Par Mathilde Mottet, co-présidente des Femmes socialistes suisses
Ce que la gauche est belle quand elle gagne!

Pour sa nouvelle chronique, Mathilde Mottet, co-présidente des Femmes socialistes suisses, nous partage sa joie de voir la gauche française sortir vainqueur des législatives et l'espoir que cela lui inspire pour la suisse.
Publié: 09.07.2024 à 12:59 heures
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Dernière mise à jour: 09.07.2024 à 15:10 heures
Mathilde Mottet était présente à Paris lors du second tour des législatives françaises.
Photo: Mathilde Mottet
Mathilde Mottet, coprésidente des femmes socialistes suisses

Je me souviendrai toute ma vie de ce dimanche sur la place de la République. Il est 22h, des dizaines de milliers de personnes dansent leur soulagement et chantent leur fierté d’avoir réussi à mobiliser la France contre le Front national et pour un programme de rupture. Au pied de la statue, une personne agite un immense drapeau rouge qui fend la nuit. Dans le ciel, des feux d’artifices éclatent. Ce qu’elle est belle, la gauche.

Gagner, cela ne nous arrive pas souvent. Dans les 50 dernières années, ce sont plutôt les Thatcher, les Macron et les Nantermod qui ont gagné la guerre culturelle: le néolibéralisme a envahi nos réalités mais aussi nos esprits. Tout projet de société qui le remet en question est taxé d’extrême, irréaliste et dangereux. Si le programme du Nouveau Front populaire est plus proche du keynésianisme que de la révolution, il a le mérite d’être applicable dès cette semaine pour améliorer rapidement les conditions de vie de millions de Français·es. Demain, j’ai confiance que la gauche leur rendra également le contrôle de l’économie.

Un espoir pour la gauche suisse

Ces feux d’artifices, ils étaient aussi pour la mobilisation de ces dernières semaines. La France antiraciste, féministe et anticapitaliste s’est levée, elle a milité, tracté, débattu, elle a pris position, investi la rue et les réseaux sociaux, elle a été créative et drôle. Malgré l’impossible planification de cette campagne, malgré l’acharnement médiatique contre Mélenchon et la France Insoumise dans les médias contrôlés par le milliardaire Bolloré, malgré la diabolisation malhonnête de la gauche, cette France a gagné.

Cette victoire me donne des espoirs fous pour l’avenir de la gauche suisse. Dimanche, c’est une gauche unie derrière un programme commun qui a gagné. Ce sont des militant·es antifascistes, des ex-députés clairement anticapitalistes, des politicien-nes qui ne cessent de parler de la Palestine qui ont été élu-es. A l’Assemblée nationale, il y a aussi une gauche radicale qui ne cherche pas à raboter son discours pour se faire élire à tout prix. Bernie Sanders l’a dit: quand la gauche s’engage pour les travailleureuses, alors les travailleureuses s’engagent pour vous.

La lutte continue

Sur la place de la République dimanche soir, on a vu la preuve que la convergence des luttes, c’est ce qui nous sauvera du fascisme. Face à un projet de société hiérarchisant les gens en fonction de leur couleur de peau, de leur genre et de leur parcours migratoire, face à la volonté d’abolir la protection constitutionnelle des droits humains et face au mépris des gens qui travaillent pour faire tenir cette société debout, la foule a chanté «Siamo tutte antifasciste», «Palestine vivra, Palestine vaincra» et «Première, deuxième, troisième génération: on s’en fout, on est chez nous».

Mais la lutte continue, car l’extrême droite n’a pas totalement été vaincue. Elle a doublé son nombre de sièges à l’Assemblée nationale, elle a légitimé l’augmentation de propos et d’actes racistes en France mais aussi partout en Europe. Les idées d’extrême droite se déplacent au-delà des frontières presque aussi rapidement que les capitaux des plus riches. Tout comme notre solidarité est internationale, notre résistance n’est pas morale: elle est matérielle. Il ne s’agit pas de défendre le Bien ou le Mal, mais le droit de toute personne à une vie heureuse, libre de discrimination et de pauvreté. Et je suis persuadée que seule une gauche forte et radicale pourra le réaliser.

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