Tout passe, tout lasse, sauf la classe. Mathilde Mottet fait à nouveau un doigt d’honneur, ce mardi 2 avril. Pas devant le drapeau suisse comme à l’occasion du 1ᵉʳ Août. Mais, cette fois, à destination de son chef de groupe au législatif de Monthey (VS), qu’elle accuse de mobbing, en direct sur Twitch, avant de rétropédaler et de s’excuser sur nos plateformes.
Ce geste grossier et impulsif devient une habitude chez celle qui a été élue à la coprésidence des femmes socialistes suisses le 10 février. Un excès détestable, qui commence à fatiguer, qui déchire en profondeur. Et qui peut donc blesser.
C’est tout le contraire de ce que préconiserait le guide de la personnalité politique à succès, si cet ouvrage existait. La Valaisanne de 28 ans, aux idées tranchées et tranchantes, le sait pertinemment. Mais n’en a visiblement cure.
Du même bois que Wermuth
Dommage! Pour elle, en premier lieu. Car ses outrances enfantines pourraient bien finir par lui brûler les ailes en pleine ascension. Mais aussi pour son parti, qui a rudement besoin d’une Mathilde Mottet et de sa tête bien faite. Aussi ingérable soit-elle.
Sa fougue et son verbe teintés du rouge marxiste rappellent les saillies d’un jeune Cédric Wermuth. Avant d’être le conseiller national et coprésident du PS Suisse respectable — et un peu amidonné — que la population connaît aujourd’hui, l’Argovien était un chien fou aux points de vue radicaux. Un véritable idéologue parfaitement affuté, un capitaine capable de maintenir la barre à gauche toute, dans une société toujours plus à droite.
Mathilde Mottet est faite du même bois. Personne ne peut le nier. Cette fille d’universitaires a de toute évidence les classes populaires chevillées au corps. Sa force indéniable? Elle ne se contente pas de défendre la vision idéalisée, voire romantique, de l’ouvrier blanc dans la force de l’âge. La bientôt trentenaire embrasse la cause de toutes les minorités. Pas pour suivre aveuglément des principes bien-pensants à la mode. Mais dans un souci sincère, viscéral, d’égalité et de justice sociale.
Figure de proue ou noyade
«L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage», disait le militant brésilien Chico Mendes. Le PS sans lutte des classes, c’est une gauche molle, informe, et tiédasse qui tourne le dos à celles et ceux qu’elle prétend défendre. La Montheysanne établie à Berne a raison: il faut rappeler à cette famille politique d’où elle vient et lui montrer le cap à suivre.
Mais Mathilde Mottet devrait cesser d’indiquer la voie avec son majeur! Deux destins se dessinent pour elle: devenir une figure de proue du socialisme en Suisse ou se noyer dans des polémiques de fond de cale. Le prochain doigt d’honneur sera certainement celui de trop.