C'est officiel: le conseiller fédéral UDC Albert Rösti, fraîchement élu, sera le nouveau ministre de l’Environnement et de l’Energie. La nouvelle conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider reprend le Département de la justice (DFJP) tandis que l’actuelle ministre de la Justice, Karin Keller-Sutter, est désormais à la tête du Département des finances (DFF). Les autres conseillers fédéraux ne changent pas de dicastère.
La répartition des départements a été une affaire relativement rapide. Selon les dires du président de la Confédération, Ignazio Cassis, lors d'une conférence de presse jeudi après midi, «deux heures de discussions intenses» ont suffi à mettre les sept conseillers fédéraux d'accord.
L'indignation des Vert-e-s
La nomination d'Albert Rösti comme successeur de Simonetta Sommaruga à la tête du Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) ne suscite pas l'enthousiasme de tous les parlementaires – bien au contraire. A commencer par les Vert-e-s. Le parti écologiste écrit dans un communiqué de presse qu'avec le Bernois au DETEC, leurs «pires craintes» sont devenues réalité. Objet du mail en question: «Le baron du pétrole reprend le département de l’environnement.»
Le conseiller national des Vert-e-s Michael Töngi s’insurge sur Twitter: le fait que deux départements hautement stratégiques – le DETEC (avec Albert Rösti) et le DFF (avec Karin Keller-Sutter) – soient aux mains de la droite, montre une fois de plus que la composition du Conseil fédéral n'est pas équilibrée, selon lui.
Partisan des centrales nucléaires, lobbyiste de l'automobile et ancien président de Swissoil – faîtière suisse des négociants de pétrole – Albert Rösti n'a jamais caché son désir de devenir le nouveau ministre de l'Environnement et de l'Energie. Son souhait a été exaucé.
Une «honte» et un «crime»
Le conseiller national vaudois Raphaël Mahaim qualifie cette élection de «cauchemar», et redoute ses conséquences pour la lutte contre le dérèglement climatique. «Nous ne somme pas sortis de l'auberge...», déplore-t-il.
Même son de cloche chez sa collègue de parti Valentine Python qui considère que les conséquences de cette nomination «seront graves pour le climat».
L’effarement du mouvement «Grève du climat en Suisse» n’est pas non plus surprenant. Le fait qu'Albert Rösti soit désormais à la tête du DETEC est une «honte» («Eine Schande») et un «crime» («Ein Verbrechen»), écrit le collectif sur Twitter.
Enfin, pour rappel, le conseiller municipal zurichois des Vert-e-s Dominik Waser avait déjà écrit la semaine dernière sur Twitter qu'Albert Rösti «devrait être jugé au lieu d’être élu au Conseil fédéral».
Le PLR et l’UDC sont satisfaits
Alors que les Vert-e-s sont en ébullition, la joie est grande du côté de l’UDC et du PLR. Dans un communiqué de presse, l’UDC écrit que la nomination du nouveau conseiller fédéral bernois au DETEC met enfin un terme à «l’aveuglement en matière de politique énergétique, marqué par une idéologie gauche-verte totalement irresponsable».
Le PLR écrit qu’il s’agit d’une «répartition prometteuse des départements» et souhaite à sa conseillère fédérale Karin Keller-Sutter beaucoup de succès au DFF. Les libéraux-radicaux écrivent en outre qu’ils saluent le maintien d’Ignazio Cassis au Département des affaires étrangères (DFAE).
Matthias Müller, le président des jeunes libéraux-radicaux suisses, est lui aussi satisfait de la tournure des événements. Il écrit sur Twitter que deux «départements importants» sont en mains bourgeoises, tandis que le conseiller national PLR valaisan Philippe Nantermod parle d'une répartition des départements «judicieuse».
Craintes du PS
A l'inverse, dans un communiqué de presse le PS s'inquiète de cette domination bourgeoise à la tête du DETEC et du DFF. Le parti craint que les progrès réalisés en matière de protection du climat, de sécurité de l’approvisionnement et de service public ne soient supprimés.
Le PS écrit en outre qu’il est convaincu que sa nouvelle conseillère fédérale, Elisabeth Baume-Schneider, est «remarquablement qualifiée» pour s’attaquer aux défis du Département fédéral de justice et police (DFJP). Tandis qu'Alain Berset poursuivra au Département fédéral de l'intérieur (DFI) son «combat pour un pouvoir d’achat fort».
(Adaptation par Quentin Durig)