Combien de départs d’entreprises devrons-nous encore déplorer? Combien de suppressions d’emplois devrons-nous encore regretter, avec les dégâts humains qu’elles engendrent? Combien de pertes de compétences devrons-nous encore constater?
La fermeture de Vetropack à Saint-Prex a secoué le Landerneau. Combien d'entreprises suivront? Comme souvent, hélas, le monde politique a semblé soudain redécouvrir la Lune en écoutant les raisons invoquées par cette industrie pour justifier sa fermeture. Pire, il est arrivé comme la grêle après les vendanges, tentant de trouver des solutions pour infléchir l'inéluctable.
Car soyons clairs: si l’entreprise a pris cette décision, c’est qu’elle aura fait son analyse. Quand elle nous dit que le site n’est malheureusement pas compétitif en comparaison avec ses autres usines européennes, le politique devrait plutôt chercher à comprendre ce qui conduit à ce constat. D’autant plus lorsque le mot réindustrialisation est sur toutes les lèvres depuis le Covid.
Des coûts déterminants
Le paysage et la qualité de vie ne sont plus des critères décisifs pour maintenir une activité industrielle. Dans la compétition mondiale et en période d’instabilité économique, les chiffres deviennent déterminants. Or pour une industrie, les leviers de compétitivité se jouent souvent sur les coûts, rien que les coûts. Ceux de l’électricité, par exemple, ou encore ceux de la main-d’œuvre.
Ces mêmes élus feraient mieux de se rendre compte que la politique énergétique de beau temps, menée ces dernières années, a conduit à l’augmentation des prix. Que la croissance continue des charges salariales, au gré de nombreuses politiques publiques adoptées, ne cesse de plomber le coût du travail. Ce tableau va encore inexorablement se péjorer avec la mise en application de la 13e rente AVS, les projets de congé parental, et j’en passe…
Tout le monde n’est pas Christian Levrat
Alors, lorsque la gauche et son extrême viennent expliquer que l’Etat devrait racheter l’usine, ou faciliter son rachat par une autre entreprise, on mesure la capacité d’incompréhension qui est la leur dans la gestion de l’économie. Tout le monde n’est pas Christian Levrat, visiblement.
Ces partis feraient mieux de rapidement comprendre que l’étau juridique dont ils nous gratifient dans l’aménagement du territoire, la pression fiscale qu’ils font peser sur les entrepreneurs, la baisse d’attractivité pour la formation professionnelle qu’ils ont échafaudée ou la foison d’initiatives coûteuses dont ils nous gratifient, produisent ces situations malheureuses.
Enfin, aucune priorité industrielle – laquelle, d’ailleurs? – ne viendra compenser valablement une politique qui favoriserait simplement la compétitivité, seule garante d’emplois.