire et même plutôt rapidement. Il y aura quelques perturbations, mais nous sommes d’accord avec ça. Ce ne sera pas grand-chose.»

En résumé: la loi du plus fort l’emportera et les marchés financiers devront s’aligner. Car derrière ces tarifs douaniers se cache, selon Trump, une réalité incontournable: le marché américain et le dollar sont trop importants et trop puissants pour que les concurrents de l’Amérique ne finissent pas par déménager fissa une partie de leurs usines aux Etats-Unis, afin en plus d’y bénéficier d’exonérations fiscales. Ce qui reste son objectif numéro 1.

Moteur survitaminé

Ne comptez pas, enfin, sur le bulldozer Trump pour faire un détour afin d’éviter de casser telle ou telle alliance, ou de brutaliser tel ou tel partenaire. Ce président-là, au moteur survitaminé, ne sait avancer qu’en ligne droite. Devant le Congrès, Donald Trump a ainsi réaffirmé que son pays reprendra bien le contrôle du canal du Panama, et qu’il mettra la main sur le Groenland «d’une manière ou d’une autre».

La méthode est là posée: a priori pas d’annexion militaire en vue, mais une acquisition. C’est l’argent (accompagné bien sûr de pressions en tout genre) qui parlera. Le roi dollar est installé au volant du bulldozer et le réseau social X d’Elon Musk lui sert de phares et d'avertisseur. A l’écouter, les élections prévues au Groenland ce 11 mars ne changeront rien à ce grand déblaiement territorial en marche, dont le Danemark fera les frais.

Ne comptez pas sur Donald Trump, enfin, pour arrêter ses pressions sur l’Ukraine désormais repentie, après la lettre adressée à la Maison Blanche par Volodymyr Zelensky. «J’ai reçu une lettre importante du président ukrainien. La lettre dit que l’Ukraine est prête à s’asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d’une paix durable», s’est félicité Donald Trump.

Une «paix durable»

Attention: le flou demeure sur la nature de cette paix et sur les conditions que Washington exigera de Moscou. Le mot «paix durable» a néanmoins été prononcé. C'est un fait nouveau. Mais là aussi, la ligne est droite. «Ne serait-ce pas magnifique?», s'est réjoui le locataire de la Maison Blanche, affirmant avoir reçu des «signaux forts» de la Russie. Et ce, tandis qu’un élu démocrate était expulsé de l’hémicycle pour l’avoir bruyamment contesté.

Au final? Avis aux inquiets, aux angoissés, et à tous ceux qui, face à cette révolution américaine, rêvent d’une panne du bulldozer de la Maison Blanche. Trump ne connaît qu’une commande sur laquelle il a son pied enfoncé. Celle de l’accélérateur.

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