«On sait maintenant que notre conseiller d’Etat en charge de la Santé à Genève n’est pas vacciné.» Ce dimanche après-midi, la pilule est dure à avaler pour Chloé Frammery, égérie des complotistes romands. Alors qu’un Oui net à la loi Covid se dessine, la Genevoise tient un discours enflammé et truffé de fausses informations à Lausanne, plus précisément à la place de la Riponne.
Au moment où l’enseignante suspendue s’exprime, les résultats définitifs des votations ne sont pas encore tombés. «Ce n’est pas possible que le score soit inférieur au score du 13 juin, ça n’est mathématiquement pas possible», tonne-t-elle, visiblement très sûre d’elle.
Mais la prof de maths se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude et vocifère une première contre-vérité. La population a finalement approuvé les modifications de la loi Covid-19 par 62,0% des voix. Le résultat est supérieur à celui obtenu lors de la première votation de juin dernier, acceptée par 60,2% des Suisses et Suissesses.
Son assertion concernant le statut vaccinal de Mauro Poggia est tout aussi fausse. Le conseiller d’Etat, qui multiplie les déclarations choc concernant la responsabilité des personnes non vaccinées, l’a prouvé à Blick, peu avant 18h.
Le ministre nous a envoyé une photo de son certificat international de vaccination ainsi que son certificat Covid, dont nous avons scanné le QR code. Les informations sur les différents supports sont identiques: le conseiller d’Etat a reçu sa deuxième dose le 9 juin dernier. Alors, sur quoi s’appuie Chloé Frammery pour prétendre le contraire?
Une vraie fausse fuite
La réponse vient de Mauro Poggia lui-même. Ce qui semblait n'être qu’une vulgaire fake news prend de la consistance. «Ces derniers jours, j’ai reçu des vagues de messages me demandant de prouver que j’étais vacciné, confie-t-il. J’ai donc compris qu’il se passait quelque chose.»
L’élu du Mouvement citoyens genevois mène l’enquête et finit par tomber sur un site complotiste — nous ne le mettrons pas en avant ici. Ce dernier divulgue ce qui semble être une partie du résultat d’un test Covid frappé du nom du Genevois. À la ligne intitulée «Vaccination», il est écrit: «Aucune».
«Je ne sais pas pourquoi c’est ce qui est indiqué alors que c’est une information erronée, lâche le ministre. D’autant plus que ce document est un vrai. J’ai dû faire ce test cet automne avant de prendre un avion. Selon le pays, c’est parfois obligatoire malgré une vaccination complète.»
Mauro Poggia fulmine. «Le fait que ces données soient publiées est une violation du secret médical, s’étrangle-t-il. Un des employés du laboratoire en question devra s’expliquer car je compte bien tirer cette affaire au clair.» Une procédure — peut-être en justice — qui ne paraîtrait de loin pas excessive.