Il n'y a pas eu de vote, c'était «une discussion collégiale» qui a duré deux heures: ainsi a expliqué le président de la Confédération Ignazio Cassis la nouvelle répartition des départements au Conseil fédéral, annoncée ce jeudi.
Elle ne concerne finalement que trois membres du gouvernement. En plus de l'arrivée des deux nouveaux Albert Rösti et Elisabeth Baume-Schneider, qui reçoivent respectivement le département de l'Environnement (DETEC) et de Justice et police (DJFP), seule Karin Keller-Sutter devra déménager son bureau.
Sur le Conseil fédéral
C'est Noël avant l'heure pour la Saint-Galloise, qui reçoit le département des Finances qu'elle convoitait ouvertement. «KKS» a tout de même relevé qu'elle avait eu beaucoup de plaisir au DJFP, qu'elle laisse entre les mains de l'autre conseillère fédérale à acronyme, la Jurassienne «EBS».
La succession d'Ueli Maurer au DFF ne sera pas de tout repos, a souligné Karin Keller-Sutter: il faudra «des décisions rapides» et prendre en mains de gros dossiers comme la mise en oeuvre de l'imposition minimale de 15% des entreprises, dans le respect de l'OCDE.
«EBS» et Rösti pas présents
Quid d'Elisabeth Baume-Schneider et d'Albert Rösti? Les deux élus de mercredi n'étaient pas présents en conférence de presse. Ils ont délégué l'annonce à Ignazio Cassis «par respect pour les deux ministres démissionnaires encore en poste jusqu'au 31 décembre». Les journalistes présents n'ont donc pas pu interroger le Bernois sur son ancien mandat de lobbyiste en chef de Swiss Oil, que certains jugent peu compatible avec son nouveau mandat de chef du département de l'Environnement.
Ignazio Cassis, pour sa part, reste aux Affaires étrangères, alors qu'une rocade éventuelle avec Alain Berset, au Département fédéral de l'Intérieur (DFI) était évoquée. Lui, l'ancien médecin cantonal, n'avait-il pas envie d'être ministre de la Santé? «Le Conseil fédéral est arrivé à la conclusion qu'il y avait besoin de stabilité. Nous voulions prendre une décision dans l'intérêt du pays, et nous y sommes parvenus.»
Un changement en pleine crise des réfugiés
Le Tessinois reste en poste, tout comme Viola Amherd à la Défense. La Valaisanne a écrit directement ses états d'âme sur Twitter: «Le DDPS représente non seulement un département très important, mais aussi surtout, très innovant», a commenté l'élue du Centre, au gouvernement depuis 2018.
«Dans l'intérêt du pays»: est-ce que cela justifie la décision d'envoyer la «petite nouvelle» Elisabeth Baume-Schneider au DFJP, un département qui doit gérer une crise des réfugiés? «Il y a toujours des hauts et des bas en ce qui concerne la migration. Politiquement, tout est en place. S'il venait à y avoir une nouvelle vague de réfugiés, il n'y aurait qu'à appliquer les dispositifs», a répondu la PLR saint-galloise.
Karin Keller-Sutter a aussi été interrogée sur le cap qu'elle allait donner au département des Finances. Ueli Maurer a souvent été décrit comme un Picsou assis sur son tas d'or. «Alors moi aussi, je serai décrite ainsi», a assuré la libérale-radicale. Être économe est la tâche d'un(e) ministre des Finances, a assuré «KKS», visiblement ravie de ce transfert. Ce qui la captive dans cette fonction? Les nombreux contacts internationaux et avec les cantons, et la proximité avec l'économie. «Que des thèmes captivants», selon elle.
«L'UDC peut montrer ce qu'elle sait faire»
Il a donc fallu attendre les questions des journalistes pour que le cas «Rösti à l'environnement» soit évoqué. Est-ce également propice à la stabilité du pays que quelqu'un qui a critiqué ouvertement la politique environnementale du Conseil fédéral se retrouve soudain... à gérer la politique environnementale du Conseil fédéral? «Nous sommes un collège, a rappelé Ignazio Cassis. Personne au sein de cet Exécutif ne prend des décisions tout seul.»
Des questions piquantes ont demandé au président de la Confédération pourquoi le Conseil fédéral n'avait pas voulu attribuer le DJFP à Albert Rösti, afin de laisser l'UDC, d'ordinaire très critique, démontrer ce qu'il était possible de faire en matière de migration. «Avec le DETEC, il reçoit un département qui est aussi souvent dans le viseur de l'UDC. Là aussi, le parti va pouvoir prouver ce qu'il peut réussir à faire.»