Certains produits ne sont pas soumis aux règles du marché. L’eau du robinet y échappe, par exemple: on ne trouve jamais qu’un seul offreur, le prix est fixé dans un règlement communal. Et quand on a consommé toute l’eau, on rationne. Il n’y pas d’échanges interrégionaux.
L'électricité, un marché incontournable
Avec l’électricité, c’est différent. Votre fournisseur ne crée pas toute l'électricité consommée. Il est pris dans un réseau d'achat et de vente, mouvant selon les besoins et les capacités. L'avènement des énergies renouvelables, dépendantes des caprices de la météo locale, nous éloigne encore plus de l'illusion d'une autonomie électrique et rend ce marché incontournable: on ne fabrique de l’électricité hydraulique que là où la chute d’eau est importante, du solaire là où le soleil est fort, de l’éolien là où le vent souffle. Le charbon avait l’avantage de pouvoir brûler un peu n’importe où. Mais plus les énergies sont renouvelables, plus l’illusion de l’autarcie électrique s’éloigne. Et plus l’électricité sera échangée, plus elle sera soumise aux règles du marché.
Avec une pluralité de vendeurs et d'acheteurs, publics ou privés, le prix dépend de l'offre et la demande, et non des coûts ou des règles étatiques. En Suisse, les entreprises, consommatrices majeures d'énergie, peuvent choisir leur fournisseur pour profiter de cette dynamique. Jadis, lorsque les tarifs étaient bas, voire négatifs, elles contractaient à des prix bien inférieurs à ceux des ménages.
Certains défendaient autrefois la non-libéralisation pour les particuliers, arguant que les tarifs élevés nous prémunissaient des fluctuations. La crise de 2022 a défié cette croyance lorsque le prix de l'électricité a grimpé, affectant en particulier les entreprises sans contrats à terme.
Qui bénéficiera de la baisse?
Pourtant, malgré les gros titres de presse sur les factures d’électricités exorbitantes de quelques PME, la réalité plaide toujours pour la libéralisation. Selon l'Association des entreprises électriques suisses (AES), en 2024, les ménages paieront en moyenne 32.14 ct/kWh, contre 29,65 ct/kWh pour les entreprises. La régulation n'a pas immunisé les particuliers contre les hausses de prix: nous payons toujours plus, en période de bas comme de hauts prix.
Actuellement, le coût du kWh est revenu à son niveau pré-crise ukrainienne. Demain, un kWh se négociera à 6,6 centimes. On peut même se procurer de l'électricité pour 2025 à 8,4 centimes le kilowattheure. Qui bénéficiera de cette baisse? Certainement pas les petits consommateurs en premier.
La réalité est que le marché de l'électricité nous gouverne tous. Une hausse des prix de marché se répercute sur le consommateur. Mais faute de pouvoir choisir le meilleur fournisseur, nous restons arrimés à celui que la patte maladroite de l’État nous a attribué. L'absence de libéralisation protège l’intermédiaire sans garantir ni autosuffisance énergétique nationale ni tarifs équitables pour les consommateurs. Elle n’incite en rien la recherche du meilleur prix, au détriment du consommateur, piégé dans un système où, que les prix montent ou descendent, il reste le perdant.
Les voix populistes ont martelé l'efficacité de la planification centralisée. Pourtant, la libéralisation de l'électricité, comme d'autres domaines avant elle, montre que la liberté de marché peut offrir de meilleures solutions. Dans une ère où le pouvoir d'achat est central, la libéralisation de l'électricité pourrait bien être une réponse simple et efficace à une question complexe.