Les primes vont encore une fois augmenter en 2025 (+6%). Au lieu de reprendre en main le système, d’imposer de la transparence et de mettre un frein aux appétits des patrons des cliniques privées et des pharmas qui font leur beurre avec les soins, le Conseil fédéral défend la loi dictée au Parlement par le lobby des caisse-maladies (EFAS). EFAS est une bombe à retardement pour les assurés, les patients et les soignants!
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Que propose cette loi?
Les soins sont organisés grosso modo en 3 domaines: hôpitaux, cabinets, soins aux aînés (soins à domicile et EMS). Les montants alloués à ces 3 domaines sont répartis entre les cantons et les primes d’assurance-maladie: 55/45% pour les hôpitaux, 0/100% pour les cabinets, environ 50/50% pour les soins aux aînés.
Avec la nouvelle loi EFAS, ces pourcentages seraient de 26,9% pour les cantons et 73,1% pour les primes. Cette modification de la LAMal va donc réduire de plus de la moitié la part des cantons dans 2 des 3 domaines. Qui va payer la différence? Les assurés et les patients. Une étude de Santésuisse s’inquiète d’une explosion des coûts pour les assurés (+5 milliards dès 2035, +10 dès 2040).
Plus c’est gros plus ça passe !
Malgré cela, les pro-EFAS (Economiesuisse, les lobbys des pharmas, des caisses, des cliniques privées, …) prétendent que leur loi fera baisser les primes. Ils ont l’habitude de ce type de prouesses argumentative. Cela fait des décennies qu’ils soutiennent avec aplomb que l’AVS est en faillite pour casser les retraites, alors que la fortune de l’AVS augmente. Le pire a été atteint avec AVS 21 – augmentation de l’âge de la retraite des femmes – lorsque les mêmes lobbys et le Conseil fédéral ont fait toute leur campagne en utilisant des chiffres faux.
Avec EFAS, ils ne se donnent même plus la peine de falsifier les chiffres. Ils utilisent deux subterfuges.
Plus tu pédales moins vite, moins tu avances plus vite
Les pro-EFAS ont développé une usine à gaz intellectuelle pour justifier ce tour de force. En résumé: si le pourcentage des cantons est le même pour les hôpitaux et les cabinets, les patients n’iront plus se faire soigner à l’hôpital mais en cabinet. Et comme les interventions en cabinet coûtent moins cher, il en résulterait des économies sur les primes.
EFAS n’oblige pas les patients à se faire soigner en cabinet lorsque cela est possible. Elle prévoit uniquement de faire payer aux cantons le même pourcentage (26,9%) pour les hôpitaux, les cabinets, les EMS et les soins à domicile.
Pourquoi un patient se fait soigner à l’hôpital ou en cabinet? Qui décide et sur quel critère ? C’est le médecin selon l’opération et de l’état de santé du patient. Il peut aussi être influencé par le montant qu’il peut facturer pour son travail. Cela dépend du Tarmed – EFAS ne le modifie pas – jamais du pourcentage payé par le canton. Pour le médecin, que le canton paie 26,9%, 55% ou 0% de sa facture, cela ne change rien.
Donc EFAS ne sert à rien pour favoriser le transfert des hôpitaux vers les cabinets. En revanche, EFAS va entraîner un gigantesque transfert de financement des cantons vers les assurés et les patients.
Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite
Les pro-EFAS appliquent ce précepte avec rigueur et cynisme. Ils font comme s’il ne s’agissait que d’hôpitaux et de cabinets. Ils oublient fort opportunément les soins aux aînés. Or, ce domaine est celui qui est le plus appelé à croître, avec l’allongement de l’espérance de vie.
Pour ce domaine, la participation des cantons est de 50%. Avec EFAS, elle chuterait à 26,9%. Le reste devra être payé via les primes et directement par les patients. EFAS supprime aussi un article de la LAMal qui plafonne la participation directe aux soins des aînés et de leurs familles.
Alors à quoi sert EFAS?
Pour les cantons: à se débarrasser de l’obligation de prendre en charge les soins aux aînés, domaine dont le besoin de financement augmentera le plus fortement. Selon le principe des vases communicants, si le canton paie moins, l’assuré et le patient doivent payer plus ou renoncer aux soins.
Pour les caisses: imposer en Suisse le modèle californien, tant vanté par le patron de Swiss Medical Netwok (ex. Genolier), l’un des principaux groupes de cliniques privées coté à la bourse. Pour saisir les enjeux: ce système a causé une grève de médecins (fait encore plus rare aux USA qu’en Suisse), parce que leurs patients gravement atteints n’avaient plus accès aux soins.
Précisons que celles et ceux qui peuvent payer encore plus cher que l’assurance de base seront peut-être moins impactés. Parce qu’en plus de gérer l’assurance de base, les caisses-maladies vendent de très lucratives complémentaires.
Avec EFAS, le pire reste donc à venir.
Cette bombe à retardement peut encore être désamorcée par un NON dans les urnes le 24 novembre.