Les spéculations allaient bon train, mais le moment est venu. Le conseiller fédéral Ueli Maurer a surpris tout le monde en annonçant sa démission vendredi midi. Il quittera le Conseil fédéral à la fin de l’année. La question est désormais de savoir qui prendra sa place.
Magdalena Martullo-Blocher
Depuis son élection au Conseil national en 2015, Magdalena Martullo-Blocher est pressentie comme future conseillère fédérale. Rien qu’en raison de son nom, la fille de Christoph Blocher est l’une des têtes les plus en vue du parti et occupe une position particulière. Que la patronne d’Ems-Chemie, dont le chiffre d'affaires s'élève à plus de 2 milliards de francs, puisse diriger ne fait aucun doute.
Mais cette mère de deux enfants en âge scolaire et très impliquée dans la gestion de son entreprise trouvera-t-elle le temps de siéger au Conseil fédéral pour gérer un département?
Toni Brunner
Toni Brunner n’a jamais aimé décrocher son téléphone - même en tant que président de parti. Et depuis que l’ancien chef de l’UDC a quitté la Berne fédérale, il répond encore plus rarement.
Il n’a pourtant jamais complètement quitté la politique. En coulisses, le fils adoptif de Christoph Blocher a continué à s’engager pour le parti – et ces derniers temps, il s’est à nouveau imposé ici et là dans les médias. Ce faisant, certaines rumeurs ont commencé à se diffuser: Toni Brunner souhaite retourner sous la coupole fédérale. Pas en tant que conseiller national ou député du Conseil des Etats, mais comme conseiller fédéral.
De nombreux anciens présidents de partis de l'autre côté de l'échiquier politique attestent de sa fiabilité. Si Toni Brunner, apprécié de tous, et Thomas Aeschi, peu apprécié par beaucoup, venaient à être en compétition pour le dernier siège du gouvernement, il ne fait pas de doute que le premier aurait les meilleures cartes en main.
Albert Rösti
Après Adolf Ogi, il deviendrait le deuxième conseiller fédéral originaire de Kandersteg (BE). Et s’il souhaite ce poste, il a de bonnes chances d'y accéder.
Tout comme Adolf Ogi en son temps, Albert Rösti est un homme politique «compétent». Il est aimable dans ses relations, tout en suivant clairement la ligne du parti. Au cours de son mandat de trois ans et demi à la tête de l'UDC, il a su lui donner un visage amical. Mais sa défaite lors des élections de renouvellement du Conseil fédéral en 2019 a constitué un revers cuisant, à la suite duquel Albert Rösti a démissionné de la direction du parti.
Aujourd’hui, le Bernois de l’Oberland – qui donnait l’impression d’être usé à la fin de son mandat présidentiel – semble nettement plus détendu. Il se concentre sur son travail de conseiller national et de président de différentes associations (comme par exemple Swissoil ou l'Association suisse pour l’économie de l’eau). Il a eu suffisamment de temps pour faire le plein d’énergie. Et il n'a jamais caché son ambition de devenir conseiller fédéral.
Franz Grüter
Franz Grüter a plusieurs cordes à son arc: le conseiller national lucernois n’est pas un polémiste, mais aime néanmoins «chahuter». Depuis deux ans, en tant que vice-président du parti, il couvre les arrières du président Marco Chiesa en assurant, en tant que chef d'état-major, le contact avec les sections cantonales
Son plus grand obstacle pourrait-être nul autre que...lui-même! Depuis son élection au Conseil national en 2015, l'entrepreneur informatique à succès souligne souvent et volontiers qu’il n’a pas d’ambitions au Conseil fédéral. L’année dernière, il a déclaré dans une interview qu’il réfléchissait plutôt à une vie après la politique – et qu’il n’avait surtout pas envie de renoncer à ses mandats économiques et d’administrateur.
Reste à savoir si ce manque d’envie résistera à la tentation d’un siège au Conseil fédéral.
Thomas Aeschi
Thomas Aeschi aime distribuer les cartes. Mais le dynamique chef de groupe s’attaque souvent à ses tâches avec trop de vigueur. Il aborde parfois des thèmes qui ne sont pas nécessaires. Il lui arrive aussi de bousculer certains parlementaires sans raisons. Cela le rend impopulaire au Parlement, et pas seulement auprès de la gauche.
Le chef du Centre, Gerhard Pfister, originaire du canton de Zoug comme Thomas Aeschi, n’est pas non plus très copian avec lui.
En 2015 déjà, Thomas Aeschi n'avait pas été choisi lors des élections du Conseil fédéral - le Parlement lui ayant préféré Guy Parmelin. Et aujourd’hui, ses chances n’ont pas augmenté.
Les personnes qui figurent sur le ticket officiel de deux ou trois candidats aux côtés de Thomas Aeschi, considéré comme inéligible par beaucoup en dehors de l’UDC, ont donc de bonnes chances d’être élues au gouvernement par l’Assemblée fédérale.
Esther Friedli
Tous les conseillers fédéraux UDC qui se sont succédé jusqu’à présent ont un point commun: ce sont tous, sans exception, des hommes. Il serait donc grand temps de placer au moins une femme sur le ticket électoral.
Esther Friedli est un nom qui revient souvent dans les discussions. Politologue de formation, elle gère désormais avec son compagnon Toni Brunner un restaurant dans la région de Toggenburg (SG) et siège depuis l’année dernière au comité directeur de Gastrosuisse. Toutefois, Esther Friedli n’a été élue qu’en 2019 et n’a donc pas encore une législature complète à son actif.
Gregor Rutz
Le Zurichois connaît parfaitement la maison. Pendant huit ans, il a été secrétaire général de l’UDC Suisse. Avec Ueli Maurer, il a dirigé le destin du parti au début des années 2000 – et ce, avec beaucoup de succès. Ce juriste de formation siège depuis une dizaine d’années au Conseil national. Il s’y est fait un nom en tant que parlementaire intelligent et fidèle à la ligne.