La nouvelle aurait pu passer inaperçue. C’était sans compter l’œil aiguisé de votre serviteur. Depuis le 1er juillet et jusqu’au 8 septembre est autorisé, «à titre expérimental», le transport de contrebasse dans les TGV. Et le syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles et diffuseurs indépendants de musique de s’en féliciter: «Cela permettra enfin aux musiciennes et musiciens de se déplacer sereinement et de continuer à exercer leur métier sans entraves financières, alors que la saison des festivals bat son plein.»
On pourrait croire à une saillie du Gorafi, il n’en est rien, la très protocolaire SNCF interdisant le transport de bagages dépassant la taille d’1m30. Et gare aux musiciens qui étaient tentés de braver le règlement: leur courage était récompensé d’une amende allant jusqu’à 150 Euros.
En 2021 déjà, une tribune réunissant une centaine de musiciens paraissait dans Le Monde, et contresignée par quelque 50'000 personnes, tirait à boulet rouge sur ce qui était présenté comme une situation «ubuesque et kafkaïenne». Car, voyez-vous, l’interdiction en question ne visait pas les skis et autres planches à neige dont il est permis de croire que certains dépassaient largement le gabarit fixé.
Phase de test
Mais, me direz-vous, au pays des Lumières, sans doute que le personnel ferroviaire faisait la part des choses et fermait les yeux sur les instruments en présence. Que nenni! les témoignages de contrebassistes priés de descendre du train se sont multipliés.
Suite à la mobilisation, les contrebasses sont donc autorisées au transport dans les trains à grande vitesse, à tout le moins pendant cette phase de test.
Mais ne croyez pas que Kafka a été laissé sur le quai: la SNCF précise que cette exception ne concerne que les contrebasses. Adieu donc, violes de gambes, harpes et autres instruments hors gabarits. À nous de vous faire préférer le train, qu’ils disaient.