Voilà une nouvelle à laquelle peu de monde s'attendait: Ueli Maurer démissionne du Conseil fédéral. Le Zurichois vient de l'annoncer ce vendredi à 12h15. «J'ai informé mon parti, mes collègues de l'exécutif et la présidente du Conseil National que je présentais ma démission du Conseil fédéral pour la fin de l'année», a expliqué le ministre des Finances.
Ueli Maurer avait été élu en décembre 2008. Il a été président de la Confédération en 2013 et 2019. «J'ai pris cette décision durant l'été. J'ai passé 40 ans dans la politique active et presque 15 ans au Conseil fédéral. Ce n'est pas un événement précis qui m'a conduit à prendre cette décision, a-t-il justifié. J'ai encore beaucoup d'énergie pour faire autre chose, et j'ai envie de faire autre chose.»
«Redevenir Ueli»
Il s'agit d'une décision surprenante dans la mesure où l'élu UDC — parti qu'il avait présidé — avait assuré qu'il resterait jusqu'à la fin de la législature. Devant la presse, Ueli Maurer a saisi l'opportunité de rappeler ses réalisations en tant que ministre. Il a par exemple réussi à obtenir davantage d'argent pour l'armée ou pour le sport. «Je suis fier», a-t-il déclaré.
Le Zurichois a rendu hommage au collège gouvernemental mais a aussi avoué qu'il se réjouissait d'être «de nouveau Ueli». «C'est aussi un certain soulagement de laisser tout cela derrière moi». Mais le budget 2023 est sous toit, a-t-il tout de même tenu à rappeler. «J'ai beaucoup de travail ces prochaines semaines, donc je ne donnerai pas d'interviews», a-t-il prévenu en guise de conclusion.
Une journaliste lui a ensuite demandé pourquoi il avait changé d'avis sur son départ, qu'il a toujours souhaité à la fin d'une législature. «Il n'y a pas vraiment de raison, je ne peux pas vraiment dire pourquoi. J'ai juste envie de faire autre chose», a rétorqué Ueli Maurer.
Pas une stratégie de l'UDC
Le Zurichois a par ailleurs confié que sa famille «savait depuis 18 mois». Va-t-il continuer à faire partie de la vie publique? «Je peux imaginer que je donne mon avis à quelques occasions, mais je ne ferai plus partie de la politique active. Ça ne servira rien de me téléphoner tous les jours», a-t-il rigolé. En revanche, il continue de travailler.
Y a-t-il là derrière une stratégie de l'UDC, notamment pour conserver ses deux sièges gouvernementaux? «Pas du tout. L'UDC a de toute façon droit à deux sièges», a coupé le ministre des Finances sur le départ. Mon parti va désormais se mettre au travail en vue d'un plan à long terme.»
La défaite sur l'impôt anticipé dimanche dernier a-t-elle joué un rôle? «Non. Je ne me suis jamais énervé contre des revers dans les urnes, ou alors seulement contre moi-même.» Son meilleur souvenir en votation? «Le non à l'Espace économique européen, mais je n'étais alors pas encore conseiller fédéral», a répondu Ueli Maurer.
«La population est de plus en plus divisée»
La Suisse a d'ailleurs beaucoup changé depuis cette époque. «Pour aller de Zurich à Berne avec ma voiture, il me faut deux fois plus de temps pour arriver à destination qu'il y a quelques années», a expliqué le septuagénaire en réponse à un journaliste. Il est aussi plus difficile d'avoir un contact direct avec la population. «Il y a un fossé de plus en plus grand entre une élite bien formée et les gens qui ont du mal à finir le mois. Il faut y travailler», a-t-il poursuivi.
Il est important de valoriser l'apprentissage et de ne pas forcer les écoliers à aller au gymnase coûte que coûte, a ajouté le conseiller fédéral sur le départ, dans une référence claire à la stratégie «dual» qu'il a toujours promue, et expérimentée à titre personnel.
L'UDC n'est-elle pas responsable des divisions au sein de la population, a demandé une journaliste en réponse à Ueli Maurer? «Je ne pense pas qu'on puisse s'en prendre à un parti, c'est la réalité qui veut ça. Il y a des mentalités de plus en plus différentes, par exemple entre les villes et les campagnes.»