Bientôt un ou une représentante des Vert-e-s au Conseil fédéral? Selon les informations de Blick, le parti compte effectivement s’attaquer avec ses propres candidatures au siège laissé vacant par le ministre des Finances UDC, Ueli Maurer.
La décision finale devrait tomber mardi prochain, voire être reportée: il y aurait encore quelques sceptiques. Mais pour l’instant, la majorité du groupe parlementaire se prononce en faveur d’une candidature – peu importe que le favori de l’UDC, Albert Rösti, considéré comme conciliant, se présente. «Il est certes plus ouvert, mais il défend avant tout les valeurs de l’UDC», explique un membre du parti écologiste.
«Nous n’en pouvons plus d’attendre!»
D’un point de vue purement mathématique, en suivant la fameuse «formule magique», les Vert-e-s ont effectivement droit à un siège au Conseil fédéral depuis leur victoire écrasante lors des élections de 2019. Mais jusqu’à présent, les partis représentés n’ont montré aucune envie de céder leur pouvoir. Au sein du groupe parlementaire des écologistes, des protestations s’élèvent: «Nous n’en pouvons plus d’attendre!» ou encore «L’UDC n’a pas respecté notre revendication, pourquoi devrions-nous faire l’inverse?»
Autre argument: si les Vert-e-s ne se présentent pas maintenant, cela susciterait l’incompréhension. «Nous saperions nos propres revendications», soufflent les élus. Le puissant groupe romand, en particulier, n’a guère de scrupules à attaquer l’UDC: «Le moment idéal n’existe de toute façon pas.» Même son de cloche au sein de la base du parti.
Une question de principe
Le problème? Une candidature verte n’a pas l’ombre d’une chance face au ticket officiel de l’UDC. Même le PS ne conteste pas le fait que le parti le plus important du pays, et de loin, dispose de deux places au Conseil fédéral, toujours selon la «formule magique». Les Vert-e-s le savent aussi.
Nombreux sont ceux qui veulent s’accrocher à cette utopie par principe, comme une revendication de ce qui, selon leur parti, leur est dû. Reste à savoir qui doit s’engager dans cette entreprise désespérée. S’ils ne veulent pas se couvrir de ridicule, les Vert-e-s doivent présenter une personnalité à qui l’on pourrait faire confiance à ce poste.
Mais contrairement à sa prédécesseure Regula Rytz en décembre 2019, l'actuel président du parti, Balthasar Glättli, ne serait pas disponible. Il l’a déjà déclaré à plusieurs reprises. Le conseiller aux Etats glaronais Mathias Zopfi, considéré secrètement comme favori, a lui aussi décliné l’offre.
Une seule candidature valable?
Dans tous les cas, il n’est pas prévu qu’un membre du groupe parlementaire fédéral soit «grillé» pour l’occasion. Le candidat ou la candidate devrait également avoir de l’expérience dans un exécutif. C’est pourquoi des conseillers d’Etat sont envisagés. Mais ils ne sont pas nombreux: il n’y en a que neuf en Suisse, dont cinq Romands, qui ne peuvent actuellement pas briguer un siège au Conseil fédéral.
La conseillère d’Etat bernoise Christine Häsler et son collègue zurichois Martin Neukom sont tous deux en poste depuis peu. La Soleuroise Brigit Wyss a déjà échoué en 2010 lors d’une élection au Conseil fédéral. Il ne reste plus que le directeur des travaux publics de Bâle-Campagne, Isaac Reber. Il ne nie pas avoir eu des contacts avec la commission de sélection de son parti. Au sein du groupe parlementaire, il est considéré comme une «candidature valable». Mais les Vert-e-s ne veulent pas encore se dévoiler.
Dans ces conditions, un succès des Vert-e-s est peu probable: 82 voix, soit près d’un tiers de tous les conseillers nationaux et aux Etats, ne seront pas suffisantes. Mais le parti profitera d’insister à nouveau sur son droit à un siège au Conseil fédéral en vue des élections de l’année prochaine.