Les annonces de hausses de primes de l’assurance-maladie (LAMal) sont arrivées dans nos boîtes aux lettres, comme chaque année et le délai pour changer de caisse est bientôt échu. C’est sont 6% de primes en plus que nous serons contraints d’injecter dans le système.
L’obligation de s’assurer dans une caisse-maladie a été une avancée sociale des années 1990. Cela a permis de garantir une couverture pour les soins à toute la population. Pour un temps seulement parce que le financement antisocial, les primes par tête, de cette assurance en a fait une charge insupportable pour de nombreux ménages. La LAMal a des aspects positifs: la loi garantit le libre-choix du médecin, de l’hôpital, de l’EMS (s’il y a de la place…) et l’accès sans limite au catalogue des prestations. Aujourd’hui une caisse maladie ne peut pas imposer à ses assurés ses propres médecins, hôpitaux, etc., sauf si les assuré-e-s optent pour les modèles d’assurance qui limitent ce choix, justement. Or, plus les primes sont chères, et plus ces modèles alternatifs se développent.
Trompeuses promesses…
En décembre 2023, le Parlement a adopté une nouvelle révision de la LAMal (Efas) qui ne règle pas ce problème. Au contraire, elle prévoit de donner aux caisses-maladies davantage de pouvoir, de fixer la participation des cantons au financement des soins à 26,9% (aujourd’hui 55% pour les hospitalisations et en moyenne 46% pour les EMS et les soins à domicile). Comme rien n’est gratuit: ce que les cantons ne paieront pas, les assurés devront le supporter par des hausses de primes et des paiements directs.
Les pro-Efas tentent de faire passer cette révision pour une mesure un peu technique et compliquée sans douleur pour les assurés. En août 2024, la Conseillère fédérale Baume Schneider indiquait qu’il n’était pas certain qu’Efas permettrait des économies sur les primes. Quelques semaines plus tard, les pro-Efas évoquaient des économies de 440 millions de francs par an, puis plus tard, 1 milliard et aujourd’hui leur compteur est monté à 2 milliards. Le chiffre double toutes les 4 semaines. Au train où vont les partisans d’Efas, la veille du 24 novembre, nous en serons peut-être à 4 milliards.
A peu de chose près le même gap d’erreur que pour les conséquences annoncées par le Conseil fédéral en cas de refus d’AVS 21 le peuple. Cette fois cependant, le gouvernement a pris soin de faire dire ses chiffres à un institut externe. On ne peut pas sacrifier un directeur de l’administration à chaque campagne de votation.
Les pro-Efas insistent très lourdement sur la nécessité de réduire les hospitalisations au profit des traitements ambulatoires. La révision est censée accélérer cette tendance. Mais en réalité, et c’est rassurant, ce qui décide un médecin à proposer une hospitalisation ou une consultation auprès d’un confrère ou consœur en libéral, c’est d’abord le besoin du patient. Le «virage ambulatoire» dans les hôpitaux est déjà réalisé dans plusieurs cantons. Comment? Simplement en édictant des directives aux hôpitaux pour que certaines interventions soient faites en ambulatoire, lorsque c’est possible.
Mais vraie arnaque…
Les promesses des pro-Efas ne sont pas nouvelles. Elles copient celles de la précédente révision qui concernait le secteur hospitalier, entrée en vigueur en 2012. A cette occasion, le Conseil fédéral promettait des hôpitaux et des prestations plus efficaces et évidemment un frein à l’augmentation des primes.
Voici le résultat 12 ans plus tard. Les hôpitaux publics et parapublics alignent des déficits, en même temps que leur activité augmente:
- HFR (FR): 15 millions de francs d’économies pour 2025 et 60 millions d’ici 2028.
- RHNE (NE): 14 millions de déficit au budget 2024.
- HVS (VS): déficit de 11,3 millions en 2023.
- HUG (GE): déficit de 22,7 millions.
- CHUV (VD): déficit de 24,8 millions.
- KSSG (SG): licenciement de 117 collaborateurs et des économies de 16,1 millions au budget. L’hôpital a enregistré, malgré ces mesures, un déficit de 25,5 millions en 2023.
- KSA (AG): l'hôpital cantonal a dû être sauvé de la faillite en 2023 grâce à un prêt du canton.
- Insel-Spital (BE): déficit de 112,7 millions en 2023 et un déficit plus important encore attendu pour 2024. Malgré 2 fermetures d'hôpitaux du groupe, des économies supplémentaires de 110 millions et 120 licenciements sont prévus pour 2025.
- UPD (BE): déficit de 21,9 millions en 2023. Cette année-là, l'UPD a obtenu un prêt de 25 millions du canton.
- UAFP (BS): perte de 100 millions en 2022.
- USB (BS): perte d'environ 50 millions en 2023.
- KSBL (BL): déficit de 24,8 millions en 2023, 70 postes ont été supprimés.
Durant la même période, les primes d’assurance-maladie ont augmenté en moyenne de 30 %!
Le 24 novembre, nous avons la possibilité de mettre un cran d’arrêt à cette logique en votant NON à Efas.